samedi 30 novembre 2013

J. Tellier : MICHANT-PARTIT







MICHANT-PARTIT 



Jupiter en faguent das Astres l'inventari,
Vejèt que lou sourelh èra celibatari!
Seriò d'age soudis, l'avèn desoublidat,
Ia pas res de perdut, sera lèu maridat.
Sans cercà la bèutat, lou genre, la fourtuna,
A l'Astre trelusent, ie prepausèt la Luna!
Jujas de la furou de nostre grand calel,
Pensèt que Jupiter se vouliò trufa d'el.
Oufri al grand Phebus, una femna pichota!
Un astrilhou de nioch, un luquet de machota!
Un astre vagabound, qu'es panle coum' un lum!
S'amagant per pas res, detras un nivoulum!
Vous sanjant de quartiè, tant que ia de semanas
Lou sourelh trucariò sous raisses per de banas!
Jupiter, Jupiter, laissa-s-hou tout coum' es,
Sabes-be que ta Luna es plena cada mes!
Una Cigala en plen ivèr
Vouliò cantà soun pichot èr.
Era segur destimbourlada,
Lou lendeman sieguèt jalada!
Faguen hou tout couma se dièu,
Dansèn l'ivèr, canten l'estièu. 



*+*+*


 

jeudi 28 novembre 2013

N Dal Falco : 2 poesie + 2 pitture - (2011/2013)






Nel cielo dei Rosai e dei Carrà,
Nel cielo dei Tirreni,
C’è la pittura che sprofonda,

Passata nelle viscere.
Abside riversa di colori,
Luce da luce calcinata.

Sopra lo spigolo di un tetto,
Sull’orlo provvisorio della spiaggia,
Il celeste aspetto delle cose,

Combusto nella fiamma
D’ogni desolato inizio,
È steso a raffreddare.


*+*+*




Lento indugio d’albe
Occidentali

Sui fianchi striscia
Aurora

Qualcosa porta

Di promiscuo e saggio
Un incedere bianco




calle Barquillo
3 settembre 2013



 *+*+*



Nicola Dal Falco

Le Signore del tempo

Ey de Net e Dolasíla







dimanche 24 novembre 2013

Ive Gougaud : LE FELIBRIGE PERSISTE…





LE FELIBRIGE PERSISTE…




    … dans son refus absolu d’admettre une autre position linguistique que celle qu’il partage avec les occitanistes : il n’existe selon lui qu’une seule langue d’oc. Pourquoi pas ? Il suffirait de nous convaincre que ce « camin de verita » est le « soulet » en matière d’analyse linguistique et socio-linguistique.

UNE SEULE LANGUE D’OC, DE SUISSE EN CATALOGNE !!
    Le dernier numéro de LOU FELIBRIGE s’emploie très largement à faire savoir cette « vérité » avec deux longs articles. Commençons par le plus distrayant, le plus folklorique : de la page 18 à la page 22, le « sòci dóu Felibrige » Henri Niggeler nous parle de la Suisse romande, avec les affirmations ébouriffantes que voici (l’article est en français) :
    Ce domaine linguistique /celui de la « langue d’oc », évoquée par Ramuz/ comprenant la Provence et tout le bassin rhodanien, dès sa source en Haut-Valais jusqu’à la Méditerranée. (p.18)
    Tiens ! On savait que Mistral, dans ses rêves très peu linguistiques, avait annexé les pays francoprovençaux à son Empèri dóu Soulèu (ce qui nous vaut des citations d’auteurs de Saint-Etienne ou Grenoble dans son Trésor du Félibrige), mais le pays suisse romanche, ça il ne l’avait pas osé : hé bien, voilà qui est fait, dans la revue officielle du Félibrige, en 2013. Comme quoi il n’est jamais trop tard pour sortir des inepties.
    Mais vous n’avez encore rien lu : voilà la suite des divagations du Sòci :
    C’est la langue /remarquez le singulier/ des Pays du Rhône. Cette langue romane franco-provençale, liée à la langue d’oc…
    On nage dans le plus épais des mystères : quelle est donc cette mystérieuse « langue des pays du Rhône » ? On vient de nous affirmer que c’est la « langue d’oc », et voici qu’on l’appelle « langue romane franco-provençale », langue qui serait distincte de ladite « langue d’oc ». Si quelqu’un comprend ce charabia, qu’il m’écrive en urgence, d’autant plus que la phrase n’est pas terminée :
    … représentait un chapelet de dialectes :…
    Bon, voilà un imparfait qui complique la situation : on parlerait donc d’une ancienne langue ? d’une langue disparue ? pourquoi pas, mais à quoi pouvait-elle bien ressembler, alors ? Accrochez vos ceintures, voici la description « scientifique » (comme dirait le spécialiste J.C. Bouvier, voir plus bas) de cette « langue d’oc/ langue des pays du Rhône / langue romane francoprovençale », avec la liste de ses dialectes :
    …un chapelet de dialectes : catalan, gascon, limousin, auvergnat, provençal, dauphinois, lyonnais, savoyard, genevois, vaudois, fribourgeois, valaisan, romanche, etc.
    Donc la « langue d’oc » s’étendait de la Catalogne aux montagnes romanches en Suisse, car on glissait insensiblement d’un dialecte à l’autre… mais à travers ces variétés, il y avait un fond commun, une unité certaine, bien que souvent inapparente et parfois difficile à retrouver. (page 18)
    Mistral, dans son rêve de « grande Provence » avait incorporé la langue catalane et la langue francoprovençale ; aujourd’hui le Félibrige nous annonce une grande nouvelle : la langue romanche fait elle aussi partie de la famille « romane francoprovençale » ! Même si ce n’est qu’un Sòci qui délire, il se trouve que ce délire est publié dans la revue officielle du Félibrige, et qu’il reflète donc la position linguistique des « héritiers de Mistral »… héritiers, cela va sans dire, des rêves, fantasmes et contre-vérités linguistiques du Maître de Maillane qui était (faut-il donc toujours le rappeler à ses « héritiers » ?) un immense poète mais un linguiste à visto de nas…

