mercredi 28 avril 2010

Alan Broc : LOU VIROVENT - Ed Aigo Vivo




LOU VIROVENT


Les Editions Aigo Vivo sont mistraliennes (elles ne publient aucun texte « occitan ») et populaires : elles ne proposent que des livrets de présentation modeste mais de prix abordable (le prix maximum, qui avait été fixé à 7 Euro franco de port, vient d’être abaissé à 5 Euro : façon d’affirmer que la crise ne doit pas nous empêcher de produire et de diffuser nos cultures d’oc).

Ces éditions populaires veulent perpétuer une double tradition : chez nous, la littérature de colportage, qui jusqu’au XIXe siècle contribua très fortement à la diffusion de la culture au sens large ; et au Brésil, la Literatura de cordel (prononcez « courdèu » comme en provençal ; en cévenol, COURDEL signifie « fil » : au Brésil, les petites publications populaires se vendent exposées sur un fil, en plein air)

Mais la modicité des moyens n’empêche pas l’ambition ni la qualité, et les Aigo Vivo sont fières d’avoir publié de grands auteurs pour la première fois : c’est le cas des oeuvres provençales de Daudet, qui n’avaient jamais été réunies en volume, ou de l’ancêtre de la prose provençale moderne, un remarquable texte de Bouillon-Landais qui dormait depuis plus de 160 ans dans un numéro du Bouil-Abaisso, à Marseille...

Pour la littérature contemporaine, on ne présente plus la Majorale Peireto Bérengier, dont la prose provençale est toujours élégante et précise : elle a publié trois ouvrages à nos éditions (Une biographie de Jean-Henri Fabre ; une étude historique sur les Noëls provençaux ; un recueil de recettes de cuisine de Provence et des Cévennes)
Nous avons aussi publié le premier ouvrage du Pasteur Annie Bergèse, dont les remarquables poèmes provençaux sont accompagnés d’une double traduction : française et cévenole.
Pour la littérature cévenole elle-même, si ignorée de tous, nos efforts ont abouti à la toute récente publication des poèmes de Paul Deleuze, que tout éditeur de poésie serait fier de pouvoir présenter.
Dans le domaine de la prose, nous avons cherché à varier et à innover : après les proses, qu’on pourrait dire classiques, de Peireto Bérengier en provençal mistralien, voici que nous avons eu la chance de pouvoir publier le romancier Alain Broc dont LOU VIROVENT, n’en doutons pas, marquera d’une pierre blanche l’histoire de la littérature auvergnate.
La dernière prose littéraire d’Auvergne publiée en recueil remontait à... 1930 ; et encore s’agissait-il d’un texte en graphie occitane et en « langue » plus languedocienne qu’auvergnate : c’est dire qu’Alain Broc n’a guère eu de modèle sur lequel s’appuyer, et que son oeuvre ne ressemble à rien de ce qui avait pu être écrit jusqu’ici en Auvergne.
Quel est le secret de sa réussite ? Il tient en peu de mots : une langue parfaitement maîtrisée et que l’on sent authentique (et ça nous repose des farlabiques d’une littérature occitane qui se construit à coups de citations et d’emprunts au languedocien, voire au catalan) ; une trame romanesque simple mais efficace ; une écriture (graphie) mistralienne qui, tout en marquant nettement les particularités du parler cantalou de l’auteur, est d’une très grande facilité de lecture. Bref, Alain Broc possède toutes les qualités qui font un bon écrivain : le goût du style sans l’affectation, la netteté de la pensée et de l’expression, l’art de mener le lecteur d’un bout à l’autre de son récit sans l’ennuyer par des considérations oiseuses ou des pseudo-pensées philosophico-politiques à la sauce occitane.




Voici, en primeur pour les lecteurs de MARSYAS2, le début de ce beau texte :

Lou virovent indicabo lou Ploujau.

Guiral eimabo la pluèio. Troubabo que l’Auvernho èro pas jamai tant jinto coumo souto la pluèio, ammé si termes d’un verd encre, sabroundats, claufits d’aigo coumo d’espoungos. Per guel, aquelo aigo simboulisabo la richesso. Avio auzit soun paire qu’avio tirat un meissont numerot e qu’avio fach lou servìci en Tunisìo; avio auzit soun paire que li parlabo dei sicados d’alai. Amai avio agut de coulegos qu’aviou sirvit en Algerio; aquéssi d’aqui parlabou de « Oèds », de ribèiros que poudiou èsse grossos coumo la Marouno ou la quito Dourdounho, e que puèi despareissiou al cap de quaucos ouros sounque, en leissant pas que quaucos mèrcos d’umiditat al mié de la rouchaio. Aquéssi racountes de païs loundans, en lioc de lou faire pantaia coumo à tant d’àutri, l’aviou fach prendre counsciéncio de la richesso del Cantau maugrat sa paurièro aparento. Lou Cantalés èro un païs de vachos, e dounco de char e de lach, amai se la Salèr èro counegudo per èsse mai avariciouso que toutos lis autros enjos en tout acò.

Guiral avio n’auto razou d’eima la pluèio. Eimabo demoura soul. La pluèio fazio fugi lou mounde à la sousto di tieulats e guel demourabo soul en agacha lou cèu que li pissabo dissus coumo per li lava la caro e li defècis. Eimabo lei charraus que faziou de rivatèls alèro. Acò èro coumo se la naturo se lavèsso e lou cos e l’amo de toutos las pourcarios dis omes. Al souïlh i avio tout lou vilatge deforo à trabalha e à charra, ammé toutos lei groussanho e galejados nèicios que lis omes clantissou, glourious de sé en lioc de n’èsse vergounhous.... e que lei fennos se repetabou à souto-voutz en rifanhant coumo de piotos. Acò bessai lou machabo mai inquèro de veire lei fennos engourla lour feminitat en de talos baissesos.

De mounde de la familho e del vilatge lou tratabou de pretencious: « Es pas qu’un pacand coumo nousàutri, vai ! En qué te sirvis de faire l’abaiant ? »


Lou Virovent, rouman auvirnhat : un ouvrage de 48 pages : 5 Euro franco de port, à commander à

Aigo Vivo chez Yves Gourgaud
56 avenue du 8 mai
30520 Saint-Martin-de-Valgalgues

Règlement par chèque A L’ORDRE DE : Yves GOURGAUD

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lundi 26 avril 2010

Armando Carruba : NUN TI LASSU SARAUSA

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On finit bien le mois, après le Romain, le Piémontais, le bergamasque, le calabrais, le Franco-Provençal, voilà que continue notre promenade à travers les dialectes, parlers ou langues de l'actuel état italien.

Notre amie Angela Argentino, nous propose le poème suivant en dialecte sicilien de Syracuse... depuis son groupe sur Facebook. Pour montrer les différences de langages des langues de cette îles, nous publieront ultérieurement d'autres textes dans des parlers de cette îles au croisement de toutes les civilisations depuis plus de 30 siècles...

Avant de conclure ne pas oublier, les deux "manifestations" du premier mai : celle sur les Plantes, de notre Amie & rédactrice Michelle Craponne lien ici ; mais aussi l'Apéro de soutien aux murs des Souvenirs de la Prison Ste Anne d'Avignon à 11h30 !!!


Le mois Prochain, nous aurons 21 articles!!!

Place à la Poésie :



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Sarausa mia, scogghiu anticu
ca li me' sonni teni 'nta 'n casciolu,
nun diri a lu ventu ca, di nicu,
avissi pigghiatu 'u trenu a volu.

Pi jiri unni, poi, m''u sai diri?...
See More... See More
a travagghiari luntanu a' stranìa,
e cu lu cori sempri a suffriri
cuntannu peni, pinzannu a tia...

Megghiu pani duru a la me' casa
'nta 'sta citati ca mi vitti ...nicu;
megghiu vasuna di la me' carusa
ca stari sutta 'n celu nimicu.

E si 'n jiornu mi vinni 'stu pinzeru,
di partiri pi unni veni veni,
trascuranza nun fu, a diri 'u veru,
pirchì haju a tia 'nt''e me' vini.

