samedi 18 juillet 2009

Mario Nadalo Dupuis : Reinié CHAR (1907- 1988) - Le Marteau sans maître, 1934 - Commune présence


Reinié CHAR (1907-1988)

Tout de long de sa vido, Reinié Char amavo de viéure en ribo de la soucieta. Aquest pouèto d’elèi de Prouvènço nasquè lou 14 de jun de 1907 à l’Isle-sus-Sorgo. Istavo lou mai souvènt à Paris, mai en 1970 revèn à l’Isle-sus-Sorgo e planto caviho is « Busclats » mounte defuntara lou 18 de febrié de 1988.

Jouine, se ligo d’amista emé li « matinaux » meno de barrulaire vivènt au trin di jour e di sesoun. En 1928 publico si proumié pouèmo escrich entre 15 e 20 an, souto lou titre « Les cloches sus le cœur ». Un an après, à l’escasènço de la publicacioun d’uno rejouncho nouvello, se gandis à Paris, ounte rescountre Andriéu Breton, Louvis Aragon e s’afiho au mouvamen subre-realisto. Bravamen independènt, s’en alunchara en 1934, mai en gardant d’amista soulido emé si sòci, subretout emé Pau Eluard. Reinié Char sara peréu forço liga emé Enri Matisse, Gòrgi Braque, Aubert Camus, Picasso.

Fin de 1940, Reinié Char es souspeta pèr la pouliço de Vichy, intro dins la Resistènci i proumié mes de 1941 à Ceresto, mounte es de 1942 à 1944 lou capitàni Aleissandre, chèfe de seitour dins l’Armado secrèto. Sara respounsable pèr tout lou miejour-levant de la seicioun « Aterrage e largage pèr parro-toumbant ». Tout-de-long de l’óucupacioun, refuso de publica, mai escriéu proun. La vido rabastouso, sousterrenco, de maquis di Bàssis-Aup sara recatado dins li « Feuillets d'Hypnos » (1946).

Tre la debuto de 1945, tournamai publico de culido de pouësìo, forço regulieramen encò Gallimard, editour que leissara pus e que ié fara lis ounour de « La Pléiade », en 1983.

Après 1950, la vido de Char, tout proche d’Ivouno Zervos, devèn mai invesiblo tout en s’endrudissènt de rescountre maje : (Braque, Staël, Miró, Vieira da Silva), filousofe e pensaire (Beaufret, Heidegger, Bataille, Camus, Blanchot).

En 1965, proutesto em’encaracioun contro l’emplantamen di fusado à tèsto nucleàri sus lou plan d’Albioun : « A nos yeux, ce site vaut mieux que notre pain, car il ne peut être, lui, remplacé ».

Pouèto à-de-rèng vióulènt e tèndre, tant atenciouna is espàci celestin qu’au cant dóu cri-cri, Reinié Char fai passa lis èstre vers l’avenidou, emé pèr bagage l’espèr de l’inespera. Escudello e avalis lou presènt à l’entour de quàuquis elemen centrau : la naturo, l’istòri, la lengo. Escoubeto l’espàci intime e l’espàci de l’en-deforo, anóuncio l’engrunamen de liame de l’ome presounié de sis intoulerànci, sa pouësìo a pas jamai decessa d’afourti uno « contro-terrour », de s’óupausa à l’asservimen di rode pèr de fusado de mort.

La sentido de la mort reviéudo uno tendresso pèr saluda lou mounde dins si pus pichoutets avivaire : "Maintenant que nous sommes délivrés de l'espérance et que la veillée fraîchit... bergeronnette, bonne fête!"

Aquéu grand pouèto, emai qu’aguèsse jamai escri en longo nostro, pensavo en prouvençau, lengo que parlavo tras-que bèn e voulountié emé sis ami.



