mardi 2 juin 2015

Du Culte du Phallus chez les anciens et les modernes, d’après l’ouvrage de Jacques-Antoine Dulaure - textes choisis par Catarino Lacroix







Extraits choisis d’après l’ouvrage de Jacques-Antoine Dulaure, Des Divinités génératrices, ou du Culte du Phallus chez les anciens et les modernes, Éd. Dentu, Paris, 1805   

«  Saint Foutin de Varailles était en grande vénération en Provence. On lui attribuait la vertu de rendre fécondes les femmes stériles, de raviver les hommes nonchalants, et de guérir leurs maladies secrètes. En conséquence, on était en usage de lui offrir, comme on offrait autrefois au dieu Priape, des ex-voto en cire, qui représentaient les parties débiles ou affligées.  
« On offre à ce saint, lit-on dans la Confession de Sanci, les parties honteuses de l’un et de l’autre sexe, formées en cire. Le plancher de la chapelle en est fort garni, et lorsque le vent les fait entre-battre, cela débauche un peu les dévotions en l’honneur de ce saint. Je fus fort scandalisé, quand j’y passai, d’ouïr force hommes qui avaient nom Foutin. La fille de mon hôte avait, pour sa marraine, une demoiselle appelée Foutine . » 

Le même saint était pareillement honoré à Embrun. Lorsqu’en 1585 les protestants prirent cette ville, ils trouvèrent parmi les reliques de la principale église, le Phallus de saint Foutin. Les dévotes de cette ville, à l’imitation des dévotes du paganisme, faisaient des libations à cette idole obscène. Elles versaient du vin sur l’extrémité du Phallus, qui en était tout rougi. Ce vin, reçu dans un vase, s’y aigrissait : on le nommait alors le saint vinaigre.  « Et les femmes, dit l’auteur qui me fournit ces détails, l’employaient à un usage assez étrange. »    
 Il ne donne point d’autres éclaircissements sur cet usage ; je le laisse à deviner 

À Orange, il existait un  Phallus : il faisait l’objet de la vénération du peuple de cette ville. Plus grand que celui d’Embrun, il était de bois, recouvert de cuir et muni de ses appendices. Lorsqu’en 1562, les protestants ruinèrent l’église de saint Eutrope, ils se saisirent d’énorme Phallus et le firent brûler sur la place publique.
Une fontaine, située près d’Orange, dont les eaux, à ce que croyaient les bonnes femmes, avaient la vertu prolifique, a peut-être fait naître l’idée d’établir dans la ville un simulacre qui eût la même vertu et produisît les mêmes effets ; et Priape se trouva en rivalité avec la naïade de la fontaine dont les eaux étaient bues par les femmes stériles qui voulaient cesser de l’être.
(...........)  

En Auvergne, à quatre lieues de Clermont, près de l’ancienne route de cette ville à Limoges, est, sur la partie orientale d’une montagne, appelée Tracros, un rocher qui semble en être détaché. Ce rocher isolé présente de loin la forme d’une statue.  
Les habitants le nomment saint Foutin. Ce rocher, ainsi dénommé, n’aurait point de rapport à mon sujet, et pourrait être pris pour l’image de saint Photin,  si la forme de cette espèce de statue n’était pas caractérisée de manière à ne laisser aucun doute sur le motif de sa dénomination. En effet, en se plaçant dans la plaine qui est au nord ou au nord-ouest de la montagne de Tracros, on s’aperçoit que saint Foutin a les formes phalliques énergiquement prononcées.
On ne doit pas douter que les habitants du canton n’aient rendu un culte à cette figure. Sa dénomination de saint le prouve, et l’on y conserve la tradition des cérémonies superstitieuses qui s’y pratiquaient autrefois.
Les habitants du Puy-en-Velay parlent encore de leur saint Foustin, honoré dans leur ville à une époque très rapprochée de la nôtre, et que venaient implorer les femmes stériles. Elles raclaient une énorme branche phallique que présentait la statue du saint. Elles croyaient que la raclure, infusée dans une boisson, les rendrait fécondes. »

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