mercredi 9 septembre 2009

Gaspara STAMPA, Rime (sonetto VI) - Commentaires François Simon

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« Un intelletto angelico e divino,
Una real natura ed un valore,
Un desio vago di fama e d’onore,
Un parlar saggio, grave e pellegrino,

Un sangue illustre, agli alti re vicino,
Una fortuna a poche altre minore,
Un’età nel suo proprio e vero fiore,
Un atto onesto, mansueto e chino,

Un viso più che il sol lucente e chiaro,
Ove bellezza e grazia Amor riserra.
In non mai più vedute o udite tempre,

Fur le catene che già mi legaro,
E mi fan dolce ed onorata guerra.
Oh pur piaccia ad Amor che stringan sempre !


Gaspara STAMPA, Rime (sonetto VI)


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Parmi les poétesses du XVIe siècle, aux côtés de Vittoria Colonna, ou de Veronica Gambara, Gaspara Stampa (biographie en Català) occupe une place originale. Née à Padoue en 1523, dans une illustre famille milanaise, elle reçut elle aussi une éducation intellectuelle, quelque peu masculine. De Padoue elle se retrouva à Venise au cœur d’une société où le plaisir était roi, malgré l’oligarchie soupçonneuse qui tentait d’endiguer cette course au vice. A 26 ans, la très belle Gaspara tomba éperdument amoureuse de Collaltino, seigneur de Trévise. Beau, courageux, cultivé, parfait cavalier, il correspondait à l’idéal des héros du Roland Furieux dont rêvaient les dames de cette époque. Mais le comte de Collalto, justement parce qu’il était un chevalier ariostesque, et par tradition familiale, partit en France se mettre au service d’Henri II.

Ce fut ce départ qui inspira à Gaspara ce recueil de poésie où elle décrivit ses peines, en pétrarquisant un peu et en pleurant beaucoup. Le beau chevalier dont la distance avait refroidi les sentiments, ne répondait pas à ses missives, sinon froidement.
Il revint pourtant mais ne voulut pas rompre publiquement et brusquement une liaison qui lui pesait. Gaspara se laissa endormir par ce faux-semblant et, oubliant la pudeur du conventionnel platonisme et sa douleur passée, elle chanta ouvertement sa joie de vivre des nuits qu’elle souhaitait forts longues.

Mais cela ne dura qu’un temps, et l’amour fana sur un lit de jalousies, de ragots, de disputes. Et Collaltino rompit et prit femme. Comment la pauvre abandonnée, qui avait perdu jeunesse, santé, innocence dans cette aventure, finit-elle ?
Sans doute passant de nouvelles amours éphémères à la religion, refuge des amantes délaissées. Sa beauté commen§ait déjà à se flétrir quand elle mourut à 31 ans, en 1554. D’aucuns pensent que le poison fut la cause de sa mort.

Sa vie lumineuse et tragique nous laisse l’image touchante d’une créature d’un talent , d’une beauté et d’une sensibilité qui font d’elle un être à la fois très proche et très inaccessible. Elle fait penser, à bien des égards, à sa contemporaine Louise Labé, la Belle Cordière, l’une, comme l’autre, incarne l’éternel féminin au service d’une poésie intemporelle.

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