Ti amu, duci, bedda Sarausa,
mi piaci lu to' celu, lu to' mari,
lu portu, Ortigia e ogni cosa,
pirchì si' rara, ca ti fai talìari.

Ma si distinu vo' ca n'hamu a jiri
purtannu lu ciauru di sta terra,
lu dìsiu è chiddu di turnari,
pirchì nun c'è città ca t'assumigghia.



Armando Carruba


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Siracusa mia ,antico scoglio,
tu che nascosti tieni i miei sogni in un cassetto ,
non dire al vento che ragazzo,
volevo scappare con un treno...

Per andare dove,poi? mi sai dire?
A lavorar lontano ,in terra strana ,
con il cuore sempre a soffrire,
contando pene, pensando a te.

Meglio mangiare secco pane a casa mia ,
nella citta' che giovane mi vide ,
meglio i baci della mia ragazza
che stare sotto un cielo nemico .

E se un giorno mi assali' questo pensiero ,
di andarmene dovunque capitasse,
non fu per negligenza ,a dire il vero ,
perchè ho te dentro le mie vene .

Ti amo dolce e bella Siracusa ,
di te mi piace il mare ,il cielo, il porto,
Ortigia ed ogni cosa ,
perchè sei rara ,perchè ti fai guardare .

Mio destino vuole che dobbiam partire,
portandoci il profumo della Terra,
il desiderio è quello di tornare
perchè non c'è città che t'assomiglia.




Traduzione dal dialetto siracusano


di Angela Argentino

"Lingue siciliane da non dimenticare "
su Facebook ( voir plus haut)



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samedi 24 avril 2010

Ive Gourgaud : IDENTITE AUVERGNATE - LA PREUVE PAR CINQ

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Cénotaphe de Bertrand du Guesclin
à Châteauneuf-de-Randon
en Lozère



IDENTITE AUVERGNATE : LA PREUVE PAR CINQ


Et si nous parlions de linguistique ?

Et de linguistique auvergnate ?

Oh, rassurez-vous : pas à partir de savantes études, mais à partir d’intuitions. Et commençons par la « bible » de la parole auvergnate qui va nous servir de point de départ : c’est un ouvrage très impressionnant par son format et par son poids, par son titre aussi : Atlas Linguistique et Ethnographique du Massif Central (en général réduit au sigle ALMC). Cette oeuvre monumentale compte 4 volumes : les 3 premiers présentent des cartes de la région étudiée : les départements de l’Ardèche, de la Haute-Loire, du Cantal, de l’Aveyron et de la Lozère. Sur chaque carte (et il y en a 1876 !) on trouve la prononciation exacte (en écriture phonétique) d’un mot ou d’une expression, et cela pour chacun des 55 villages ou villes qui ont constitué les points d’enquête.
Le dernier volume, plus petit, présente une carte d’ensemble dont nous reparlerons, des considérations générales sur la région et ses patois, la liste des personnes interrogées (les témoins) dans chaque localité, la liste complète des questions posées et finalement la liste alphabétique des mots français avec le numéro de la carte où on trouvera les équivalents en langue d’oc.

Ajoutons, pour faire mieux comprendre qu’on a là l’équivalent moderne du travail colossal de Mistral au XIXe siècle, que les 1876 cartes sont suivies de listes grammaticales : pour chaque localité, on a les nombres de un à cent, puis la conjugaison complète des verbes les plus utilisés : Etre, Avoir, Chanter (modèle pour le 1er groupe des verbes), Vendre, Entendre, Guérir (modèles pour les 2e et 3e conjugaisons), Aller, Faire, Boire, Vouloir...
La zone auvergnate est très largement représentée, puisque l’Atlas recouvre toute sa partie sud. Or, si chacun sait que la partie nord (le Puy-de-Dôme) est auvergnate (qui irait nier qu’à Clermont on parle auvergnat ?), la partie sud est disputée : jusqu’où parle-ton l’auvergnat ?

Alain Broc s’élève avec vigueur contre l’ idée qui voudrait que l’auvergnat soit un dialecte « nord-occitan », c’est-à-dire que seraient auvergnats ceux qui disent LA VACHO / BACHO et non auvergnats ceux qui disent (ou écrivent) LA VACO / BACO. Vermenouze, le grand écrivain du Cantal, dit « lo baco », et pourtant il s’est toujours affirmé auvergnat.

Il n’est que trop exact que les linguistes en chambre (ceux qui tracent des lignes de partage sans connaître ni la situation sur place ni surtout la mentalité de ceux qui parlent la langue) prétendent qu’à Aurillac on parle « languedocien »... Et même un linguiste de terrain, comme le Frère Nauton, auteur de ce magnifique Atlas (ALMC), semble leur donner raison, car la carte générale de la page 14 du tome IV (qui présente les cinq départements avec les points d’enquête et leur numéro) est traversée par deux lignes qui semblent très importantes pour Nauton :

Au nord du domaine, une ligne coupe en deux la Haute-Loire et l’Ardèche : c’est la ligne dite de « la chute des occlusives intervocaliques », qui sépare les terres (au nord de cette ligne) où pour dire « elle est allée » on dit « es anà », et les terres du sud où on dit « es anado ».
Au centre du domaine, on trouve cette fameuse ligne qui sépare ceux qui au nord disent LA CHABRO et ceux du sud qui disent LA CABRO : cette ligne coupe en deux le Cantal et la Lozère.
Des cinq départements, donc, un seul se retrouve intact sur la carte : l’Aveyron.
Mais sur le terrain, je n’ai jamais eu l’impression, pour ma part, que les gens attachaient beaucoup d’attention à ces « limites » : sur les marchés et les foires, les Vaco et autres Cabro se sont toujours vendues ni mieux ni plus mal que les Chabro ou Vacho !


Les « intuitions » de Nauton sont celles d’un linguiste (et d’un linguiste exceptionnel, je le souligne) : ce ne sont pas celles des gens ordinaires. Il faut prendre un autre point de départ, et je vous propose d’étudier ce qui, depuis toujours, est apparu aux yeux de tous comme une caractéristique linguistique des Auvergnats : ils chuintent en parlant, c’est-à-dire qu’ils ont tendance à prononcer les S comme des CH (c’est très approximatif comme jugement, mais ça correspond à une constatation générale et populaire)

Vous devez connaître cette « histoire auvergnate » : Une jeune fille entre dans un café d’Auvergne pour faire une quête, et s’adressant au patron elle lui dit : « C’est pour l’Evêché ». Ce à quoi il répond aimablement : « Les véchés ? Au fond du couloir à gauche ! »


Un autre exemple du caractère populaire de cette prononciation auvergnate, c’est l’album d’Astérix chez les Arvernes. Que les Auvergnats puissent être parfois agacés par cette remarque, rien de plus normal : personne n’aime être moqué sur son accent. Mais ils se consoleront aisément en pensant que le « chuintement » du S, phénomène qu’en linguistique on appelle « palatalisation », est un phénomène absolument régulier et répandu dans de grandes langues comme le portugais (AS MENINAS se prononce « ach meninach »), le polonais (où le son CH s’écrit SZ) et bien d’autres dans le monde. Les Roumains ont même une lettre spéciale pour écrire le son CH : c’est un S avec une cédille.