DE L’IDENTITÉ PROVENÇALE
    Le second article, bien plus étendu (de la page 4 à la page 11) est aussi le plus intéressant pour nous, car il aborde un sujet capital : celui de « l’identité provençale ». Article écrit en français mais traduit ici en provençal (sous-dialecte rhodanien, selon la terminologie « scientifique » du Félibrige) et dont le titre est déjà sujet à caution : « L’amiro DÓU lenguisto sus l’identita prouvençalo », car ce « point de vue DU linguiste » est présenté comme celui de TOUS les linguistes, alors qu’un peu de décence (ou de prudence) aurait conduit à titrer « L’amiro D’UN lenguisto… ». Passons.
    Son auteur n’est pas n’importe qui : le Professeur Jean-Claude Bouvier est un spécialiste incontesté des parlers provençaux, étant entre autres le maître d’œuvre de l’Atlas Linguistique de la Provence. Son article est d’ailleurs illustré de 10 cartes linguistiques, certaines rendues illisibles par leur taille réduite (par exemple au bas de la page 5). Bien sûr, on voit déjà apparaître le mot « occitan » sur le titre de la seconde carte, dès la première page de l’article, mais commençons par le commencement, et donnons tout de suite notre propre point de vue sur l’ensemble de l’article, qui s’articule en 4 grandes parties : dans les 3 premières, tout m’apparaît juste dans la formulation car l’auteur parle de son domaine, à savoir les parlers de Provence. Et puis, dans la dernière partie, tout bascule car le dialectologue abandonne sa casquette pour celle de l’occitaniste qui va essayer de transformer une étude linguistique en démonstration idéologique, avec les belles contradictions que nous allons relever dans son propre discours.
    Je me propose de suivre le déroulement de cette étude partie par partie, en donnant (en provençal, langue de la traduction qui nous est donnée) les titres choisis par l’auteur :
1. Lou councèt d’identita
    Ce concepte est, dit l’auteur, dangereux à manipuler, mais pourtant nécessaire : « basto de lou maneja emé prudènci, valènt-à-dire em’un pessu de rigour scientifico » (p.4). Nous en serons bien d’accord, mais nous verrons que l’auteur, plus loin, va se libérer allègrement de ce devoir de rigueur scientifique…
    Suivent des considérations intéressantes et justes sur ce qu’est un ensemble linguistique comme la Provence : toute langue est faite de différences et de ressemblances, c’est connu depuis longtemps, mais l’auteur affirme ici que « la founcioun diferenciativo passo la founcioun coumunicativo » (p.5), autrement dit que le désir de se différencier est plus fort que celui de communiquer.
2. Uno identita prouvençalo ?
    D’entrée de jeu, l’auteur affirme qu’elle est réelle et observable : « …aquesto identita, o pulèu aquesto quisto d’identita, es uno realita que se pòu óusserva encò de noumbrous Prouvençau ». On remarquera que là se trouve précisément l’origine indiscutable du mouvement qui en Provence a donné naissance à de grands regroupements comme l’Unioun Prouvençalo ou le Collectif Prouvènço…
    L’auteur constate, ici encore, que la dialectique ressemblance/différence est à l’œuvre mais il conclut que cette situation présente « tóuti li risque de counfrountacioun que poudèn imagina, mai tambèn la necessita de viéure ensèn e lis escasènço vertadiero d’aprendre la toulerànci. » (page 6) : qui ne souscrirait pas à ce jugement, à la fois nuancé et fidèle à la réalité culturelle provençale ?
3. L’amiro dóu dialeitoulogue
    L’auteur entre maintenant dans le « noyau dur » de sa communication : que dire de l’identité provençale du point de vue de la langue ? Une fois de plus, unité et variété sont à l’œuvre, on trouve évidemment des nuances et oppositions de tous ordres d’un coin à l’autre de la carte des pays provençaux, et il est évident (l’Atlas le montre avec précision) que la langue n’est pas la même entre Nice, Marseille, Avignon et Gap. Mais l’auteur affirme, point de vue important, que « ço que mostron forço bèn li carto de l’Atlas, es la relativita de la divisioun en varieta lenguistico. » (page 7). Autrement dit, en Provence, ce concept d’ « identité » est valide : l’auteur oublie simplement de nous dire que cette identité est réelle parce que LES PROVENÇAUX SAVENT QU’ILS SONT PROVENÇAUX ! Et comment articuler cette affirmation avec celle, contradictoire, de la première partie : « la founcioun diferenciativo passo la founcioun coumunicativo » ?
    A cette question, que l’auteur se garde bien d’aborder, nous apportons la réponse suivante : en Provence la « fonction communicative » est plus forte que la « différenciative » pour la bonne et simple raison que les Provençaux ont en partage  UNE LANGUE, qu’ils en ont conscience et donc qu’ils privilégient la communication (l’unité) au détriment de la différenciation : dans un ensemble linguistique solide, les variétés existent mais tendent à se mélanger. Par contre, dès lors que le sentiment d’unité linguistique n’existe plus (et c’est le cas de la fameuse chimère occitane), alors ce sont les forces de différenciation (donc d’opposition) qui jouent à plein : les Provençaux utilisent une langue qu’ils appellent de son nom historique : « langue provençale » ou simplement « provençal », et ils l’opposent naturellement à d’autres variétés linguistiques qui, même voisines, sont ressenties comme DIFFERENTES, donc étrangères à leur IDENTITÉ PROVENÇALE.
    L’auteur, d’ailleurs, ne semble pas dire autre chose quand il termine cette partie par la phrase suivante : « Acò basto pèr nous faire touca dóu det l’impourtanço e l’ancianeta dóu brassage lenguisti en Prouvènço, e ansin la couërènci, l’oumougeneïta, l’unita, tras la grando diversita di parla prouvençau » : voilà une phrase que, j’en suis sûr, Henri Féraud et Jean-Pierre Richard seraient prêts à signer des deux mains, car elle explique clairement et justifie pleinement leur engagement en faveur de la langue provençale.
4. Lou prouvençau e la lengo d’o
    C’est maintenant qu’il faut dire adieu au dialectologue et bonjour à l’idéologue occitaniste. L’auteur commence par relever l’ambiguïté du terme « provençal » chez Mistral ; il, prétend même que pour Mistral et le Félibrige cette ambiguïté a été voulue (il parle d’un « jeu » sur le terme, et je lui laisse la responsabilité de ce jugement, qui ne me semble pas très flatteur).
    On passe ensuite au fameux Tresor dóu Felibrige, ou l’ambiguïté du terme éclate dans le titre : « Dictionnaire Provençal-Français », donc « provençal = langue » et dans l’article « dialèite » où le mot « provençal » désigne en effet un dialecte. Ce qui devrait suffire à prouver, aux yeux de tout observateur un peu sensé, que Mistral n’est pas un linguiste ! Mais l’auteur n’en a cure : il s’empresse de déclarer, lui le « scientifique », que ledit article « dialèite » mostro que /Mistral/ a uno vesioun proun claro e justo de la naturo e de la realita de la lengo d’o (page 9). En voulez-vous la preuve : Mistral partage sa « langue d’oc » en SEPT dialectes ! Parce que les occitanistes nous ont habitués à voir l’espace « occitan » partagé en 6 variétés dialectales (limousin, auvergnat, « dauphinois », gascon, languedocien et provençal), on est en droit de demander à Mistral (et donc à JC Bouvier et au Félibrige actuel) ce qui caractérise, d’un point de vue linguistique, ce septième dialecte, baptisé « aquitain » ? Allons chercher la « verita » dans le TDF, à l’article « aquitan » : on y trouvera cette magnifique et combien éclairante explication : « Lengo aquitano, idiome gascon et limousin ».
    Donc l’ « aquitain »  de Mistral est un dialecte dans l’article « dialèite » et une langue dans l’article « aquitan » !! Et cette « langue » se compose de deux « dialectes » de la « langue d’oc », le gascon et le limousin !!!
    On voit que MM les catau du Félibrige et les « spécialistes » comme JC Bouvier vont avoir fort à faire pour qu’on avale une telle bouillie linguistique : il ne suffira pas d’affirmer, comme l’auteur de l’article, que « aquésti paraulo de Mistral agradon mai-que-mai au lenguisto de vuei ». Car ce n’est sûrement pas au linguiste que Mistral peut servir de caution, mais bien à l’idéologue occitaniste qui est en train de préparer le terrain à une manipulation que nous allons vous dévoiler, en suivant toujours le cours du « raisonnement scientifique » de l’article.
    L’auteur, nous l’avons vu, avait relevé lui-même les contradictions (selon lui VOLONTAIRES) de l’emploi du terme « provençal », tour à tour « langue » et « dialecte » chez Mistral. Et voilà qu’il enchaîne avec cette extraordinaire phrase :
    Es clar qu’aqueste terme de prouvençau dèu èstre emplega pèr la Prouvènço soulo…
    C’est « clair » pour qui, M. Bouvier ? Je vous ramène, vous et vos admirateurs-suiveurs du Félibrige, au titre même du TDF, « dictionnaire PROVENÇAL-français » et je n’y trouve aucunement cette « clarté » que vous affirmez ici CONTRE MISTRAL ET SON ŒUVRE LEXICALE. Bien sûr je serai le dernier à vous reprocher d’interpréter Mistral selon vos propres vues et vos propres « amiro », puisque c’est ce que nous, les mistraliens pluralistes, faisons sans problème. Mais nous, nous ne prétendons pas détenir le seul vrai morceau de la vraie Croix, et nous n’avons pas déifié Mistral au point de vouloir faire passer tous ses avis et positions pour des paroles d’évangile ! Si vous voulez modifier la pensée et l’expression de Mistral, libre à vous de le faire mais AVEC CLARTÉ et surtout en daignant nous EXPLIQUER en quoi la position de Mistral vous semble dépassée. C’est ce que nous faisons sans cesse, et c’est ce que le Félibrige, cheval rétif, se refuse à faire.
    Mais nous n’en avons pas fini avec la phrase qui marque le basculement définitif de l’article vers l’occitanisme :
    … counsidera ansin, lou prouvençau es uno partido –diren un dialèite en lengage scientifi- d’un ensèn mai larg que ié dison lengo d’o o óucitan (page 9)
    Où est la démonstration ? On l’attend encore ! Mistral disait alternativement : « le provençal est une langue «  et « le provençal est un dialecte » : M. Bouvier et le Félibrige ont écarté sans explication la première affirmation, mais la seconde est devenue la Loi, la Bible où tout « es clar ». Le provençal est un dialecte occitan, point final, la discussion est terminée avant même d’avoir commencé !
    Voilà très exactement l’endroit où le scientifique (dialectologue) cède la place à l’idéologue : les deux phrases suivantes se suivent dans l’article.
    1) Coume cade lengage que fai coumunica li gènt entre éli dins uno coumunauta lenguistico, lou prouvençau a un founciounamen lenguisti couërènt e autounome e dounc es carga d’identita, coume l’avèn vist.
    Cette phrase, qui définit parfaitement la LANGUE PROVENÇALE et son fonctionnement AUTONOME dans sa COMMUNAUTÉ LINGUISTIQUE (je reprends les termes mêmes de l’auteur) est signée : « Bouvier, linguiste dialectologue ». Mais la suivante :
    2) Mai pòu pas èstre defini, analisa e viscu en deforo de soun apartenènci à la lengo d’o, de tau biais qu’aquesto identita prouvençalo, dóu poun de visto lenguisti, es uno partido d’uno identita mai largo, dins la qunto es la realita touto e l’istòri de la lengo d’o que se trobon espremido. (page 8)
est clairement signée « Bouvier, occitaniste conscient qui n’a que faire des preuves ». Tout le catéchisme occitaniste se déroule ici dans cette impeccable démonstration :
    - Le provençal fonctionne comme une langue autonome
    - mais le provençal N’EST PAS une langue (pourquoi ? où sont les preuves ?)
    - DONC (admirez le raisonnement !) le provençal est un dialecte occitan
    - ET DONC l’identité provençale n’existe pas, NE PEUT PAS EXISTER (« pòu pas èstre defini, analisa e viscu ») en dehors d’une « identité occitane » qui bien sûr n’a jamais existé et, n’en déplaise à MM Bouvier et aux Catau félibréens, n’a aucune chance d’exister.
    En bon ouvrier de la cause occitane, l’auteur va maintenant essayer de prouver ce qu’il affirme, à savoir qu’ « entre aquésti dialèite i’a de noumbrous tra lenguisti o geo-lenguisti, que dison precisamen la couërènci, l’unita d’evoulucioun e d’estruturo d’aquesto lengo » (page 10). Enfin, nous allons donc savoir ce qui rend cette « langue occitane » si évidente aux yeux du « scientifique » comme des Catau du Félibrige. Je demande au lecteur de bien retenir la présentation de la description qui va suivre : l’auteur nous dit qu’il va montrer PRECISEMENT (car c’est un « scientifique, ne l’oublions pas) l’UNITÉ de cette langue occitane. Suivent 5 traits que l’auteur a, on le suppose, soigneusement choisis pour établir sa démonstration unitaire : suivons-le pas à pas.
    1) « counservacioun de la ditongo AU dóu latin ». Notre professeur ajoute ce commentaire : « la carto /page 7/ mostro qu’un pichot courredou au nord soulamen, que fai la transicioun emé li lengo vesino (lengo d’oil e franco-prouvençau) escapo à-n-aquelo counservacioun » (page 10)
    Un « petit corridor » dites-vous ? Allons voir cette carte… et constatons que ce « corridor », qui est effectivement bien étroit entre provençal et francoprovençal, est tout le contraire du côté ouest de l’ « Occitanie » : quasi-totalité du Puy-de-Dôme (cœur du « dialecte » auvergnat), totalité de la Creuse et de la Haute-Vienne (cœur du « dialecte » limousin), totalité de la Charente « occitane » et moitié de la Dordogne.
    « Pichot courredou », M. Bouvier ? Qui ment, vous ou votre carte ?
    2) « plurau nouminau en –s » : extraordinaire démonstration de l’unité occitane, surtout vu de Provence, sachant que tout le système graphique mistralien repose sur la non notation de ces –s fantomatiques dans la langue du prix Nobel de Littérature !! Il est vrai que pour le Professeur Bouvier, les provençaux ont abandonné leurs S « souto l’enfluènci dóu francés » (page 10). L’occitaniste d’Action Française Ismael Girard nous avait déjà expliqué que la langue de Mistral était un « macaroni toscan » : voilà que le Félibrige nous explique à son tour que la langue des Provençaux est un tian francimand. Quant aux Limousins et Auvergnats, eux non plus ne marquent plus leur pluriel en –S : ils ont « vira vers un autre sistèmo », ainsi que le reconnaît l’auteur. Donc si on résume, la langue « occitane » est merveilleusement unie autour d’un pluriel en –S qui n’existe ni en provençal ni en auvergnat ni en limousin !!!
    3) ce 3e point est si simple à énoncer que je laisse ce plaisir à l’auteur : « uno tendènci pamens à la casudo de l’-S desinenciau, pèr voucalisacioun en –i, dins li determinant plurau » (page 10), avec renvoi à une carte qu’on supposera être celle de la page 8, où elle apparaît sans aucune légende.
    Pour être clair : l’article LES au féminin apparaît dans CINQ zones différentes : deux zones (séparées par le couloir rhodanien) où l’on dit LAS ; une zone au nord où l’on dit LA (avec perte totale du –S) ; la zone provençale qui dit LI ou LEI ; une zone centrale, enfin, où l’on dit soit LAI soit LEI soit LAH.
    Tout cela, ne l’oubliez pas, vient à l’appui de l’ « unité », de la « cohérence » de la langue « occitane ». Et il s’agit d’une démonstration « précise », selon son auteur. CQFD.
    4) « d’iero leissicalo souvènt uniformo sus l’ensèn dóu territòri ». Voilà qui est intéressant et pourrait nous convaincre, même si les deux mots choisis sont loin d’être parmi les plus courants dans notre langue au XXIe siècle : il s’agit des mots « son » (produit des céréales) et « jument ».
    Pour le premier, l’auteur affirme que le type « bren » « a resta dins la maje partido de la lengo d’o, e meme dins lou Peitau que dins lou tèms èro de lengo d’o » (page 10). Vérifions sur la carte page 9 : le « bren » monte en effet très haut, jusqu’à Nantes (est-ce bien étonnant s’il est vrai que, dixit l’auteur, le mot « nous vèn dóu galés » ? Mais le « bren » est inconnu au nord du Puy-de-Dôme, de la Creuse et de la Haute-Vienne (région que l’auteur, décidemment, aime bien « oublier »), alors qu’il est bien présent en pays de langue francoprovençale… et qu’une grosse partie de la Provence connaît un autre type « rassé » (attesté par le Dictionnaire français-provençal de Coupier et bien sûr par Mistral). Merveilleuse « unité » de la « langue d’oc », qui déborde largement sur les langues française et francoprovençale, en laissant de côté le nord et l’est de la belle « Occitanie »…
    Voyons la seconde carte (aussi page 9), « jument », qui a eu droit au commentaire suivant de l’auteur : pour nous convaincre que la « cavale » est typiquement « occitane », on la donne comme « especificita leissicalo… à respèt dis àutri lengo roumano ». D’entrée de jeu, je me demande si par hasard M. le Professeur ne se moquerait pas carrément de nous : j’ouvre mon dictionnaire Larousse et je constate (ce que je savais par l’usage) que le mot « cavale » est tout à fait français, avec comme explication un seul mot : « jument ». Comme « spécificité lexicale », voici un exemple on ne peut mieux choisi ! Mais en plus, la carte dit tout le contraire de l’auteur : elle ne court PAS sur toute l’Occitanie, la cavale de M. le Professeur. Une fois de plus, le nord du territoire a été « oublié » : Dordogne, Corrèze, Creuse, Puy-de-Dôme, autant de « détails de l’histoire » qu’il vaut mieux ne pas voir puisqu’ils osent employer le mot « jument ». La « cavale », pour sa part, est tellement spécifique aux occitans qu’elle monte au galop bien au nord de Lyon, jusqu’en Suisse, englobant tout l’Ain et toute l’Isère… Sans compter qu’une grosse partie du Massif Central « occitan » (Haute-Loire et Cantal en entier, moitié du Puy-de-Dôme et de la Lozère) ne connaît pas la « cavale » de M. Bouvier, mais l’ « ègo ».
    Il y a pire encore (si possible) : j’ai eu la curiosité de vérifier sur l’Atlas du Languedoc Oriental (carte 501) la présence de cette fabuleuse « cavale » : elle est bien en effet présente presque partout… mais elle coexiste avec le type « ègo », et donc la carte donnée par M. Bouvier est partielle pour ne pas dire partiale : l’honnêteté eût voulu qu’on signale cette extension de l’ « ègo » à quelques localités du Gard, de la Lozère et de l’Aveyron (où l’on a même une localité qui dit « ègo » et jamais « cavalo »)… m    ais cette honnêteté, on le comprend, eût quelque peu mis à mal la démonstration de l’ « unité lexicale » de la « langue occitane », à vrai dire déjà réduite à néant par la simple étude un peu attentive des deux malheureux exemples que l’auteur a cru bon de nous donner !
    5) Et voici, en guise de bouquet final, le dernier exemple de l’UNITÉ de la langue « occitane ». Vous avez bien enregistré ce mot d’UNITÉ, que les exemples donnés sont censés démontrer ? Alors vous êtes prêts pour le spectacle, que je vous donne en version originale sans sous-titres :
    « uno raro entre nord e miejour que travesso l’ensèn dóu territòri de la lengo d’o e que desseparo li parla dóu miejour di parla dóu nord, aquésti aguènt quasimen evouluna dóu meme biais… »
    On comprend bien que l’auteur s’émerveille ici sur le fait que les parlers « nord-occitans » aient évolué de la même façon (ce qui est faux : le « vivaro-alpin connaît une chute des intervocaliques qui en fait un groupe bien à part), mais quand même : donner pour preuve d’ « unité » la séparation de l’ « Occitanie » en nord-occitan et sud-occitan, il fallait y penser ! Mais le Félibrige, dès qu’on parle linguistique, ne recule devant aucun sacrifice… surtout lorsqu’il s’agit de sacrifier la vérité et l’évidence.
    Reprenons les cinq preuves de la merveilleuse « unité de la langue occitane » : il n’y en a AUCUNE qui puisse, même avec de la bonne volonté, emporter l’adhésion, bien au contraire : c’est le caractère totalement factice de cette « Occitanie » qui apparaît dans les cartes linguistiques que M. Bouvier et le Félibrige ont eu la naïveté (ou la morgue ?) de nous fournir avec cet article, sans parler de la mauvaise foi évidente des commentaires qui les accompagnent, car personne ne me fera croire qu’un linguiste aussi compétent que M. Bouvier ait pu se tromper dans ses commentaires : non, il est tout à fait conscient et il trompe ses lecteurs, ce que je lui pardonne difficilement comme linguiste. Il est vrai que, comme je l’ai déjà dit, l’homme de terrain a laissé la place ici à l’idéologue, à l’occitaniste pour qui la vérité peut bien souffrir quelques entorses puisqu’on défend « la Cause »
 
 
 

    La conclusion de tout cela est attendue : la linguistique de M. Bouvier, toute au service de l’unitarisme occitano-félibréen, ne peut que nous asséner la lourde leçon de morale qu’on a l’habitude d’entendre chez les Catau et les occitanistes : pour un vrai renouveau de la langue, il faut obéir à deux commandements :
1. « uno lengo d’o unenco, coustituïdo de dialèite, E NOUN PAS uno pluralita de lengo » (souligné par moi)
2. « li liame que PODON PAS èstre trenca entre l’unita e la diversita, dins la fourmacioun e dins la vido d’aquesto lengo » (page 11)
Une couche finale, pour les récalcitrants : « Tóuti aquéli que soun afouga pèr la quisto de l’identita prouvençalo, o de l’identita gascouno, lemousino… -e acò es legitime !- DÈVON BÈN COUMPRENDRE que, pèr èstre fruchouso, aquesto quisto A BESOUN d’èstre acoumpagnado d’uno VESIOUN FORÇO CLARO de la NATURO VERTADIERO DE LA LENGO que dis aquesto identita. » (ce qui est souligné l’est par moi)
    Bien sûr, M. Bouvier a bien le droit de croire (ou de faire semblant de croire) au Messie Occitania. Mais j’affirme avec force qu’il est intellectuellement MALHONNETE (et même SCANDALEUX), de la part d’un linguiste de sa taille, de mélanger sciemment considérations scientifiques et idéologiques, en essayant de faire passer les unes sous le couvert des autres.
Le mandarin ici a clairement repris du service… Je ne sais pas si c’est le fait d’être Cévenol, donc reboussiè, mais ce type d’injonction a le pouvoir immédiat de me mettre en état de révolte et de résistance : c’est cela le Félibrige ? c’est ce tissu d’inepties, sa position linguistique ? Qui pense-t-on impressionner avec de tels arguments d’autorité ? N’y a-t-il pas là une preuve flagrante que lorsqu’on est jacobin dans son idéologie, on devient brutal et méprisant ? Et les peuples d’oc (désolé pour le pluriel !) seront-ils encore longtemps considérés comme des moutons qu’on envoie paître dans les verts pâturages occitans sans que personne ne se lève pour dire non ? Tout cela me semble d’un autre siècle, le XXe, celui des idéologies totalitaires… sauf que ni le Félibrige ni les occitanistes ne disposent d’une armée ou d’une police politique, donc vos injonctions, Messieurs les Catau de l’Université ou du Félibrige, nous les recevrons avec tout le mépris qu’elles méritent : elles ne peuvent que nous renforcer dans notre conviction que vous n’êtes pas à la hauteur de vos responsabilités.

    Heureusement, cet exercice de camouflage ne pourra convaincre que les catau (déjà convaincus) et les quelques gogos qui, sans avoir réfléchi au fond de l’article, se contenteront de croire qu’un texte illustré de cartes linguistiques est nécessairement le « camin de verita » qu’on doit suivre sans réflexion, puisqu’il est publié dans le bulletin officiel du Félibrige.
    Je n’en veux certes pas au professeur Bouvier, qui dit ce qu’il veut là où il veut, même si sa prétention à vouloir empêcher les Provençaux de se vivre comme Provençaux (« pòu pas èstre VISCU en deforo de soun apartenènci à la lengo d’o », cf. plus haut) m’apparaît d’une insupportable suffisance (moi le Professeur d’Université, je vous dis à vous, bas peuple,  ce que vous devez ressentir et ce que vous avez le droit de vivre et de ne pas vivre : quelle morgue tranquille et si occitaniste !)
    Non : j’en veux au Félibrige qui, une fois de plus, montre à la fois ses criantes insuffisances en matière d’analyse linguistique et son alignement, en conséquence, sur l’occitanisme le plus extrémiste. Je constate, hélas, que nos multiples « remontrances » ne servent de rien : le Félibrige se trouve engagé, corps et âme, dans une opération idéologique autour de l’ « unité de la langue d’oc/occitan » qui ne peut que le livrer pieds et poings liés à son pire ennemi, l’occitanisme.
    Le ver est déjà, on le sait, dans le fruit : parcourons une dernière fois ce bulletin LOU FELIBRIGE pour observer la langue des responsables des maintenances.
    Aquitaine (pages 27-29) : tout en occitan. Et quelle langue ! Savez-vous comment on dit « Au cours d’une cérémonie » en aquitoc ? « al cors d’una ceremonia » (p.27). Et « Le pot de l’amitié » ? « lo pòt de l’amistat » (p.27). « Au sein des associations » ? « al senh de las associacions ». « Le dépôt de gerbes » ? « lo depòt de gèrba » (p.28). Tout ça signé par le MAJOURAU  Pontalier…
    Auvergne (pages 30-31) : tout en occitan. Mais la langue est bonne.
    Gascogne-Haut Languedoc (pages 31-33) : tout en occitan. Page 32, Philadelphe (de Gerde) est constamment évoquée sous une graphie « Filadelfà », qui me semble bien baroque : je ne connais pas le béarnais, mais si j’en crois l’Armana prouvençau, elle signait elle-même « Filadelfo » et pas « Filadelfà »
    Limousin (page 35) : tout en occitan. Mais le Majoral Valière, qui signe l’article, devrait faire attention : ne termine-t-il pas sa « credada » par le slogan suivant : « Un mesme païs, ‘na mesma lenga : lo Lemosin » ? Oser prétendre, dans le Félibrige actuel, que le limousin est une langue ??? Allez, Majoral, lisez et relisez le credo du linguiste officiel du Félibrige, JC Bouvier, puis allez faire amende honorable, un cierge à la main, agenouillé devant la croix d’Occitania !
    Bref, quatre maintenances sur six sont entièrement acquises à la cause occitane. En Provence, noblesse oblige, on écrit encore la langue de Mistral mais pour y faire la publicité d’un colloque occitaniste  « L’occitan en Provence-Alpes-Côte d’Azur » (page 36)
    Mon ami Serge Goudard m’avait, il y a quelques années de cela, convaincu de ne pas abandonner le Félibrige. J’avais suivi ses conseils. Aujourd’hui, c’est lui qui me dit son découragement et sa volonté d’abandonner un bateau qui part à vau-l’eau. Et j’ai à nouveau envie de le suivre : pourquoi en effet continuer à faire semblant d’être à l’aise dans une organisation qui s’évertue à trier le bon grain jacobino-occitan de l’ivraie pluraliste,  et nous rejette sans vouloir ouvrir le moindre dialogue ?
    Je connais dans le Félibrige des gens admirables de science et de dévouement, des Majoraux compétents, et des félibres qui mériteraient cent fois la Cigale ; j’ai de l’amitié pour JM Courbet, en dépit du rôle très néfaste qu’il a joué ces dernières années ; j’ai pour Jacques Mouttet du respect, tant pour sa personne que pour sa personnalité, que je trouve attachante. Mais le Félibrige est atteint de hollandisme, une maladie à la mode : incapacité à penser la situation dans sa complexité et à en tirer une ligne de conduite claire,  incapacité à prendre des décisions courageuses parce qu’elles seraient douloureuses, acceptation béate d’un statut-quo qui, peu à peu, délite l’organisation et décourage les bonnes volontés…

    Alors, comme disait le très prudent Mistral, attendons, veiren veni…
 
 
Yves Gourgaud, Felibre Mantenèire (de que ?)
 
 
 
En Cévennes, novembre 2013



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vendredi 22 novembre 2013

Jasmin : LA COUROUNO DEL BRÉS - part II & fin - 1856







II 



Or, arribèt, apèy, que la tèrro estarido,
Penden tres estious sans calous,
N'aguèt bregnos ni segazous.
La Caritat, endoulourido,
Sounèt soun batsen piétadous.
La Franço y respoundèt et des quatre cantous.

— Es alors qu'uno Muzo al pastouret bizatge,
Febloto pel l'esprit, mais forto pel couratge
Trimèt tan pel paouret qu'al tour d'elo plebiô
May d'un bouquet à soun passatge...
Aquelo Muzo, èro la miô.
La miô que cantabo entraynado,
Sans cregne lou gèl ni la nèou,
De Toulouzo dinqu'à Bourdèou.
— Qui fay bezoun à touts agrado;
Tabé, per me bailla flous, medaillo, ramèou,
Las bilos se fazion rampèou.

Atal passèron quinze annados,
Lous Amits dins moun brès proubignabon, és bray.
En me beyren aymat, Agen m'aymabo may,
Mais de tout bors bezioy mas nichos estelados,
Et ma plaço nudo... jamay!
Ma crezenço fiblet... et debat mas pensados,
Doulén, escantissioy lou rèbe de ma may...

— Mais quin brut lou rebiscolo?
Qu'és acòs?
Qui me lanço la bispolo
Que boujolo
Dins moun çô:
Qu'an dit? Ma bilo és en fèsto!
Un aouta noubial s'aprèsto;
Et moun brès, moun pay de lèy,
Espouzo ma muzo anèy...
Nobio d'Agen, ma pastouro!
Et dejà fan tinda l'houro...
Et m'entraynon... tout brounzis...
O ma bouno may, perdouno!
Bezi tout ço qu'abiôs bis;
Moun froun toco la courouno,
La glèyzo la benezis...
Ey la glorio la millouno,
Et lou proubèrbi mentis.

— Bilo d'Agen, toun amou me resquito.
Tu que te fas poulido cado jour
A n'en beni la pèrlo del mètjour,
Mèrcio! anèy que jouynesso me quito,
Me fas trouba, pel sero de ma bito,
Sourel de mèl et cami de belour!

T'aymabi-bé dan ta bèlo Garôno,
Et lou Grabè que te sertis de trôno,
Et tous tres pouns, toun sol que tan flouris
Qu'on lou creyô bessou del paradis...
Mais t'aymi may, t'aymi pla may enquèro,
D'aquel moumen que gaouzes, la prumèro,
Prouta qu'un fil aban d'èstre escantit,
Pot èstre aymat, courounat et grandit!
Truques atal la coustumo sebèro.
Litsou per touts! Debat flous et ramèl,
Bal may un froun alucat... qu'un toumbèl!...

Là-bas, sur un toumbèl qu'un bri d'aounou capèlo,
Un noum, trop tar aymat, n'y porto qu'uno estèlo.
Ebé, se jouyne abiô troubat l'amou ches el,
En plaço del lugret, que beyan? un sourel!

— Ma Muzo, en atenden, que t'aymèt jouyno et bièillo,
Bol espragna d'anèy las houretos d'amou.
Tout moun passat se derrebèillo...
Bezi l'èl de ma may rizen bracat sur jou,
Et de ma courouno d'aounou
Legissi cado bren, cado gru, cado fèillo...
Touts mous amits y soun escributs... coumo n'èy!

Quino courouno d'or! bal prèsque la d'un Rèy...
Regayto-lo, Bourdèou! regayto-lo, Toulouzo!
Regayto-lo, Paris! aro l'èy sur moun cat...
Abès fiançat ma Muzo; Agen, fay may... l'espouzo!...
Aquel bounhur m'escrazo... et n'en sèy alucat.
L'aouta noubial me rits... dins soun parfum me plazi...
Glorio et mèl! oh! qu'és dous d'èstre aymat oùn bibèn!
Sent-Alari, — Grabè, Jacoupins, — Sent-Caprazi,
Affichas moun bounhur! que paresque de lèn...
Moun bounhur, lou bezès: dins las bilos oùn courri,
Rizioy pertout... Mais aciou... plouri...



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mercredi 20 novembre 2013

A. Langlade : LA ROUMPUDA






LA ROUMPUDA 



A ULISSE DE BOUSCARAIN 


 
Dins l'airitage pairolau,
Tout ce qu'avem besoun s'atrova;
Mais cau pas este pigre à l'obra
E pas cregne ni frech ni caud.
Per ioi, anam roumpre lou caire
Qu'en gran avem tant assugat,
Dempioi que lou filosserà
A destruch nostes plants, lou laire!

Prenguem bèu tal,
Prefouns, egal.
La terra amara,
Qu'alin s'entarra,
Vengue au dessus!
La sourelhada,
Dins la talhada
Fague cabus.
E, pioi, dins la terra mouventa,
Cabirem lou nouvel vengut
Que, tout en riguent, se presenta
Couma un amic incounegut...

Adejà, dous esper, lou vese en ma pensada
Alairant sous gavels sus la gabia acaurada,
S'agroupant l'un à l'autre emb sous fieusses croucuts,
Escalant l'ouliviè, soun vesin, soun counfraire.
Pioi, dejouta lous caps, rousselets e ramuts,
De petassaus de gruns, befis, lusents, madus,
Couma lous que fasiè nosta vigna, pecaire!

La vigna que moun paure grand
Aviè plantat dins sa jouinessa,
Tout en esfatant pan per pan
L'armàs qu'es, ioi, nosta richessa;
Ounte veniè, sus soun viel tems,
Cade jour à la fresquieireta,
Emb ma paura vielha graneta,
L'un emb l'autre se mantenent;
E, pioi, jouta la figueirassa,
Au ròdou ounte pausam la biassa,
D'assetouns sus la girba, au sòu,
Countemplant soun jouine filhòu,
Soun ben pignat e sa vigneta
Que i'an coustat tant de susous.
Aquì, tout fasent la beveta,
Me countavoun sous afairous:

L'enchaiença de soun filhage,
Las joias de soun maridage,
Las penas, laguis ou rambal,
Qu'an esprouvat dedins sa vida.
E la paurieira, qu'an vencida
Embé l'espargna e lou traval;
E soun ainat que la patrìa
Ie prenguet e i'a pas rendut
( Couma fossa autres, jai perdut
Jout lous counglàs de la Russìa );
E soun cadet, moun paire, ai las!
L'ai counegut, mais tout escàs,
Qu'en fasent l'aira, à Tamarieira,
Cassa un cop de sourel e lèu
Mourìs au ped d'una garbieira.
De l'oura en lai, per l'ourfanèu,
E per la veusa en subre-carga,
Fouguet roussegà la poutarga
D'en pus fort que jamai, au lioc
D'ou prene un pau mai à l'aiseta.
Era ben juste, ah! cadio!
Au prefach, zou! la journadeta
Dona pas proun, es trop pateta.

Cau pas toucà lou capitau;
Ce sieu sarà per l'emperau,
Lous dimenches, las matinada,
Au clar de luna, à las velhadas.
Un jour, dins un traval roumpent,
Despioi lou matin sarnalhava,
Ce que s'apela un manja-tems,
Mai d'un journaliè se virava,
Mais el, en prefach? Aboutàs?
I’aviè pas mai qu'un bon groupàs
Per ie faire quità parada,
Amai encara pas toujour!
Dounques moun grand paire, aquel jour,
Embé lou sarnal sus l'esquina,
Dins lous clauselets de Moulina
Bigoutava tant que pouviè;
Tout d'un cop lous rens ie peteroun.
D'aco, faguè 'na malautiè;
Sous quauques solets ie passeroun;
E, desempioi, croucut, garrel,
Lou paure veguet pus lou cel!
 
Terra gresilhousa,
Lesta, rouginousa,
Bèu traval, bon founs.
D'aquela terra,
L'American,
N'es ben groumand,
 
Se dis, prouspera
Milhou qu'en sòus cadoulents, forts.
Avans! faguem nostes esforts.
Un cop que sarem au plantage,
Caucagna! lou pus gros traval
 
Es fach; pioi, vendra lou baral,
Obra sus obra, pioi, antage,
Sagatage, que sabe ieu?
Enfin, cau fa couma se deu,
Se voulem agandì la toca.
De ben proche aco nous pertoca,
Tout noste vieure ven d'aquì.
Ah! se caliè pas acoutì
Tant d'enemics, tant de grujaires,
Esprouvà flèus, tems courroussat,
Sariè 'na mana. Mais, se sap,
Tout n'en vòu dau ben das trimaires!
 
Faguem bèu tal,
Prefouns, egal,
D'aut! à la biassa!
Lou roumpre alassa,
Dona talent,
E, pioi, es ben,
D'en tems en tems,
De faire una brava pausada,
 
E, tout en quichant l'alencada,
Reprene ce que despendem
D'alen, de força e de courage...
 
De courage! Aubé que n'en cau!
Per faire assaut à la natura.
Es un luchaire! es un atau
Lou que de l'aucel, l’animau,
Planta, insete e ce que s'endura
Fai soun esclau e sa catura.
 
E zou, te tus! te ieu! veire un pau quau n'aurà.
Ai! Ai! a lou dessouta, es per sòu alairat,
Rendut, demaucourat, mòu de cops, de misera.
Tout s'es endevengut per ie fa perdre terra:
Barbasta, nebla, gèu, aurage, grella, aigat.
Em aco n'i'a pas prou, sus lou paure damnat
S'acoussa, dins l'escur, lou vermet desbourraire,
Luminousa, pirala e gril, mourre-pounchut,
Idiom, moustrous filo; becut, alat, sautaire,
De jour, de nioch, rampant, voulant, brusent, chut-chut;
Tout l'acoutìs au cop, tout n'en vòu sa parneta:
Oh mè! Oh mè!.... Oi, ploura, ô moun paure gigant;
 
Ploura toun avenì, tous bèus raives d'antan;
Ploura toun blat, toun ort, tous prats e ta vigneta.
Per tus resta pus res, pas mema l'espitau!
Ounte anaràs, per tems, roussegà toun ossalha?
As pas res per cremà l'iver dins toun fougau;
Anaràs au cagnard apaissà la mouscalha?
Aco sarà pas vrai! Oh! nou! malan de sort!!
Au revenge! d'aut! d’aut! lucha fins à la mort!
Ouncha toun corp, tas mans, sarra mai ta talhola,
End aco, zou d'aquì! à creva-cor! en pes!...
 
Long tems, pinedas, rieus, mountilhas, plana e cola,
An fernit jout soun vanc. Courage, aquesta fes!...
Joia! a pres lou dessus! joga l’auboi! grand festa!
De biòus! la farandouna e d'ajustas, ardit!...
Dau vinceire, emb de ram, cenchàs la rusta testa!
Toutes lous que nourrìs lou fier endoulentit,
Lou que, per soun traval, e fai vieure e coungrilha
Tout ce que çai blaqueja e pai e frucha e brilha;
Dounàs la capelada au grand porta-fardèu,
Au que, sans se planì, dounda flèus e misera!
Saladàs! saludàs lou que d'aquesta terra
Es rei, mestre après Dieu!... amai saique belèu!



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lundi 18 novembre 2013

Jasmin : LA COUROUNO DEL BRÉS - part I - 1856





LA COUROUNO DEL BRÉS
 

1856
-
 

Et jou canti coumo un pinsan
A l'oumbro d'un bioule ou d'un frayche
Trop burous de beni pièl blan
Dins lou païs que m'a bis nayche!...
 


I
 

Quan l'hôme, à pitchou brut, chel maynatge puntejo,
Et li bèn un paouquet esclayra de sa luts
Flous et roumèts, camis alizats et brouncuts,
Dins soun cò que dejà lansejo,
Nay de boulugos à pechuts
Que per moumens l'escalourisson,
Et que trop lèou, per soun repaou,
Petillaran quan s'amalisson
Toutos al cot... ou paou à paou...
 
Uno soulo, endroumido enquèro,
Damoro lounten prizounèro.
La millouno pel l'hôme, aquelo, as jours darrès,
Li rebèillo l'amou del brès...
Mais jou que paouromen nasquèri,
Jou, doun lou gran fouguè tan lounten droumisquèt,
Aquelo boulugo fusquèt
La prumèro que sentisquèri.
Aymèri doun moun brès aban tout, de clucous,
Et sans brino pensa qu'abiô laourès et flous...
Soulomen quan ma Muzo apèy cansounejabo,
Et qu'un mounde entraynat, al lèn, la festejabo,
Glourious, à moun païs, pourtabi mous ramèls,
Sans li demanda rés... rés que d'oubri lous èls!
 
— Mais abèn uno may... Et fiblado pel l'atge,
La miò, lou jour, la nèy, saounjabo à-tengut
Un aounou que digun en lot n'a recebut,
Et dins sous darrès ans, cado pelerinatge,
Penjan à moun aouta bouquet, ramèl luzen,
Poumpounabo uno plaço, al may poulit estage,
Pel la Courouno d'or d'Agen...
Paouro may! al sarrat, n'escurabo lou beyre;
Coumo al Cièl, coumo à Diou s'afanabo d'y creyre;
Al mendre pitchou brut soun gran èl luzissiò;
N'en poulsabo jamay... et toutjour atendiò...
 
Hélas! un jour pourtan, nous quitèt sans li beyre...
Me troumpi! li besquèt dins un rèbe daourat
Mais trop bezi de sa mal'houro,
Per que, dins moun cò que n'en plouro,
Un soubeni punjen nou l'atge pas pintrat:
— Ero nèy; al brazè d'uno fièbre maoudito,
Ma may s'èro allièytado, et bezian tan febli
La pitchouno luts de sa bito,
Que tramblaben de poou que l'alé del mati
Sufisquèsse pel l'escanti.
Las grumillos as èls nous aou l'embirounaben,
Et pregaben tan qu'esperaben...
— Tout d'un cot la malaouzo escapo un pitchou crit,
Se boulego... oubro l'èl, nous regayto et nous dit:
 
— Que nostre aynat soul me respounde:
 Jâques, à toun aouta rizen,
 Que t'an pourtat anèy qu'és bengut tant de mounde?
— Ma may, moun ramèl d'or! moun ramèl toulouzen!
— Un ramel? mais èy bis quaoucoumet may tout-aro?
 Uno courouno d'or de la bilo d'Agen!
 Que luzissiô, paourot! Ta crambo n'èro claro!
 
— Te troumpes, bouno may, n'as pas quitat toun lièy.
La malaouzo sousquèt un gran moumen; apèy,
Se lèbo de setous; soun bizatge daourejo;
Sous pièls blans soun de nèou, sous èls negres de fèt;
Sus sous pots un rire flourejo;
Qu'èro bèlo ma may quan atal me parlèt:
 
— A toun aouta, moun fil, as uno plaço nudo;
 N'y botes res aoumen; jou te l'èy fèyto esprès
 Pel la courouno de toun brès;
 Cal qu'y bèngue douma s'anèy n'és pas bengudo.
 La Caritat souris à toun cansouneja;
 Per te debina tout, soun angèlet m'assisto;
 Ta courouno d'Agen és tressado dejà;
 Es d'or de loubidors... me troumpi pas, l'èy bisto:
 Toun noum y'és escribut... Jâques, moun fil, adiou!
 Aro moun âmo n'es plus tristo:
 Lou roussignol del paoure és benezit de Diou,
 A tout ço de pu bèl, la glorio dins soun niou!
 
— Se tayzèt en gardan sa figuro alucado.
Sur soun moufle couchi soun cat se repaouzet,
Et d'aquel rèbe hurous, sa luts rebiscoulado
Dios semmanos de may burlèt...
 
Hélas s'escantisquèt, un sero, en ma prezenço,
Et n'en plouri toutjour, mais nostro bouno may.
En nous quittan à tout jamay,
Dambé soun soubeni me daychèt sa crezenço...
Et dunpèy, tout fièbrous, dizioy
Quan Agen per ma Muro un bri se boulegabo:
Oh! senti que s'un jour moun brès me courounabo,
Aoulot de canta... plourayoy!




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samedi 16 novembre 2013

J. Castagno : SIMOUN lou Carbounié - part V à VII - fin - (DRAMO DE LAS MINOS CEVENOLOS)






V

Mé l’esquinlo a drinda dau founs... Vòu dire: “Tiro ! “
Douçament, sans tusta, la gabiasso s’estiro,
Glissant sus lous ribans ferras dau grand póusard.
S’ausis ! Vejo-l’aici ! Se véi de lums de vabres...
S’aplanto !... Tout fernis I Regounflo das cadabres
Ramassas ailaval per Simoun... à l’asard.

Tal un glàri d’infér sort d’aqui l’ingeniaire,
Que, sans naussa la vouès, repeto: “Vite, fraires !
“ Au secous, mous amis ! Au founs Simoun es soul
“ E lou malastre es grand ! I’a ‘val de morts en colo
“ E de viéus idoulant... Es uno causo folo...
“ Vite, quau ié vèn mai ? ” La gàbio, afrous bressoul,

Es bouidado das morts... e de vint voulountàris
Se ramplis e repart as bàuris soulitàris.
Arrivo en bas. — ”Simoun ! ounte a passa Simoun ?
“Soun caléu se vèi pas ! Es-que ?...” — Mè nou, la louiro
Trauco un valat ratiè dins l’abousounadouiro;
On l’entend tafura, pestant coumo un demoun.

L’ingeniaire l’a vist. “ — Ardit, valient, courage !
“ Trauco que lous auren ! Aici vau fa ‘n barrage ! ”
“— Ié sièi, moussu, ié sièi, sente lou courent d’èr ! ”
Un roc s’es esberla; Simoun se i’encafourno,
Tustejant de pertout dins la baumasso sourno,
Sounant à plen gousiè: “ Chapou, Calvin, Couderc ! ”

“— Sèn aici !” ié respond lou troupèl en magagno;
“— Sèn rescoundus, sans lum, mè l’acido nous gagno;
“ Secous ! Pourtas secous ! ” D’un vanc Simoun couris,
E quauques pas pus liuen, dins la galariè nauto
Trovo l’amagadou e de joio n’en sauto.
“— A vautres ! Vè moun lum ! Venès toutes ! ” E ris.

Lous rescapas, febrous, un per un s’encafournou.
(D’aici, d’ailai s’ausis de roucas que s’embournou.)
Mai d’un aqui languis de vèire lou grand jour.
La causo tardo pas; la gàbio, sans calamo,
A davala, mounta, coumo s’aviè ‘gu ‘no amo:
Tout es foro dangiè sus lou cop de mièjour.

Souls, dins la niué d’au founs, Simoun e l‘ingeniaire
An resta per furga, refurga chasque caire...
Sonou... fan milo bruts... l’ecò soul restountis !
Aqui n’i’a pus d’umans ! S’ausis que la bacholo
Dau póusard misterious ounte l’aigo tracholo...
Lor s’emgàbiou per d’aut: “ Zóu, tiro I ” Soun sourtis.




VI 


Simoun semblo un danna I Béu, se lavo, s’abiho;
Mès el, tant courajous, a lou cor en douliho
E se bouto à ploura coum’un enfant penti,
Quand véi, souto l’envans la mudo tièiro-longo
Das cambarados morts qu’en jusqu’ailai s’alongo
Coum’un bàrri saunous de cadabres basti.

Mé vèn lou Direitou. Davans milo minaires
Prend Simoun dins sous bras coumo s’èro soun fraire,
E l’embrassant ié dis: “D’à-parti de deman
Simoun, oubriè d’elèi, dau chantié de La Costo,
“ Per te recoumpensa te fau chèfe-de-posto ! ”
E maugrat lus doulou toutes picou de mans.

Simoun voudriè parla... mé l’acido l’estoufo.
Bat l’èr de sous dous bras, pechaire !... e patapoufo !
Flaquis sus sous gèinouls coum’un vièl abouri.
“ Brave Simoun, de-qu’as ? ” — “ Pas res ! Tristo chavano !
“ Mè voudrièi moun fougau,... mous enfants... e ma Jano.
“ Se lous pode embrassa... caucagno de mouri ! ” 




VII


L’ingeniaire a coumpres. Subro uno auto-mouvento
Fai cusca lou Simoun, e coumo uno espavento
Volou per lou camin que meno au car fougau.
Ié soun lèu. L’oustau rous lusis dins la vesprado;
Souto un bèl castagniè, la Jano acougassado
Trepo embé sous marmots risènts e fouligauds.

Mé lou brut dau tuf-tuf aplanto l’amusaio.
Ailai Simoun sourris. Per davala trantaio !...
L’ingeniaire afouga lou meno per lou bras...
E sa fenno lou vei... e tant lèu lou matrasso:
“— Fau te pourta, gusas, o quanto vergougnasso !
“ T’aime pas pus, vai-t’en I Vai-t’en ounte voudras ! ”

Simoun, lous ièls neblas, sans dire un mot, poutouno
Sous enfants adouras, sa Jano... que s’estouno,
E devigno, grand Diéu... l’abouminable sort !...
“— Paire de mous enfants, de-qu’as fa de ta vido ? ”
“— Migueto, mon devé !... Siéi acoutra d’acido !... ”

. . . . . . . . . . . . . . . . . . .


E dins l’or dau sourel coujant, s’abaucho... mort.



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jeudi 14 novembre 2013

J. Tellier : MATIÙ DE CANTAGRILS






MATIÙ DE CANTAGRILS 



Matiù de Cantagrils, Mativot per escai
Brave ome se n'ia un, e bisquant pas jamai,
Courdouniè de mestiè, e mèstre en galejada,
S’en anava au Clapas, per passà la journada.
Vai dounc prene lou trin, e pla tranquilament
S'estalla tout soulet, dins un coumpartiment,
Quanta chança soudis, escampant sa casqueta,
De pourre faire un som sus aquela banqueta,
Sera tant d'arapat, lou que vèn sera tèu,
Prenguent nostre cantou, e baissen lou ridèu!
Ailas courta illusiù, adiù la roupilhada
Car sul cop n'en mountèt touta una coutrilhada!
Un lapin dins un sac, tout quatre grands paniès,
Tres cofres a capèl, passèroun lous proumiès,
Tres dametas de toc, car n'avion la pèl ruda,
Un vielhet de boun biais, una femna barbuda.
Tout acò s'estalla sans bounjour ni boun sèr
E davans Mativot, vous an un pichot èr!
— Barras lou fenestrou, e butas la boulhota!
— Fourbias-vous un pauquet, raport a ma capota!
— Fumas pas per asard? lou fum nous fai toussi!
 Avèn toutis pagat, sèn lous mèstres aici!
Deque tron es acò, d'ount vèn tant d'insoulença!
Pensava Mativot, calculant sa vengença.
E la vengença ailas, se faguèt lèu senti,
Pas que de ie pensa, me fai estrementi
Tout couma un vent foulet que monta e tourbilhouna,
Dins lou coumpartiment, un quicon empouisouna!
Ah Messieus! quanta audou! quant ourrible bouquet!
Aussi das vouyajours, arrestèt lou caquet.
Chacun sans dire mot, preniò soun alenada,
N'ausissias que soupirs, seguits d'una bufada
E cadun d'espià, d'un cop d'iol amagat
Se per un cop d'asard, n'aviò pas causigat!
— Es belèu moun lapin? pensava la barbuda,
Tant ben disiò pas res, mai sièguesse lenguda.
— Ount diable sèn venguts? sèn dins quauque seignas,
Asardèt lou vielhet en se tapen lou nas.
— Me vau estabani! souscava la dameta,
 Es quicon de pourrit que ia joust la banqueta!
E la que dau tabac, crentava tant lou fum,
Saviò pas per ma fe ounte penja soun lum.
Se parlava pas pus de capèls e de moda
Lous bufals, lous soupirs res n'aviò pas la broda.
Lou moucadou sul nas, lous iols sus lou quinquet
N'aurias pas counescut, lou qu'èra mai mouquet!
Tout fièr de soun sucès, e sans mai de rancuna
Matiù de tems en tems, n'en lançava qu'aucuna
Tout anava au meiour, quand dins un grand effort
Faguèt sourti lou vent, un pauquetou trop fort!
Un soun de mirlitoun, de tèla que s’estripa,
Pichot bruch que sourtis, savès de quanta tripa!
E lous empouisounats, couma de gens perduts
Se levoun en crident : — Es tu qu'as fach lou bruch!
 Es tu que d'un pouisou, as troublat nostra joia,
 Sourtiras pas d'aicis, sans paga la foutroia!.
Sios aici, sios alai, lou paure courdouniè
Ausiguèt lous grands mots, dau libre peissouniè.
Ah s'avias vist acò! quanta afrousa tempèsta!
Lous pèusses airissats, lous iols defora tèsta
Eme lous poungs sarrats, joust lous nas de Matiù
Crese que sans la pòu l'auriò escourchat viù.
Cugnat dins soun cantou, faguent facia a l'ourage,
A nostre amic pamens, demourèt l'avantage.
 