Mario Nadalo Dupuis, juillet 2009

0+0+0+0+0+0+0


René CHAR (1907- 1988)

René Char a toujours aimé vivre en marge de la société. Ce grand poète de Provence est né le 14 juin 1907 à l’Isle-sur-la-Sorgue. Il résidait le plus souvent à Paris, mais en 1970 revient à l’Ilsle-sur-la-Sorgue s’installer aux « Busclats ». C’est là qu’il décèdera le 18 février 1988.
Enfant, il se lie d'amitiés avec les "matinaux" sortes de vagabonds vivant au rythme des jours et des saisons. En 1928 il publie ses premiers poèmes écrits entre 15 et 20 ans sous le titre "Les cloches sur le cœur". Un an après à l’occasion de la publication d’un nouveau recueil, il se rend à Paris, où il rencontre André Breton, Louis Aragon et adhère au mouvement surréaliste. Très indépendant, il s’en éloignera en 1934, tout en conservant de franches amitiés avec ses membres, en particulier Paul Eluard. René Char sera aussi très lié avec Henri Matisse, Georges Braque, Albert Camus, Picasso.
Fin 1940, René Char est suspecté par la police de Vichy, il entre dans la Résistance au premiers mois de 1941 à Céreste, où il est de 1942 à 1944 le capitaine Alexandre, chef de secteur dans l'Armée secrète. Il sera responsable pour tout le sud-est de la section « Atterrissage et parachutage ». Pendant tout le temps de l’occupation, il refuse de publier, mais il écrit beaucoup. La vie âpre, souterraine, des maquis des Basses-Alpes sera consignée dans les Feuillets d'Hypnos (1946).

Dès le début de 1945, il recommence à publier des recueils de poésie, très régulièrement chez Gallimard, éditeur qu’il ne quittera plus et qui lui fera les honneurs de « La Pléiade », en 1983.
Après 1950, la vie de Char, dans la proximité d'Yvonne Zervos, se fait plus invisible tout en s'enrichissant de rencontres essentielles: (Braque, Staël, Miró, Vieira da Silva), philosophes et penseurs (Beaufret, Heidegger, Bataille, Camus, Blanchot).

En 1965, il proteste violemment contre l’implantation des fusées à tête nucléaire sur le plateau d’Albion : « A nos yeux, ce site vaut mieux que notre pain, car il ne peut être, lui, remplacé ».
Poète à la fois violent et tendre, aussi attentif aux espaces célestes qu'au chant du grillon, René Char fait passer les êtres vers l'avenir, avec pour bagage l'espoir de l'inespéré. Il éclaire et pulvérise le présent autour de quelques éléments centraux : la nature, l'histoire, la langue. Il détruit l'espace intime et l'espace extérieur, il annonce l'éclatement des liens de l'homme, prisonnier de ses intolérances, sa poésie n'a cessé d'affirmer une "contre-terreur", de s'opposer à l'asservissement des sites par des fusées de mort.

L’approche du sentiment de la mort réveille une tendresse pour saluer le monde dans ses plus minuscules éveilleurs :"Maintenant que nous sommes délivrés de l'espérance et que la veillée fraîchit... bergeronnette, bonne fête!"

Ce grand poète bien qu’il n’ait jamais écrit en lengo nostro, pensait en provençal, langue qu’il parlait très bien et de bon cœur avec ses amis.



0+0+0+0+0+0+0+0

Joan Mirò : peintre de l'espoir & ... de la résistance!


Le Marteau sans maître, 1934

Commune présence

Tu es pressé d'écrire,
Comme si tu étais en retard sur la vie.
S'il en est ainsi fais cortège à tes sources.
Hâte-toi.
Hâte-toi de transmettre
Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance.
Effectivement tu es en retard sur la vie,
La vie inexprimable,
La seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t'unir,
Celle qui t'est refusée chaque jour par les êtres et par les choses,
Dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés
Au bout de combats sans merci.
Hors d'elle, tout n'est qu'agonie soumise, fin grossière.
Si tu rencontres la mort durant ton labeur,
Reçois-là comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride,
En t'inclinant.
Si tu veux rire,
Offre ta soumission,
Jamais tes armes.
Tu as été créé pour des moments peu communs.
Modifie-toi, disparais sans regret
Au gré de la rigueur suave.
Quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit
Sans interruption,
Sans égarement.


Essaime la poussière
Nul ne décèlera votre union.


René Char



Aucun commentaire: