mardi 6 juillet 2010

Ive Gourgaud : LE TRAITRE EST DEMASQUÉ !!

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Traitre ou vrai ou faux Félibre :
Louis Maurice Faure
Président de conseil &
Ministre de l'instruction publique



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LE TRAITRE EST DEMASQUÉ !!
Ive Gourgaud


Ma demande d’ « enquête » sur l’auteur de déclarations publiques fortement anti-occitanes au sein du Félibrige, publiée par l’ami Sèrgi sur MARSYAS2, nous a valu deux contributions de belle venue :

Le Majoral Rémi VENTURE nous a précisé et sa « place » dans le Félibrige actuel, et sa philosophie de l’intervention publique : à visage découvert. Nous avons un lutteur loyal, qui discute argument contre argument : il a pour cela et la formation intellectuelle et le poids que donne une capacité de travail bien au-dessus de la moyenne... Je parle de la moyenne d’activité des Majoraux actuels, laquelle moyenne me paraît très... moyenne, au regard des nécessités du moment : les heureuses exceptions, comme Pierrette Bérengier, Marie-Noelle Dupuis ou Bernard Giély, entre autres, ne suffisent pas à cacher la forêt des « majourau dourmihous », ce ventre mou qui prétend diriger le Félibrige et sur lequel s’appuient –c’est le jeu démocratique, dans une organisation qui ne l’est guère- les Catau qui disent la Parole Officielle. Par son travail de mistralien, Rémi Venture est intouchable au sein d’une organisation qui se réclame encore de la « pensée et de l’oeuvre » de Mistral.

Quant à Jean Lafitte, il nous livre, en quelques phrases très synthétiques, son jugement d’ensemble et sur la « politique linguistique » de Mistral et sur les dérives (au sens d’ abandons au fil de l’eau) du Félibrige actuel. Occasion de rappeler que Yan/Jean est le co-auteur d’un ouvrage de plus de 200 pages (La « Langue d’oc » ou leS langueS d’oc ?, Pyrémonde 2009) qui aligne les faits, les preuves et les arguments en faveur de la pluralité linguistique en terres d’oc : il attend toujours (et nous avec lui) que le Félibrige qui prétend « incarner » la pensée mistralienne et qui conteste globalement notre position (ce qui est bien son droit) veuille bien lui faire savoir quels ARGUMENTS il oppose aux nôtres. Il me semble que Mistral, lui, ne craignait point la confrontation : depuis ses débuts avec la querelle qui l’oppose aux « troubaïres » marseillais jusqu’à la fin avec sa célèbre Lettre sur la graphie (en 1913, un an avant de mourir) qui renvoie les Occitans (déjà ) à leur néant prétentieux (déjà), sa longue vie n’est que combat intellectuel et volonté d’expliquer ses positions. Lui au moins n’a jamais mérité ce cruel jeu de mots sur « capoulié » et « capounié » : il n’avait pas toujours raison, mais il était toujours courageux. Je vous parle d’un temps / que les moins de cent ans...
Ces deux interventions immédiates et spontanées prouveront à tous (si besoin est) la qualité de nos positions et de leurs défenseurs... ce qui ne signifie pas que nous avons le « seul chemin de Vérité », comme dirait l’autre : on n’a sans doute pas assez médité sur la position extrêmement originale et féconde du Félibre d’Auvergne, partisan de l’unité de la « Langue d’oc » et en même temps de la pluralité des « langues de culture d’oc ». Si, au lieu de ne voir en lui qu’un imprécateur, les Catau voulaient bien réfléchir un peu sur cette autre conception de la pluralité (et de l’unité), peut-être avancerions-nous sur le chemin de l’échange, au moins intellectuel...
Il est donc temps pour moi de vous livrer les « secrets » de ce texte anti-occitan dont je demandais aux lecteurs de retrouver l’auteur : si je feignais d’en ignorer les sources (Rémi le faisait justement remarquer), si je l’avais parsemé de trous volontaires (marqués par des /.../), c’est parce que je ne voulais pas que le repérage soit trop facile.
J’ai bien eu devant moi un article, mais tout à fait complet, et signé d’initiales qui ne laissent aucun doute sur l’identité de l’auteur : la scénographie du « traître » n’était qu’un clin d’oeil à l’actualité sportive, mais aussi, plus sérieusement, un avertissement aux Catau qui s’en sont déjà pris au Majoral Venture en lui reprochant d’avoir tenu des propos « anti-félibréens ». Quand ils sauront qui a signé les imprécations anti-occitanes que vous avez lues, ils seront, je l’espère, plus prudents dans leurs indignations...



Voici donc la vérité : cet article (dont j’ai reproduit les passages les plus marquants) date d’il y a près de 60 ans, puisqu’il paraît dans la revue FE qui a pour sous-titre MESADIÉ FELIBREN et pour Baile, à l’époque, un certain René JOUVEAU, qui sera Capoulier (1971-1982) et qui est Majoral depuis 1943 lorsqu’il va écrire cet article « scandaleux » dans le numéro 146-147-148 de l’ ESTIÉU 1952 ! L’article a pour titre Après Clarmount, il paraît en page 2 sur deux colonnes, et il est signé de ses initiales R.J.

Ceux qui se reporteront à la totalité de l’article verront qu’en aucun cas je n’ai déformé la pensée de René Jouveau : je le répète, j’ai juste caché des éléments qui auraient permis un repérage trop facile (par exemple, dans ma dernière citation, j’ai ôté le nom de ce Majoral qui avait conseillé au Capoulier de l’époque d’ ana chascun de soun coustat, autrement dit de faire scission avec le Félibrige occitanisé : c’était Bruno Durand, grand poète et mistralien tout aussi décidé que Jouveau ou S.A Peyre.
Quelle leçon doit-on tirer de la lecture d’un tel texte ? Tout simplement que ce n’est pas le Collectif Prouvènço, ni l’Alliance des Langues d’oc, ni le Félibre d’Auvergne ni MARSYAS ni Gourgaud qui ont « inventé » l’opposition IRREDUCTIBLE entre « Occitans » et Félibrige. Relisez les jugements de René Jouveau, ils sont sans appel.
Les Catau vont-ils nous prouver que Jouveau était un mauvais Capoulier, en le comparant avec l’actuel ? Ce serait assez intéressant... Vont-ils nous affirmer que l’ « époque a changé », et que l’occitanisme n’est plus un danger pour le Félibrige, mais une chance ? C’est aussi vraisemblable que l’appartenance du Catalan à la « Langue d’oc », selon Mistral : vérité en 1876, erreur plus tard. Mais on aimerait au moins savoir depuis quand, et à la suite de quel miracle, l’occitanisme a cessé d’être un ennemi ?

Petite anecdote pour terminer là-dessus : vient de paraître en Alès (décembre 2009) une étude sur une oeuvre du Majoral Paul Gaussen. Cette oeuvre est rebaptisée dans le titre « CAMISAS ET /sic !!/ CORDELIERS » (titre original mistralien : CAMISOS E COURDELIÈS) On aura compris que le texte a été « mis en graphie occitane », ce qui à la rigueur pourrait passer si le transcripteur avait bien voulu indiquer que le texte original était en graphie mistralienne. MAIS CE N’EST PAS LE CAS : à aucun moment le lecteur ne saura que la graphie d’origine était du bon mistralien, donc parfaitement standardisée (et autrement mieux qu’en occitan, puique le mot cévenol MÈS « mais » est réécrit MAS page 8, MAI page 9 et MÈS page 10 !!!)
Pour faire bonne mesure, dans la notice « Qui était Paul Gaussen » (pages 55 à 58) on ne trouvera PAS LA MOINDRE ALLUSION à l’appartenance de Gaussen au Félibrige : les mots « félibre » et « Félibrige » n’apparaissent pas une seule fois dans l’ensemble de l’ouvrage. Ce qui devrait encourager les Catau à préparer une nouvelle manifestation avec leurs bons amis occitanistes, qui n’ont même pas la reconnaissance du ventre. Car être chien couchant, c’est une vocation que d’aucuns ont élevé au niveau d’un art, grâce à une pratique constante et soutenue...

Contentons-nous, comme le préconisait un autre grand mistralien (M.F. Delavouet) de rire de bon coeur aux galéjades félibresques.


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