Matiù de Cantagrils, qu’es toujour boun garçou
Vourguèt faire la Pas, e dounà sa rasou.
Quand l'èr pur e fresquet ajèt calmat lous ners,
Quand lou fumet sieguèt envoulat dins lous èrs
Matiù prend la paraula, e sus un toun plouraire,
— Ah soudis, se savias, deque venès de faire!
Que lou pople es michant! quand un ome soufris,
S'enchauta de soun mau, e pla souvent n’en ris!
D'un mau tarrible ailas, m'en fasès una ensulta!
Ieu que vau au Clapas, per demanda counsulta,
Se me trapas aici, es pas per agrament,
Cresès a moun respèt e a moun sentiment.
— Au respèt ie cresen, acò d'aquis caucagna,
Mes per lou sentiment, lai i anas pas de cagna!
— M'empacha pas pamens, que moun infirmitat,
A fach vira lou sen, a nostra Facultat!
M'an oufrit cranta cops, en paguent per avança,
De me croumpa la pèl, per estudia la pansa!
Aquela infirmitat, faguèt lou pichot vièl
Dèu èstre lou rebous, d'un raumas de cervèl?
— Per ieu a moun avis, (las femnas soun pas sotas)
Es una indigestiù qu'avès, de quincarlotas!
— Pas res de tout acò, lou cas es pus serious,
Ai la pèl qu'es trop courta, es quicon qu'es afrous!
— La pèl qu'es trop courta? qu'es aquela marana?
Acò ven dau marin, ou de la tremountana?
Es un mau per ma fe, pas gaire counouscut,
Deque tron es acò, e d'ount diable es vengut?
— Acò venguèt un jour, d'un' esplausiù de pega!
Pecaire, de mous iols, gaitas la perpelega,
Per la poudre barra, es aquis l'embaras
Me cal toujour dourbi la porta de detras!
Ai la pèl de moun cors, qu'es talament tibada
Que quand barre lous iols, ia quicon mai que bada
E cresès hou au mens que l'on es dins l'emboul,
Quand per barra lous iols,... vous cal èstre tout soul.



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mardi 12 novembre 2013

J. Castagno : SIMOUN lou Carbounié - part III & IV - (DRAMO DE LAS MINOS CEVENOLOS)



 
III


Mè !...
Subran, au prefouns, de-qu’es que lou pounchouno
Sans devigna perqué ?... Simoun s’en amouchouno,
Paurous e treboula, pivela sans besoun !...
N’i’en vèn de tressusous ! Que se i’a ?... Troun de lèro !
S’ausis un laid soubroun aval dessouto terro...
Un malastre ounticon, soun cor n’a lou ressoun !!!

Té ! Vè ! De-vés lou Pous aquel fumaras negre.
L’acido, segne Diéu !... E coumo es pas poudegre,
Ni ladre, ni banda, Simoun volo au secous.
Descaus, enfurouna, gardant caro de brounze,
Sauto, tal lou lioun, lous roucas, Ias arounzes,
E dins un vira d’ièl arrivo sus lou Pous.

Ourrou ! Dau toumple amar, sourno font demounico,
Mounto, traito, à plen trau, l’acido carbounico.
Davans lou flèu de mort tout idoulo, espauri !...
E siéulou las vapous, e la sirèno bramo
Sous apèls pietadous que viropassou l’amo.
Simoun pènso: Ailaval, quand n’i’a que van mouri ?

“— Quau s’engàbio embé iéu ? a crida l’ingeniaire,
“ Quau me suvis au founs? ” — Lou Simoun, sans retraire,
En pèus, descaus, s’avanço, aguent abra soun lum:
“— Sièi preste, davalen ! ” — La machinaso boufo,
La gabiasso crucis, e dins lou Pous qu’estoufo,
Tout s’enfounço, mourru, nega dins d’orre fum !

Quante briéu long de vèire ansin davala la courrejo,
E toujour ! e toujour ! Lou front n’a susou frejo.
Subran, d’un court cop sec d’aval an esquinla.
“ Arrestas ! ” acò dis... e tant lèu tout s’aplanto.
Lou silènci tèn tout. Ié soun aqui milanto
Retenguent lus alé dins lus cor empèila,

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IV



Ounte que siegue es bèu l’enavans dau courage:
Lou souldat valourous au miè dau mourtalage;
L’aviaire au clèl blu; lou marin sus soun bord;
Lou mège as pestilous pourgiguent soun ajudo:
L’esplouraire f urgant l’encountrado perdudo;
Lou martire en sa fé que se ris de la mort...

Toutes soun à lausa ! Mè, cabussa, placido,
Sans un ressaut de pòu dins lou toumple d’acido,
Sachent qu’on pot trouva de-bas soun orre cros,
E que lou famihau pot mouri de misèro...
Per lou devé, sans mai, s’esvali souto terro
Es l’ate subre-uman das diéus e das eros.


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dimanche 10 novembre 2013

Jasmin : AL POÈTO LAMARTINO - au poète lamartine - 1849

 
 
 
AL POÈTO LAMARTINO
 
En li didian La semmâno d'un fil 
 

1849 
 

De faous republiquèns? per èstre al prumè ren,
Sul puple tournat rèy bouffâban de beren;
Sa coulèro, un mati, touto descadenâdo
Aouyò tout brigaillat belèou;
Tu soul, gran rèy de la pensâdo,
Tu soul, dins quatre mots, l'aguères mestrejâdo;
Et la Franço espaourido, à ta bouès, besquèt léou
S'abali lou rouge drapèou!!
 
S'abioy ta boûco d'or, toun parla que tan brillo,
Te diyoy que, dins ta grandou,
De l'Estat, de la Glèyzo et de câdo famillo,
Fusquères aquel jour lou triple saoubadou!
 
Diyoy qu'un jour bendra!!... Mais dins lous prats setudo,
Ma Muzo en politico âro s'és fèyto mudo;
Nou canto que lous rious, lous paourets, las amous,
Et nou trôbo en lot plus soun pugnadet de flous....
Es al prat que gragnèt aquelos pimparèlos
Que dins Paris, che tu, me balguèron apèy
Lou bèl bren de laourè poumpounat d'immortèlos,
Doun boudroy te paga dan moun bouquet d'anèy.
 
Pitchou deoute de poèzio
Pot se paga damb'un escriou;
Mais gros deoute de la Patrio...
Oh! la Franço nou pot que te crida: Mercio!
N'a pas prou de laourès dunpèy lou mes d'abriou,
Per paga tout ço que te diou!! 
 
 
 
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vendredi 8 novembre 2013

J. Castagno : SIMOUN lou Carbounié - part I & II - (DRAMO DE LAS MINOS CEVENOLOS)

 
 
SIMOUN lou Carbounié
 
(DRAMO DE LAS MINOS CEVENOLOS)
(Pouëmenet à dire) 
 
 
 
I

Lou gal blanc a canta. L’aubo a lusi per orto.
Lou sourel risouiè poutounejo la porto
De l’oustau blanquinèl dau carbouniè Simoun.
Dins lou fougau tout dort: Paire, maire, marmaio.
Es dimenche e campos. Mè lèu Simoun desmaio,
Se segno, durbis l’ièl. . e prègo Aquel d’amount.

Pièi sauto, rebiscoul. En se nipant siblejo;
Ris à soun curo-nis qu’en soun bressoul brassejo;
Galejo soun cadet; poutouno son aina;
Sa fenno, encaro au liè, la panlèvo à brassado,
E countent coumo un rèi de touto sa nisado,
Sort pipeja ‘u bon èr... e torno à dejuna.

S’ataulo ! Tros de pan, lou missou, la bouteio;
Sèt fes bouido son got, — lou vin a pas d’esteio,
Pièi rouge, fres, gaiard, rebarro soun coutèl.
Aro, s’hou dis, galòi: “Ai brafa coum’un niafre,
“Me vau rasa, pimpa, lor carra coum’un chafre,
“M’anarai passeja dins lous bos dau Castèl !”

“— Oh! safenno ié dis? Coussi n’as pas vergougno,
“ Un litre, bon matin, siés mai que mai ibrougno !
“ Bèl eisemple, bardot, per tous jouines enfants !...
“ Ah ! sans aquel defaut, que seriés brave paire !
“ N’i’a pas dès coumo tus dins lou tout negre caire...
“ Simoun ! begues pas pus que te crèmes lou sang.”

“— Fenno ! Veiras pus lèu tres omes dins la luno
“ Que Simoun derraba sas soucos à la bruno !...
“ Mancas jamai de pan! Fau pas tort à dingus !
“ Jogue pas! Courre pas ! Siéi pas au det dau mounde !
“ Lou paure a que l’amour e lou vin... per desbounde.
 Béure es plesi das diéus e lou regal das Gus...

“ Siéi Gus ! Laisso-me dounc lou plesi que me rèsto;
“ Que se per cop d’asard n’acampe mau de tèsto,
“ N’ai pas jamai perdu lou sèn, lou camin dret.
“ Jamai sièi pas vengu sans te pourta ma pago;
“ Jamai ai pas agu vergougno de ta bago;
“ Simoun passo la tèsto nauto en tout endret.