Si cette particularité des Auvergnats est si connue, c’est qu’elle a frappé depuis longtemps l’oreille des non auvergnats : c’est bien la preuve qu’on a là un vrai marqueur d’identité linguistique. Reste à savoir, grâce à l’ALMC, jusqu’où va ce phénomène de « palatalisation » ou de « chuintement » du son S, et c’est là que je sors ma « preuve par cinq »

En effet, le mot « 5 » offre, pour l’ensemble du domaine, la rencontre d’un S et d’un I, voyelle dite « palatale », c’est-à-dire qui entraîne le chuintement typiquement auvergnat. Commençons par voir la répartition des 55 points d’enquête de l’ALMC :
La Haute-Loire présente les points 1-4, 9-12 et 19-24 ;
l’Ardèche a les points 5-8, 27, 31, 35 et 36 ;
le Cantal a les points 13-18 et 40-44 ;
la Lozère a les points 25-26, 28-30, 32-34, 37-39 ;
et l’Aveyron les points 45 à 55.
Si cette numérotation peut paraître bizarre à première vue, elle s’éclaire quand on voit la carte citée plus haut : par exemple les 8 premiers points sont ceux de la « zone nord » de la première « ligne de démarcation »; et les parlers en CHA occupent les points 1 à 37, alors que ceux en CA sont numérotés de 38 à 55. Autrement dit, le linguiste Nauton a constaté deux faits linguistiques et il a ensuite numéroté ses points d’enquête en fonction de ces deux faits : comme quoi même les savants les plus sérieux n’échappent pas à une idéologie qui les pousse, comme tout le monde, à présenter les faits d’après leurs propres idées...
Voyons maintenant les endroits où on dit « chinq », avec un son « ch » très clairement noté et qui va s’opposer au son « s » des autres points d’enquête : les 55 prononciations de ce chiffre 5 se trouvent dans la liste 1877. Je regroupe les résultats par département, afin de les rendre plus clairs :
HAUTE-LOIRE : Tout le département chuinte ! Qu’on soit de Brioude (historiquement auvergnat), du Puy (Velay) ou de Saugues (Gévaudan), le résultat est le même. Notre particularisme vellave (si volontiers anti-auvergnat) n’a donc ici aucune raison d’être : qu’on le veuille ou non, les Vellaves sont, par la langue, des Auvergnats.

ARDECHE : au nord, les points 5 et 7 chuintent, alors que les points 6 et 8 refusent le CH. Reportons-nous sur la carte : 6 et 8 sont au bord du Rhône. On peut donc affirmer que l’influence auvergnate va au moins jusqu’à Rochepaule (point 5) et Saint-Martin-de-Valamas (7) mais n’atteint pas St-Romain-de-Lerp (6) ou Alissas (8). Au centre, le point 27 est aussi auvergnat (St-Cirgues-en-Montagne)

CANTAL : Quasiment tout le département chuinte : tout le nord (points 13 à 18), pays de la CHAbro, mais aussi le sud (40 à 43), pays de la CAbro. Seule exception, l’extrémité sud du département, le point 44 (Maurs). Mais les Auvergnats pourront se consoler en constatant qu’en revanche l’extrémité nord de l’Aveyron (point 45, St-Symphorien-de-Thénières) apparaît comme de l’auvergnat

Alain Broc a donc parfaitement raison, de mon point de vue, d’affirmer que cette « limite » CA / CHA est pour le Cantal totalement arbitraire et sans aucun intérêt pratique ou culturel. Tous les Cantaliens sont par la langue des Auvergnats, et, comme le disait Mistral, « ni court ni coustié »

LOZERE : on voit se confirmer notre intuition, à savoir que le chuintement du S est un vrai marqueur d’identité linguistique, car seules les régions voisines de l’Auvergne historique sont concernées par le phénomène : il s’agit des points 25 (Le Malzieu), 26 (Le Chambon-le-Château), 28 (Termes), 29 (St-Denis-en-Margeride) et 32 (Marchastel) : toute la partie du Gévaudan qui s’appuie sur le Cantal et la Haute-Loire.

Cette petite étude n’est pas sans conséquences pratiques : en ce qui me concerne, j’avais eu l’impression qu’on pouvait rattacher le point 27 (St-Cirgues, en Ardèche) à l’ensemble cévenol, or le chuintement me persuade du contraire, car le cévenol se caractérise, lui, comme un ensemble de parlers qui refusent totalement ce type de chuintement.


L’auvergnat méridional occupe ainsi un territoire compact et cohérent : Cantal et Haute-Loire dans leur totalité (ou presque), avec les terres lozériennes et ardéchoises adjacentes. A partir de Langogne, les parlers deviennent cévenols (partie Est de la Lozère et Sud de l’Ardèche, grosso modo).

Pourquoi ne pas tenter d’organiser, vers Langogne ou Châteauneuf-de-Randon (la patrie du grand écrivain l’abbé Baldit) ce que nous organisons dans le Gard au point de rencontre du provençal et du cévenol, à savoir une fête pour l’amitié et l’union Auvergne-Cévennes ?


Cette étude est dédiée à l’ écrivain-félibre auvergnat Alain Broc, dont je viens d’avoir l’honneur d’éditer le roman LOU VIROVENT : si en France tout se termine par des chansons, ici à Marsyas2 tout se termine par la Littérature, qui seule peut redonner à la langue ses titres de noblesse et sa dignité, selon la simple et grande leçon de Mistral.

Ive Gourgaud
En Cévennes,

avril 2010

lundi 19 avril 2010

Peireto Berengier : Armana, un óutis de travai

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Armana, un óutis de travai


Tóuti aquéli que fan de cous de prouvençau o que simplamen s’interesson à nosto literaturo, sabon de quant es utile de counsulta l’Armana Prouvençau. Es aqui que trouban quàsi toujour li tèste que nous mancon.

Uno drudesso pas de dire emé 150 d’armana à espeluca ! E vaqui que Bernadeto Zunino, de La Valeto, dins lou Var, aguè la paciènci e faguè lou travai pèr nautre !
A dounc releva lis autour, li titre, lis escais-noum (se poussible), a precisa s’èro de pouësìo vo de proso, sènso óublida l’annado de parucioun e la pajo...

Lou fuieta d’aquéli repertòri es esmouvènt que ié trouban lis grand dispareigu de la debuto e lis ami mai proche, dispareigu o noun.
Dóu pouëmenet, au conte de l’estùdi au comte-rendu, l’Armana es uno mino. Dins li darrié voulume d’aquéu travai, aparèisson d’àutri titre que « Armana Prouvençau ». Avèn alor dins lou meme esperit « Armana di felibre » o « Armana », avans de retrouba « Armana Prouvençau ».


Entre tèms un autre « Armana Prouvençau » (lou jaune) e d’àutris armana an espeli que lis auren de recata dins un darnié voulume (lou voulume VII). Fin finalo, aquéli cartabèu nous debanon un pau l’istòri dóu Felibrige e l’istòri de nosto literaturo e de sa situacioun dins lou pople.

Vaqui dounc un óutis precious que nous pourgisson lis edicioun Aigo-Vivo e que lou fau agué dins sa biblioutèco emé lis oubrage de referènci.




Peireto Berengier



Cade voulume es un caièr au fourmat 21x29,7 (25 annado, un cinquantenau de pajo) costo 10 éurò franc de port. Li sièis voulume ensèn (150 an, dins li 300 pajo) coston 50 éuro franc de port.
Coumando : M. Gourgaud, 56 Av. du 8 Mai, 30520 Saint-Martin-de-Valgalgues.

Lien du site en cliquant ici!!!

samedi 17 avril 2010

Hommage à D’ARBAUD : la Cabane Rouge

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Aujourd'hui en souvenir du grand Jousè d'Arbaud inauguration d'une stèle à la Cabane Rouge ... une chanson pour les Gardians, sur l'air du "Temps des Cerises" ....

(voir lien)


Cliquez sur l'image pour l'agrandir




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vendredi 16 avril 2010

Francès JOUVEAU : L'emplastre - 1894

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Une galéjade, comme on les aime autour de l'Etang de Thau, j'ai longtemps connu cet histoire attribuée, à un bouzigaud (habitant de Bouzigues). Je suis heureux de rétablir la vérité, 116 ans après !!!


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L'emplastre
La grossa Mariàna que demourava au quartier-naut, èra ce qu'apelan una bona femna ; èra un pau barjacaira — couma fossa femnas — e prou simplassa, mès, ounèsta ; travalhaira e serviciabla couma i'a pas sa parièira en lioc. Véusa despioi longtéms, restava souleta dins un viél oustau qu'éra diglésit couma una semau sans aiga au sourel d'estiéu. Lous escalhès d'aquela turna éroun talamen bèrcats, que, mai d'un cop, la paura femna aviè mancat, de se; ié roumpre lou rastèl de l'esquina. Una fes, en lous davalant, Mariàna lous barroulét de testa, è s'engrunèt l'espàlla ; la paure anèt de suita encò de l'apouticaire, que sans soulainem ié regarda la plaga, ié diguét : « Tenés ! aqui i'avès un emplastre, l'apegarés au ròdou ounte vous siés facha mau, e, gardàs-vous de lou leva... Espéras que tombe d'el-mème ! » Mariàna prend l'emplastre, pàga, e s'en vai. Quauques jours après, la bona femna retorna encò de l'apouticaire, e ié dis :

« Moun espàlla me fai toujour mau... voudriéu que me l'arregardèsses, belèu lou cop serà pus grèu que ce que cresièn ! »

L'apouticaire oubeis e, pas pua lèu veire la plàga qu'èra enverinada à faire pòu, ié vèn.

« Vous
aviéu dich de pas derrabà l'emplastre, e d'esperà que toumbèsse soulet... pèr-de-qué l'avès levat ? »
« Mes l'ai pas levat !...

« Couma ? l'avès pas levât ? se l'aviès pas levat ié sérié encara !

« Mès l'ai pas mes aqui, l'emplastre...

« E ounte l'avès mes ?
« M'aviès dich de lou mètre au ròdou ounte m'ère fâcha mau...

« Eh bé ?
« Eh bé, l'ai apegat sus l'escalhè !

Vous laisse pensa' se l'apouticaire riguèt !...





Francès JOUVEAU,
Felibre Musicaire,
Armanac Cetori 1894


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mercredi 14 avril 2010

Anna Carissuna : PAPA - BUBÀ (auvirnhat bergamasc Piemountes)

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L'on voit sur cette peinture de la nativité un joueur de Beghèt
instrument traditionnel, quasi identique à la Cabretto Auvergnate!


Les ponts entre les parlers néo-romans du sud de la France & les dialectes italiens sont rares! Rares sont les traductions voire les thèmes, enfin en voilà une!
Entre trois parlers, trois régions qui se ressemblent, moyennes à hautes montagnes, terres de gens rudes & âpres à la tache...

Auvergnats, Piémontais & Bergamasques font bon ménage.
Marsyas 2 dans sa volonté de pont & d'ouvertures vers la latinité vous offre cette version... Là, le livres des records est pas loin, telle est belle la performance, de notre ami Alan Broc !



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BUBÀ

Coss’ ullet dim, Bubà
quando umai to parlaèt nomà col öcc,
ransignà sö ’ndol lècc come ü tusì
che ’l ga püra di ömbrée ?

…….

Po a l’invèren l’indaà ’nvers a la fi :
la dé la s’a slongàa ’ndi sire frége
e ’l sofiàa sota i arch chel vènt segrit
che ’l ciamà l’erba nöa.

Té to ’l sentìet da delòns la prömaèra
e tot l’sìet che la t’avress pö troat
a faga unur quando la föss riada.

L’ìa chel pensér che ’l t’a greàa,
pö dulurùs de l’angonéa
che la ülìa mai finì.

Mè’l sò, Bubà, che l’ìa chèl vent
a spalancat i öcc a l’impruìsa
a sgürli li tò poer oss, come ün invìss
de forsa e de züentü.

Bubà, prope chèl ültem
inviss de éta
l’era ’l to testament :
noter a ’m passa, come ’l tép e ’l vént,
ma la éta l’è atüso prömaera,
semper la turna, sens mai fermàss.

E adèss, che’nd’ aria ciara
l’erba noèla la sberlüss al sul,
I m’a par de sét amo’, Bubà, ’l to pass.


Anna Carissuna
(de Par en Val Seriana)



Revirado auvirnhato d’Alan Broc :


PAPA

Qué me voulies dire, Papa
quand me parlabes pas mai qu’ammé lis ueis,
jagut soubre toun lèit coumo un droullet
qu’o pour dis oumbros ?

……

Puèi l’ivèr anè vers sa fi :
li jours se faguèrou mai loungs durant lei sirados freidos
e souto lis arcados bufabo aquel vent glaçat
qu’o sounat l’èrbo niovo.

Tu la sentissies de lonh, la primo,
e sabies que te troubario pas mai
per li faire ounour quand sario arribado.

Aquelo pensado te pesabo,
mai doulourouso que l’angounìo
que voulio pas jamai achaba.

Ieu sabi be, Papa, qu’acò èro aquel vent
que te fazio escaraia lis ueis à l’improuvisto,
qu’o revilhat tas pauros ossos, coumo un frejoulum
de forço e de jouventut.

Papa, aquel darrier
frissoun de vido
èro toun testament :
nousàuti passan, coumo lou temp e lou vent,
mas la vido es parièro à la primo,
que tourno sempre, e s’arrèsto jamai.

E abouro que dien l’aire linde
l’èrbo nouvèlo resplendis al souïlh
èi l’impressioiu d’augi un cop de mai, Papa, toun pas.



Traducciou piemounteso
d’Anna Carissoni, l’autouresso.

(Sèns aquelo la versiou piemounteso aurio pas pougut revira en auvirnhat. Dien l’aute sens, lou tèste ouriginau bergamasc m’o ajudat à coumprendre la versiou piemounteso)

Papà

Ché ch’it vulìe dime, Papà
quandi giumai it am parlava mach con j’öj,
pasià ant ël lèt parèj ’d na masnà
ch’a l’a pur ëd j’umbre ?

…..

Pöj l’invern a andasìa vers la fin :
I dì as ëslungava ant le sèire frèide
e a büfava suta j’arch cul vent geilà
che a ciamà l’erba növa.

Ti it lu sentìe cul vent,
It sentìe dalons la Prima
e it lu savìe che a l’avrìe pì nen truvate
a feje unur, quandi ch’ füssa rivà.

A l’era cul pensé che a t’agrevava
pì dulurus ëd l’angunìa
ch’a vulìa pì nen finì.

Ma mi lu sö, Papà, ch’a l’era cul vent
a spalanchete j’öj a l’ampruvisa,
a sucrulé tùe povre ossse
parèj d’ün frissun
ëd forsa e ’d giuventüra…

Papà, franch cul ültim
frissun ëd vita
a l’era to testament :
nujautri i passuma, cume ’l temp e ’l vent,
ma la vita a l’é parèj ëd la Prima,
sèmper a ’rturna, sensa mai fërmesse.

E adess che ant l’aria ciaira
l’erba növa a bërlus al sul,
a ’m’ësmija ’d sente turna, Papà, ël to pass.



Anna Carissoni

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dimanche 11 avril 2010

Jousèp SOULET : A-N-UN AMIC CETORI, N. F. PINTRE A PARIS

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Couverture du premier
Armanac Cetori

La littérature sétoise ne fut pas à la hauteur de certaines autres écoles du Languedoc ou de Provence, mais elle produit pendant 10 ans un Armanac, qui si localiste, me fait rire, voire exploser de rire à chaque fois que j'en ouvre un!!! A chaque page son dicton... celui que je cite me plait beaucoup!!!

Aujourd'hui quelque chose de sérieux, dans la semaine un vrai scoop dans les querelles séculaires entre Bouzigaud, Mézois & Sétois, je ne sais pas, dans cette future histoire, s'il n'y en a pas de Balaruc dans le coup???

Veren Ben!!!



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A-N-UN AMIC CETORI,
N. F. PINTRE A PARIS

(SOUNET)


Se couma tus, am'un craioun
Saviéu faire un poulit image,
Te mandariéu d'aqueste viage,
Quicoumet fach à ma fassoun :

— Un bastiment que coula à founs,
— De flous, lou Ciel, un païsage,
— Où lou retrach de moun rivage
Que pèr tus serié'n dous ressoun.

Mes de que vos, sièu un felibre,
Bon mièjournau, galoi e libre,
Que canta dins soun dous parla.

Adounc te mande en remembransa,
De vers espelits à Sènt-Clà,
E ma pus courala amistansa.

Jousèp SOULET,
Felibre de Sènt-Clà,



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Bram d'ase
Monta pas au Ciel.



Plan de Sète
1914

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samedi 10 avril 2010

Nicola Dal Falco : Bucolica -2009

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Bucolica


tratto da Il cavaliere verde Trasciatti editore, 2009 Lucca (www.trasciatti.it)


Povero Cervone, alto, grande di naso e di falcata, vestito, anche d’estate, di lana un po’ frusta.
Accende sigarette che innalzano un fumo azzurro, vellutato. Ha la testa stempiata, tonda, da imperatore e un filo di baffi, quasi un rammendo invisibile sulla barba di ieri.Gli occhi, vispi e chiari trattengono un pianto asciutto. È un rabdomante, un cercatore d’acqua, di pause sotterranee; tra abissi di materia inerte e silenziosa, traccia la via dei fiumi, le note di un canto, misurato in litri/ora.
Racconta due storie incredibili, paurose, vissute alla luce del sole, che sembrano, invece, emerse da un budello della notte. Povero Cervone che non aggiunge dettagli, non cerca aggettivi, con i ricordi conficcati come chiodi. «Questi sono i fatti». E lo dice, cercando di prendersi in giro.
Quando era salito al Pantano, si era tolto la giacca e l’orologio a cristalli liquidi, facendolo ondeggiare velocemente, a scatti, mentre percorreva tutto il podere. Si era, quindi, fermato, voltando le spalle alla valle e abbracciando con lo sguardo il pendio.
«L’acqua c’è, sta a quaranta, cinquanta metri di profondità. Scende dal bosco, passa sotto la casa e arriva davanti al portico».
Aveva individuato diverse vene che per un lungo tratto scorrono unite e, poi, sparpagliate come il bordo di un merletto. Indicò il punto in cui l’acqua aveva la massima portata e ci piantò un paletto. Seguì una breve libagione, fatta con il vino di Giuseppe, fresco e pastoso, di un giallo stoppia quasi verde.

***

Povero Cervone, al ricordo di quella cosa bianca, sudava freddo. Diceva che c’era un campo, tra Faiolo e Montegabbione, pieno di tombe. Una volta, durante l’aratura, una vacca era sprofondata per il peso. Da quelle parti andava spesso a funghi, da solo e in compagnia.
Sotto una quercia isolata, aveva sentito un uccello cantare un canto di due note, quasi un pianto. Il brutto è che lo sentiva solo lui. Non c’era verso di farlo intendere anche agli altri. Si fermava, diceva: «Ecco, ascoltate»! Ma niente, quelli al massimo avvertivano il rumore del vento o di un furgone che arrancava in salita.
Strano posto. Aveva deciso di parlarne al parroco di Monteleone. Quell’uccello gli provocava uno strazio, un’infelicità, rendendogli il sonno leggero. Don Angelino lo consigliò di far dire una messa. Magari era l’anima di uno, morto male. Così fece e almeno il canto solitario dell’uccello non lo udì più.
Nel frattempo, però, era avvenuto un altro fatto, molto più complicato da spiegare. Stava camminando per una strada sterrata. La polvere spessa ricopriva i bordi fino ai rami di mezzo; si udivano le cicale martellare il silenzio.
Cervone saliva e pur avanzando piano ci mise un po’ a bloccarsi sugli stinchi quando
vide quella cosa scendere, occupando tutta la larghezza della strada.
Era bianca, profonda, una chioma ritta e gonfia su due gambe nervose. Aveva degli occhi…? naso, bocca, orecchie? Forse. E le braccia? Se c’erano formavano un tutt’uno con la sfera del corpo. Goffa e imponente, veniva giù dalla collina a passettini.
Ma gli occhi? Bella domanda. Fatto sta che qualcosa, simile ad uno sguardo se lo scambiarono, perché quando pensò di scappare, il gran tipo si girò verso destra, buttandosi nel bosco. Lo attraversò letteralmente nonostante fosse fitto e pieno di rovi. Sparì senza un grido, liquefatto nel verde.

***

Cervone tornò ancora laggiù, sotto la croce della Madonna del Monte.
«Posto da porcine» - sottolineava, aggiungendo alla stranezza del racconto una dose supplementare di mistero, ma diventava subito serio in volto appena il giro delle domande e dei dubbi da parte degli ascoltatori si concentrava su una questione della massima importanza. Aveva mai rifatto quell’incontro?
No, con la cosa bianca, no, però era successo dell’altro. «Macché ubriaco! - era costretto a precisare, ogni volta - sarà stato mezzogiorno e si era in due».
Andavano, distanziati di qualche metro, lungo un sentiero di ginestre, al centro del vallone che piega verso il torrente, trasformandosi in ripa scoscesa mentre, sul lato opposto, si estende un bosco, piantato a cipressi e pini.
Fu Cervone che camminava davanti a vederlo per primo: «Non era un cane né un lupo, ma aveva addosso un vestito. Mi ricordo benissimo le macchie di colore: del rosso qui, del verde e del marrone. Corri col bastone - gridai al compare che arrivò subito, pensando ad un cinghiale - Lo guardò bene anche lui. Non assomigliava ad un cane e neanche ad un lupo ed era vestito».

Nicola Dal Falco




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jeudi 8 avril 2010

Alan Costantini : Oumelìo de Sant Jan Crisoustome, Bilingue Provençal Français

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Oumelìo de Sant Jan Crisoustome,
Archevesque de Coustantinople,
pèr lou sant e grand jour de la Pasco

Que tout ome pious e ami de Diéu jouïgue d’aquesto bello e lumenouso soulennita.
Que tout fidèu serviciau intre galoi dins la gau de soun mèstre.

Aquéu qu’a pourta la cargo dóu june, que vengue touca, aro, soun denié. Aquéu que s’es afana despièi l’ouro proumiero, qu’enqueisse soun juste salàri. Se quaucun es vengu après l’ouro tresenco que celebre aquesto fèsto dins la recouneissènço. Se quaucun es arriba après la sieisenco que noun pateteje, perdra rèn. Se n’i’a un qu’a treinassa enjusqu’à l’ouro nouvenco que s’avance sèns èstre en chancello. E se n’i’a un qu’es arriba qu’à l’ouro voungenco qu’ague pas crènto de sa cagno dóumaci lou Segnour es larg e reçaup lou darrié coume lou proumié.
Baio lou repaus à l’oubrié de l’ouro voungenco coume à-n-aquéu de la proumiero.
Fai misericòrdi à-n-aquéu d’eila e coumoulo à grand dèstre aquéu d’aqui. Douno à l’un e fai gràci à l’autre. Fai cachiero à l’obro e aculis em’amour la bono volounta ; ounouro l’acioun e lauso l’entencioun.

Amor d’acò intras tóuti dins la gau de voste Mèstre e li proumié coume aquéli qu’an segui : vaqui voste guierdoun. Riche e paure cantas tóuti en cor. Lis astinènt coume lis inchaiènt, ounouras aquéu jour. Vautre qu’avès juna e vautre que l’avès pas fa, alegras-vous encuei. La taulo es coumoulo, fasès riboto. De vedèu gras n’i’a à jabo, que res s’entourne emé la fam. Aproufichas tóuti de la taulejado de la fe. Aproufichas tóuti de la drudiero de la bounta..

Que res se lagne de sa paureta dóumaci lou Reiaume s’es manifesta en tóuti.
Que degun se doulouire de si pecat dóumaci lou perdoun a giscla dóu toumbèu. Que res ague pòu de la mort dóumaci la mort dóu Sauvaire nous a deliéura.
L’a amoussado dóu tèms qu’èro retengu pèr elo. A despuia l’Infèr, aquéu qu’a davala dins lis infèr. L’a clafi d’amarun, pèr agué tasta de sa car.
Isaïo l’avié previst quouro s’escridavo : l’Infèr s’es coumoula d’amarun quand t’a rescountra dins ti founsour : amarun d’agué perdu soun poudé ; amarun de s’èstre fa engarça ; amarun d’èstre esta mourtifica ; amarun d’èstre esta encadena. Avié rauba un cors e s’es retrouba davans un Diéu. Avié pres de terro e a rescountra lou cèu. Avié pres ço qu’avié vist e a cabussa pèr l’encauso de ço qu’avié pas vist.

O mort ounte es toun aguïado ? Infèr ounte es ta vitòri ? Lou Crist es ressuscita e siés esta debaussa. Lou Crist es ressuscita e li demòni se soun toumba. Lou Crist es ressuscita e lis ange soun dins l’alegresso. Lou Crist es ressuscita e la vido a retrouba si dre. Lou Crist es ressuscita e i’a plus ges de mort aclapa. Car lou Crist revengu d’emé li mort èi devengu premiço d’aquéli que se soun endourmi. A-n-Èu glòri e poudé dins li siècle di siècle.

Amen

Vira au prouvençau,
pèr Alan Costantini



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Homélie de saint Jean Chrysostome,

archevêque de Constantinople,

pour le saint et grand jour de la Pâque.

Que tout homme pieux et ami de Dieu jouisse de cette belle et lumineuse solennité.

Tout serviteur fidèle, qu'il entre avec allégresse dans la joie de son Seigneur.

Celui qui a porté le poids du jeûne, qu'il vienne maintenant toucher son denier.

Celui qui a travaillé depuis la première heure, qu'il reçoive aujourd'hui le juste salaire.

Celui qui est venu après la troisième heure, qu'il célèbre la fête dans l'action de grâce.

Celui qui est arrivé après la sixième heure, qu'il n'ait aucun doute, il ne sera pas lésé.

Si quelqu'un a tardé jusqu'à la neuvième heure, qu'il approche sans hésiter.

S'il a traîné jusqu'à la onzième heure, qu'il n'ait pas honte de sa lenteur, car le Maître est généreux,

il reçoit le dernier comme le premier;

il accorde le repos à l'ouvrier de la onzième heure comme à celui de la première.

Il fait miséricorde à celui-là, et comble celui-ci.

Il donne à l'un, il fait grâce à l'autre.

Il accueille les oeuvres, il apprécie le jugement ; il honore l'action et loue l'intention.

Aussi, entrez tous dans la joie de notre Seigneur.

Premiers et derniers, recevez le salaire. Riches et pauvres, chantez en choeur tous ensemble. Les vigilants comme les nonchalants, honorez ce jour. Vous qui avez jeûné, et vous qui ne l'avez point fait, réjouissez-vous aujourd'hui. La table est prête, mangez-en tous ; le veau gras est servi, que nul ne s'en retourne à jeun. Jouissez tous du banquet de la foi.

Que nul ne déplore sa pauvreté car le Royaume est apparu pour tous.

Que nul ne se lamente sur ses fautes, car le pardon s'est levé du tombeau.

Que nul ne craigne la mort, car la mort du Sauveur nous a libérés.

Il a détruit la mort, celui qu'elle avait étreint.

Il a dépouillé l'enfer, celui qui est descendu aux enfers.

Il l'a rempli d'amertume, pour avoir goûté de sa chair.

Isaïe l'avait prédit en disant :

"l'enfer fut rempli d'amertume lorsqu'il t'a rencontré";

rempli d'amertume, car il a été joué;

bouleversé, car il fut mis à mort ; bouleversé, car il fut anéanti.

Consterné, car il saisit un corps et trouva un Dieu.

Il prit de la terre et rencontra le ciel.

Il saisit ce qu'il voyait, et tomba sur celui qu'il ne voyait pas.

O mort, où est ton aiguillon ?

Enfer, où est ta victoire.

Le Christ est ressuscité et tu as été terrassé.

Le Christ est ressuscité et les anges sont dans la joie.

Le Christ est ressuscité et voici que règne la vie.

Le Christ est ressuscité, et plus un mort au tombeau,

car le Christ est ressuscité des morts, prémices de ceux qui se sont endormis.

A lui, gloire et puissance dans les siècles des siècles


Amen.



Abbaye de St Benoit en Suisse





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mardi 6 avril 2010

Nouno Judlin : 1er chant - Er de Flahuet - 1937

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Un autre chant de Nouno Judlin, ce coup-ci il évoque Mireille, histoire, fâble ou légende, elle hante l'inconsicent collectif provençal & des différentes langues du midi de la France... Mireille!



Ai mira mis iue

dins uno font claro.
N'en pantaie encaro
de jour e de niue.


Ero un bèu matin.

Lou cor di campano

batié sus la plano,
uman e divin.

Batié pèr l'amour,

bâtie pèr l'idèio,

bâtie pèr Mirèio,

pèr gau e doulour,


sout lou cèu prefound,
dins uno calamo

que de l'aigo e l'amo

se vesié lou founs.


O caligna dous !

Un rai ié jougavo

e vers iéu mountavo
dou cros souleious.


Pièi de moun mirau,

bevèire d'image,
veguère un mirage

troubla lou cristau.

Infini d'azur,

blanco nivo d'alo,
regardave, palo,
veni lou bonur.


Un revoulun d'or

pipaire d'estello,
lusènt que pivelo,

simbelè moun cor.


Au grand tourneja,

dins l'aigo de flamo,
ai nega moun amo

de trop me clina.


Pantai de mi niue,

ma vido s'embarro

dins uno font claro :

la font de tis iue.




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J'ai miré mes yeux
dans une claire fontaine.
J'en rêve encore
de jour et de nuit.

C'était un beau matin.
Le cœur des cloches
battait sur la plaine,
humain et divin.

Il battait pour l'amour,
il battait pour l'idée,
il battait pour Mireille,
pour joie et douleur,

sous le ciel profond,
un calme si limpide,
que de l'eau et de l'âme
on voyait le fond.

0 douce caresse !
Un rayon y jouait
et montait vers moi
de la source ensoleillée.

Puis, de mon miroir,
buveur d'images,
je vis un mirage
troubler le cristal.

Infini d'azur,
blanc nuage d'ailes,
je regardais, pâle,
venir le bonheur.

Un tourbillon d'or,
pipeur d'étoiles,
éclat qui fascine,
appela mon cœur.

Au grand tournoiement,
dans l'eau de flamme,
de trop me pencher
j'ai noyé mon âme.

Rêve de mes nuits,
ma vie s'enferme
dans une claire fontaine :
la fontaine de tes yeux.



1937

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dimanche 4 avril 2010

F Mistral : 3 visions poètiques sur Pâques

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Frédéric Mistral : 3 visions poètiques sur Pâques ou Pasco :



E lou paure pople èro triste
Car vesié bèn qu’èro soun Criste,
Aquéu que de la toumbo aussant lou cubrecèu,
A si coumpagno à si cresèire,
Èro tourna se faire vèire,
E pièi leissant li clau à Pèire,
S’èro coumo un eigloun enaura dins lou cèu. (= coumo un aglou)

Ah ! lou plagnien dins la Judèio,
Lou bèu fustié de Galilèio ;
Lou fustié di péu blound qu’amansissié li cor
Emé lou mèu di parabolo,
E qu’à bèl èime sus li colo
Li nourrissié ’mé de candolo,
E toucavo si ladre e revenié si mort.


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Nèu dóu Liban, nèu eternalo
Ounte l’idèio divinalo
S’èro dicho toustèms de traire soun belu,
Nèu cando e blèujo, nèu blanqueto
Qu’entre senti la belugueto
Iluminè d’amour la terro e lou cèu blu,
Nèu mai courouso que lis ièli
Que l’ange, nous dis l’Evangèli,
De la part dóu Segnour t’aduguè lou salut !


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Mai li doutour, li rèi, li prèire,
Touto la chourmo di vendèire
Que de soun Tèmple sant lou Mèstre avié cassa :
Quau poudra teni la pauriho,
Se murmurèron à l’auriho,
Se dins Sïoun e Samarìo,
Lou lume de la Crous n’ei pas lèu amoussa ?
Alor li ràbi s’encagnèron
E li martire temounièron ;
Alor l’un, coume Estève, èro aqueira tout viéu, (= èro acairat)
Jaque espiravo per l’espaso,
D’autre, engrana souto uno graso ;
Mai sout lou ferre o dins la braso,
Tout cridavo en mourènt : O, Jèsu’s Fiéu de Diéu.




Une idée d'Alan Broc

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samedi 3 avril 2010

Esop & La Fontaine : LA RATOPENO E LA MOUSTELO

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LA RATOPENO E LA MOUSTELO.


Uno ratopeno que toumbec en terro fousquec preso per uno moustelo, e coumo anao esse degoulhado, pregao per la bido. Mes la moustelo dizen que nou la poudio dayssa ana, perço que ero enemigo naturelo de toùtis les auzels, la ratopeno diguec qu’ero un
rat e nou un auzel ; e atal fousquec deliurado.
Tournec toumba un autre cop, e preso per un autro moustelo, la suplicao de nou la degoulha ; e coumo aquesto se disio enemigo de toùtis les rats, l’autro diguec qu’ero une ratopeno e nou un rat, e fousquec encaro deliurado. Alal y abenguec de se gandi dous cops en cambian de noum.

La fablo sinhifico que nou caldro demoura toutjoun dins las metissos praticos, counsideran aquélis que, en cambian seloun le tems, se gandisson may que may del peril.

Esop, adaptat en lengo d’o per Maximo Planudo


Notos d'Alan Broc :

Èi boutat un accent grafique à “aquélis”. I èro pas dien lou tèste de Planudo.
Caldro es pas lou futur rouergat. Es la formo toulousano del coundiciounau.




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LA RATAPENADO E LAS DOS MOUSTIALOS



Torni bouta eici la versiou de La Fontaine, meso en lengo d’o per Fèlis Remiso



Anet pica de cap uno ratapenado,
Dinc un nis de moustialo, e, entre qu’i fouguet,
L’antro que lous rats aviou enterigado
Per l’engouli courreguet :
« Auses m’embestia de toun orro presenço
Quond ta raço m’o fach oufenso sus oufenso ?
Sios bien un rat ? Pas de faussum !
Oc, ne sios un, ou ieu soui pas moustialo. »
L’antre dis : « Badinatz ! Saique sètz pas foutralo ?
Ieu ai en odi lou ratum.
Ieu rat ? E vous, cresetz aquelos fiaulos ?
Gracios al Diéu de l’univèrs
Ieu soui aucèl, vezetz mas alos ;
Vivo lou mounde des èrs ! »

Agradet sa rasou, mai pareguet fort bono,
E tont faguet, per ma bono,
Qu’aguet credit de n’eschapa.
Dous jours après, nostro estourdido,
Tusto balustro, vai turta
Contro uno antro moustialo, ardido aucèlicido,
Aqui tourna, espauset sa vido.
La damo de l’ousta l’anavo bien e bèl
Dinc soun mourrou lounguet l’escracha coumo aucèl,
Mès elo menacet d’ou faire dire à Roumo :
« Ieu, per aucèl passa ? s’i vesetz, agachatz,
Ço que fai l’aucèl, acò’s be la ploumo ?
Ieu soui un rat, vivou lous rats ! »

Quelo sutilo rasouneto
Li sauvet dous cops sa videto.
Ne couneisse mai d’un, que de testo mudent,
Coumo aquesto al meschant o souven fach la figo.
L’avisat dis, segoun la gent :
« Vivo lou Rei ! Vivo la Ligo ! »




Sur une idée d'alan Broc

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jeudi 1 avril 2010

extraits de Sergi Girardin : L'ourtougràfio del piemountés sur une idée d'Alan Broc

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Ou pulèu, "lis" ourtougràfios.


Istouricomen, notamen quand èro lengo ouficialo del duchat independent de Piemount, lou piemountés s’escrivio segoun lou sistèmo : o, u, ü.

esemple :
Da cust mument ël drapò a svantaja an tüte le bataje stòriche faite da l’armada piemunteisa e dunca ’dcò ant l’assedi ëd Türin dël 1706 e ant la bataja dl’Assieta dël 19 ëd lüj dël 1747.


Puèi devenguè soucialomen un patai. Aquelo tristo situaciou permet toujour is arganhols de faire d’esperienços lenguisticos scientificomen countestablos e soucialomen desastrousos per la lengo.

Acò’s atau que dien lis annados 1930 de foutralous de « naciounalistos », lour venguè la fantasio d’escrieure lou piemountés « en s’espaçant dis usatge italiôs », sèns teni coumte qu’èrou en realitat lis usatges istouriques de la naciou e de l’estat piemountés.

Aladounc, per se dessepara de l’italiô coumo diziou, francisèrou l’ourtougràfio : lou ö devenguè eu, à la modo franceso. Lou u se prounounciè à la franceso. Amm acò, chalio trouba un biais nouvèl d’escrieure lou soun /u/. Chausiguèrou lou o, e laidounc chauguè un accent grafique per destrïa lou ò prounounciat /o/ del o, prounounciat /u/.

Aquel sistèmo à l’oucitano agrado de sigur i disciples del gestapisto Louis Alibert, d’eitant que si tenents piemountés lou sounou « la grafìa normalisà » !!!


Quand l’estat italiô se doubriguè à sei lengos regiounalos, recouneguè vistomen lou grèc ou l’albanés que se parlabou dien lou sud essencialomen. Metè un pauc de temp à recouneisse « l’occitano, il franco-provenzale ed il walser » que se parlou dien lei mountonhos de l’ubac.

Qu’ajo recounegut la « grafia » dèu pas espanta. L’estat o recounegut ço que li presintabou. Sis elegits e founcciounàris sou pas de lengo prouvençalo.

Lou paradosse es que lis oucitans presintèrou la « grafia » e que countùniou d’entitoula lour journau « Ousitanio Vivo »… e d’escrieure en italiô dedin puèi que la « grafia » dintro pas dien lei mours maugrat quauques quinge ons d’ensenhomen dien lis escolos publicos.

Lou piemountés fouguè pas recounegut. D’una bando, lis autros lengos sou forço loucalos, quand lou Piemount es un gros bouci. Lis autouritats cranhiou bessai de separatisme.

Mas i o també lou fait que lis elegits loucaus, e belcop de founcciounàris d’estat, parlabou lou piemountés, e qu’aun pas recounegut lour lengo souto aquelo vestiduro grafico. Amm acò, lou piemountés demourè de coustat.



LA GRAFÌA STANDARD

Acò fai que diversos assouciacious e persounalitats aun creat la « grafìa standard » que reprend dien lei grondos lìnios l’ourtougràfio istourico. I o ja un gros dicciounàri e un « curetur ortogràfic ». E tout lou mounde i ve à-n-aquelo ourtougràfio que pot sauva la lengo.

Tavo Burat m’avio beilat à la Santo-Estèlo de Còus en 2006 lis « Atti del XXIo congresso de l’AIDLCM » que s’èrou tenguts à Tourre-Pellis en 2003.

Tourre-Pelis es dien lei Valados, e lei Valados sou dien la regiou Piemount.

Amai se l’Assouciaciou Internaciounalo de Defenso dei Lengos e Culturos Menaçados se chauto de toutos lei lengos del mounde, de sigur, lou lioc de soun coungrès es pas sans ressou soubre las priouritats.

Laidounc i aguè d’intervenents per parla del piemountés, del prouvençau ou del walser que per parla del Quichoua ou del pourtugués al Timor ourientau.

I aguè de quitos intervencious en piemountés, trascritos puèi segoun lou sistèmo qu’agrado tont is oucitans. (Acò fai que me damandèri s’acò èro pas lou sistèmo « nourmau » del piemountés, d’eitant que la wikipedia piemounteso es dien aquel sistèmo. Mas presinto lis àutri dous coumo « inquèro utilisats ».)

Lis intervenents soubre lou piemountés fouguèrou tres : lou proufessour Gilardino n’en parlè dien l’encastre de sa presintaciou dei « lengos aujoulencos » del Canada, l’equivalent de noustos lengos regiounalos en Uropo. Lou chircadour Bruno Villata
e un denoumat Jan-Luc Perrini, qu’intervenguè en francés.

Pouden supausa qu’aquessos tres persounalitats sou impourtantos en Piemount puèi que represintèrou lour lengo dien lei frountièros de lour regiou.

Aro vézi que lou proufessour Gilardino coumo Bruno Villata aun adouptat la « grafìa standard » ammé lou sistèmo voucalique tradiciounau : O, U, Ü.

Una dei razous n’es que « toùti li Piemountés lou podou legi facilomen ammé ço qu’aun aprés à l’Escolo. » En clar, se tracho d’una questiou d’urgéncio. Per sauva la lengo, li chau beila una vestiduro evidento pel mounde que la podou sauva.