“ Sièi Gus ! Ai quaranto ans, uno santa soulido,
“ Tres anjounets dau cièl. O ma Jano poulido
“ Laisso l’auro boufa ! Viéu en pas, sans soucits.
“ De traval, sèmpre n’i’a. Lou carbou de la mino
“ Demando qu’à sourti dau founs de la toumplino,
“ E Simoun fougno pas à l’obro, doumacis ! ”

“— Te charpe pas d’acò, te prègue de pus béure. ”
“— M’enmasques, à la fin, autant vaudrié pus viéure.
“ Mé, zóu ! fai un poutou. Parte, Janeto, adiéu.
“ Adiéussias, bèus manids !... ” E s’en vai ! Uèi es fèsto;
De vèspre lou vèiren embé de fum en tèsto;
Mé d’avanco a perdou, car l’aimou coumo Diéu.


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II 
 
 

Es parti. Vai planet de-long la travesseto.
Lou tèms es gai, lou cièl tout blu, l’auro douceto;
L’aigage en s’enaurant perfumo lous draiòus.
Tout canto, tout lusis, tout flambo dins la coumbo;
L’iroundo es un eliéu; un rai blound la paloumbo.
S’es muda ‘n fadariè lou païs das Raiòus.

Chasque aucèl voulastrant porto au bè la becado;
Dins l’aire entebesi dansejo la mielado;
L’oubrié tout esmougu lando dins lou sourel.
Tressauto maugrat el, pipejo, ris e canto;
Penso en tout; penso à res, e la vido l’encanto;
L’estrambord printaniè lou couflo coum’un grel.

Muso, troto, courris; s’aplanto; tout l’atiro
S’assèto, parlo soul, plugo l’ièl, s’espautiro;
Repart, cor bacelant; zounzouno un redoundèl;
Trovo un riéu clarinèl, ié ris, e... se descausso
E lou gaso, trin-tran... Pièi refresca, se nausso
Pèds nus, sus lou ribas... e, zóu ! dins lou pradèl. 


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mercredi 6 novembre 2013

J. Langlade : L'AGNELOU BANUDET



 

L'AGNELOU BANUDET


A PAU DE MARIETOUN 
 
 

Un pastre majourau,
Fossa entendut, mais la man greva,
Pasturgava aquì d'aut
Un avé talament de leva

Qu'en lioc belèu jamai s'era vist lou pariè;
Jujàs un pau, aquì i'aviè
Ce milhou de toutas las menas.
Au coustat dau Larsac, lou grel de las Cevenas,
Vesiàs soun crousat, lou Rufard,
Lou ruste e banut Caussinard,
L'Aurilhagués menut, que de pertout s'en batoun,
Mariogencs e Bisets, dins l'Ausera abarits,
Albigés e Genés, Sarasìs e Carcìs,
Qu'entre Garouna e Tar per lous prats se recatoun.
I'aviè, tant-ben, lou Campanés,
Lou Bigourdan, lou Lesat ariegés,
E touta la bela nineia
Que d’en Pirenèu porta emb ourguiol la lieureia,
Emé lou Roubioun prouvençau
E lou Berrichoun tant grelhau,
Enfin tout ce que i'a de frica
De Lengadoc, de païs franchimands,
Jusqu'à de Crousats alemands,
Mema de Barbarins d'Africa
E tout, d'aco dau bèu.
Es be segur qu'un tal vacieu
De tant de menas afrairadas,
Noun pouviè fa de mens
Que de dounà countentaments
E rendas ben asseguradas;
Tabé, cap d'an, dau lach, de la lana, dau crei.
Dau curalhat, que s'enlevava en fieira,
Pourtava au mens per faire la berquieira
D'un fil de Rei!
Aco toujour me ven: ai! quantas bassibadas!
O quantes ficassauts d'arets!
Que de sounalieiras floucadas!
Quantes ternencs! mais ce pus bèu de res,
Era de primadiès que fasien lum de veire.
Es aqui qu'auriàs vist
Beligasses, anìs,
Escardussats, couma se pot pas creire.
Un d'aqueles, un beligàs,
Lou pus garrut, lou mai jouinàs,
Dins tout aco subrava,
Tabé, lou mestre lou badava,
Era das mai recabalats.
Agnel de lach, libre e foulàs,
Trepava après sa maire
Tetant tout soun sadoul,
Quand lous dau mema crei, pecaire,
Eroun desmamats; belèu soul
Noun saguet das destetadisses.

lundi 4 novembre 2013

AUTHEMAN. : JACOUMAR PAIRE E FIEU





JACOUMAR PAIRE E FIEU 



Autro-fes, quand venié qu'un ome trepassavo
D’usage, dins soun art, soun fiéu lou ramplaçavo,
Car lou fiéu douno ajudo au paire e d'aquéu biai,
Souvènt es autant qu’éu au courrènt dóu travai,
Mai vuei n'es plus ansin, tóuti fan la bestiso
De chanja d'emplega tout coume de camiso;
Ço que fai que, i’aguènt pèrtout d'ome nouvèu,
O tout se distimbourlo o tout vai de cantèu.
Se me permete aquéu pichot bout de critico,
N’es pas moun entencioun de parla poulitico;
Es acò que nous met tóuti dins lou bourboui
E despièi proun de tèms sabèn ço que n'en coui.
Revenen.... Vous disiéu qu'antan, dins li famiho,
Dóu travai peirenau li garçoun e li fiho
Fasien l’aprendissage à l’oustau.... S’estruisien
Dóu trafi que si paire e si maire fasien,
E quand avien lou goust e lou biais de ié mordre,
Bèn souvènt devenien d’oubrié de proumier ordre.
Au-jour-d’uei, se lou paire es courdounié, lou fiéu
Dis: — Tira lou lignòu! Acò ’s trop bas pèr iéu.

S’es païsan: — Adiéu, poudès me veni querre,
Paire! Vau m'entrauca dins lou camin de ferre.
Se saup un pau escriéure e proun legi, lèu-lèu,
Vòu èstre professour o garçon de burèu.
Li chato que l’amour de la teleto afolo,
Pantaion lou brevet de mestresso d’escolo.
Antan, se lou paire èro amoulaire o fustié,
Eh! bèn, vesias si fiéu countunia soun mestié;
E s'èro jardinié, lou paire, la marmaio
De bono ouro sabié reclaure l’ourtoulaio.
M'anas dire: — Perqué tout aquéu racontar?
Es just pèr vous parla di dous vièi Jacoumar
E vous dire perqué fuguèron mes deforo
E ramplaça au clouchié pèr soun fiéu e sa noro.
L'autourita d'alor, lou cas estènt pressant,
Anèron pas bèn lieu cerca de ramplaçant,
Bèn segur que degun devié miés saupre faire
Qu'un fiéu qu’avié ’studia lou mestié de son paire.
Or veici que sujèt aguèron de seriéu
De remplaça lou vièi Jacoumar pèr soun fiéu.

Planta dre, tóuti dous, dins soun arcado viejo,
L’ome picavo l'ouro e la femo la miejo.
L'obro, à dire verai, sèmpre avié bèn marcha,
E lis Avignounen poudien s'ana coucha
Tranquile, assegura que li campanejaire
Li reviharien just à l’ouro dis afaire,
Quand se vai devina qu’un vèspre, sus lou tard.
Un ami vèn trouva lou brave Jacoumar
E ié dis: — Esto sero, anan faire riboto,
Fau que vènges, cargan uno miejo-culoto!
Jacoumar voulié pas quita soun posto; mai
Tant de fes sa mouié ié digué: Vai-ié, vai!
N'ai pas besoun de tu, iéu, pèr souna lis ouro
Que vès-l'aqui parti ’mé l’ami Jan Toutouro.
Enregon l'escalié, que davalon plan-plan,
S'arrapon bras dessus, bras dessouto e s'envan
Abas en Bartalasso, ounte quàuqui coulègo
Lis esperavon, tout en se lipant li brego,
Car à l'àsti viravo un superbe dindas
E l'óudour d’un civié gatihavo lou nas.

Se faguè pèr ma fisto! uno noço coumplèto
E, coume l'avien di, carguèron miejo-guèto.
Acò 's rèn... Mai amount Madamo Jacoumar
Ero desmemouriado e picavo à l’asard.
La paureto, dis ouro avié perdu lou comte
E (lou cas s'es passa tau que vous lou raconte),
Tantost li despassant et tantost batènt court,
Garcè ’n chereverin que durè jusqu’au jour;
E tau èro l'emboui dis ouro que sounèron
Que lis Avignounen sabien plus mounte n’èron.
Enfiouca pèr la dindo e lou vin calourènt,
Lou brave Jacoumar se doutavo de rèn.
Mai quand, sus lou matin quitè la Bartalasso
E que, gai e redoun, arribè sus la plaço,
Pecaire! e qu'ausiguè tout aquéu chafaret,
Au reloge escalè tant qu’aguè de jarret.
Sa femo cerquè proun pèr se metre à la sousto...
Mai l'aguè lèu trouvado e... iè fichè 'no rousto!
Fau dire que jamni èro esta tant brutau
E qu'un quart d’ouro après n’aguè 'n regrèt mourtau,

Or, quand fuguè grand jour, li Conse s’acampèron
E, cresènt qu'èro fòu, en cors deliberèron
Que falié ramplaça lou paire pèr lou fiéu;
E despièi lou reloge a marcha forço miéu.
Car lou fiéu Jacoumar sachènt ço que n'en costo
De faire un bon repas, quito jamài soun posto,
E tant a bono pougno e fai bèn soun devé
Que l’ouro d’Avignoun s'entènd à Mont-Favet.

E di vièi, que n’an fa? La vilo noun ingrato
Au Museon Calvet i’a douna sa retrato.
Aqui s'atrovon bèn... Demandon soulamen
Un pichot refrescaga à sis abihamen.
 

 AUTHEMAN.


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