Lou proufessour Gilardino d’estrambord n’en devé lirique :


Lese & Scrive

El piasì e el crüssi di scrive an piemunteis
I scrivo an piemunteis scasi minca dì, co binche i lo scriva el pi dle vire mac per mi, dagià che a sun nen ed litre o d'artìcuj savant le parole ch'i anfrisso ant me calepin bunura la matin, an desvijandme, nomac per arcordeme che i sun mi, chi che i sun mi, Sergi, ferlingot versleis, ranaté, adess professur a metà temp e a metà cör, savuradur ed piemunteisità e, per l'antrames ed custa-sì, nüfiadur d'ümanità (ed cula bin raira ch'a resta) a temp pien, tant pien da sciopeme la bioca e da sciunfeme le buele.

Dien lou meme tèste esplico perqué es countent de la « grafìa standard », puèi qu’un cop escriguè dien la « grafìa Brandé » ou « grafìa normalisà » en piemountés à sa maire, que jamai li avio pas parlat en italiô, e guelo coumprenguè pas que la letro èro en piemountés. Avio soulomen pas identifiat la lengo !

Quand hou li diguè, guelo li damandè perqué avio pas escrit « coumo hou fazio toun grand-paire ? »

I l'hai scrivü na vira a mia mama an piemunteis e chila, che a l'ha mai parlame an italian an vita sua, a l'ha ciamame se j'era fol: a l'avìa gnanca capì che cul-lì, scarabocià an sü cula cartulina, a l'era piemunteis! Chila a chërdiva ch'a füissa üna ed cole lenghe folastrune ch'i amprendo an girand per el mund. Ma lon-lì a l'é nen perché che mi i l'hai scrivüje cun la grafìa normalisà, ma propi mac perché che i l'hai scrivüje an piemunteis: a l'avìa mai sciairalo scrivü e a capiss nen perché ch'as döbia scriv-lo, propi cume el nonu d'Autelli an «Masnà» a scrivìa sue note an italian drolisà ans la porta dla stansia granda.


Lou proufessour Gilardino afourtis que chau tout chambia.


Vene adess a smun-ne ed cambié tüt, cambié j'edissiun già faite dij clàssic, cambié la grafìa ed je scrit critic, sientìfic, legaj (j'At dij rescuntr, le lej regiunaj, e viafort) e musteje turna a tüti a cuj che a san già scrive

E counclus que la « grafìa normalisà es pas tant nourmalo se voulen dire touto la vertat »

la grafìa normalisà, ma pöi pa tant "normal", se i voruma dì tüta la vrità.


Sergi Girardin
Professur ed Literatüra cumparà
Üniversità McGill – Montréal



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Costantino Nigra

Lou sistèmo tradiciounau es représ e milhourat per lou grond Costantino Nigra, lou primier que faguè piousomen de rapugado de chants poupulàris :

Solüssiun ed Costantino NIGRA Ed solüssiun franc anteressante a sun co cule ideà da Costantino NIGRA (1828-1907) per sue trascrissiun dij Canti popolari del Piemonte.

Adunc la u e la o a sutantendo ij sun italian curispundent, mentre ë, ö, ü a noto ij sun median. Tra ij segn particular a tuca arcordé el digrama nh ch'a sutantend el sun faucal ed la n; c e g ch'a marco el sun palatal de ste cunsunant an fin ed parola o dnans a n'auta cunsunant.

Per avej n'esempi dla grafìa sügerìa dal Nigra ch'as vëda el test arportà sì dapress:

O Pinota, bela Pinota,
namorà-me mi sun di vui
Sun namonrà-me l'autra séira
an bel cumprand i coi da vui

O Pinota, bela Pinota,
d'ún piazì mi voria da vui;
Ël piazì che mi voria,
na noiteja dúrmì cun vui.

Venì sta séira a le set ure,
ch' pare mare saran dúrmì.
Le set ure n'a bato e sunho,
gentil galant a l'è rivà lì.
E d'ún pë l'à picà la porta:
O Pinota, venì a durvì.
Mi sun discáussa, an camizola,
i póss nen venì-ve a dùrvì.

Mostro la grondo varietat fin d’uèi de l’ourtougràfio del piemountés, e counclus vers la fi que :

L'ünificassiun ed la grafìa a dovrìa co esse n'ocasiun per semplifichela e rendla pi esplìssita, ant el sens che a minca sun a dovrìa curispunde so segn particular. An
fasend parej a tuca, bin anteis, tene cunt ed la tradissiun, ma co dla situassiun particular del piemunteis d'ancöj.

Adunc, a tucrìa parte dal prinsipi che ij sun cumün al piemunteis e a l'italian as devo notesse cume an italian, cum a l'avìa fait Costantino Nigra ant la trascrissiun dij Canti popolari del Piemunt.

Per ij sun ch'a esisto nen an italian, per esempi cuj vocàlic median, a tuca esse bin ciair e a bzogna fé ricurs a ed segn franc esplìssit e ch'as cunfundo nen cun d'autri. Da la presentassiun pena faita dle grafìe piemunteise a l'é belfé capì che sti segn a esisto già ant la tradissiun nostrana. As trata dij segn ö/eu e ü/u che a vnirìo propi a taj perché ch'a farìo el paira cun la ë per noté le vocaj mediane.

A venta dì che la solüssiun a sarìa nen na novità ma pitost n'arturn a la tradissiun popular e sientìfica ch'a l'ha ij so antessedent ant l'övra de stüdius cume Costantino Nigra e Alì Belfadel, dui tra ij pi grand espert ed lenga e ed cultüra piemunteisa del passà. Costantino Nigra, cum as sa, a l'é stait un dij piunié ant el camp ed l'etnocultüra e la grafìa ch'a l'ha seguì per noté le cansun popular del Piemunt a l'ha fait scola.

An efet a tuca dì che an géner cuj ch'a cöjo o ch’a trascrivo ed cant tradissiunaj piemunteis as baso ancura an sl'övra ed Nigra, e son bin s'a sìo sürtìe vaire gramàtiche e fojet per spieghé la grafìa dij Brandé.

Damondo quitomen d’abandouna li quauques –O atones prounounciats /u/ que i o dien la « grafìa standard » per de razous etimoulougicos e istouricos e d’escrieure sistematicomen U quand se prounoùncio U. Atau acò fario l’estàuvi di Ò, puèi que la O sario toujour tounico :

Abinand un segn a minca un sun, nen mac as semplificrìu le cose, ma se sluntanrìu gnanca da cule ch'a sun noste tradissiun. E tüt a sarìa pi sempi dzurtüt per cuj
ch’a sun ancura abituà a parlé nosta lenga, ma ch’a l'han mai scrivüla ò lesüla.


Podi pas achaba ma soubre-visto del piemountés sèns mençouna un ome qu’apreciabi, Tòni Baudrier, « Barbo Tòni ». Vaqui ço que n’en dizou, en italiô, puèi qu’escriguè en prouvençau e en piemountés :


Bodrero Antonio Oltre al nome anagrafico di Antonio Bodrero, il poeta occitano è meglio conosciuto con i nomi di Tòni Bodriè, ovvero Barba Toni, ovvero Barba Toni Baudrier, cui è sentimentalmente più legato. Nasce a Frassino, in Val Varaita, nel 1921 e nella sua valle rimane fino alla morte, nel1999. I suoi componimenti nascono inizialmente in lingua provenzale (Fraisse e mèl, 1965, Soulestrelh óucitan, 1971), ma successivamente si concentra sulla poetica in piemontese, anche se sempre contaminata dalle sfumature locali (è questo il caso di versi come quelli di Val d'Inghildon, del 1974, e Sust, del 1985). Le tematiche cui si ispira maggiormente sono la Natura, le montagne e la preservazione di una mondo incontaminato e armonioso come quello delle vallate alpine. Si fa spesso portavoce della tutela delle culture minoritarie, registrando, in alcuni casi, sfumature antiprogressiste: è il simbolo della vita naturale, minacciata dal continuo inurbamento, causa tragica dello spopolamento delle sue amate montagne.



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