samedi 7 novembre 2009

François Simon nous présente - TRILUSSA : 4 FAVOLE in Romanesco

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Trilussa

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TRILUSSA : 4 FAVOLE

Cette mise en ligne est très originale. Ce poète romain, tel que nous le décrira François, fait rimer tous les accents de la ville éternelle. L'autre cité des Papes avec & comme Avignon est un lieu de culture "locale" forte.
L'accent & le mode de parler des romains est à mon oreille le moins gracieux des parlés italiens ? Mais l'oeuvre demeure & surtout l'âme d'une ville "éternelle"... ces fables auraient pu être celles d'une autre Rome : Nimes et ses spécialistes fameux dont Bigot...


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Au centreER SORCIO DE CITTA’ E ER SORCIO DE CAMPAGNA

Un Sorcio ricco de la capitale
Invito’ a pranzo un Sorcio de campagna.
-Vedrai che bel locale,
vedrai come se magna…
-je disse er Sorcio ricco. – Sentirai !
Antro che le caciotte de montagna !
Pasticci dorci, gnocchi,
Timballi fatti apposta,
Un pranzo co’ li fiocchi ! una cuccagna !-
L’istessa sera, er Sorcio de campagna,
Ner traversà le sale
Intravidde una trappola anniscosta :
-Collega, -disse- cominciamo male :
nun ce sarà pericolo che poi… ?
-Macché, nun c’è paura :
-j’arrispose l’amico- qui da noi
ce l’hanno messe pe’ cojonatura.
In campagna, capisco, nun se scappa,
Ché se piji un pochetto de farina
Ciai la tajola pronta che t’acchiappa ;
Ma qui, si rubbi, nun avrai rimproveri :
Le trappole so’ fatte pe’ li micchi :
Ce vanno drento li sorcetti poveri,
Mica ce vanno li sorcetti ricchi !


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ER GATTO SCOMPAGNO

Un Gatto, che faceva er socialista,
Solo a lo scopo d’arivà in un posto,
Se stava lavoranno un pollo arrosto
Ne la cucina d’un capitalista.

Quando da un finestrino su per aria
S’affaccio’ un antro Gatto : - Amico moi,
Pensa – je disse- che ce so’ pur’io
Ch’appartengo a la classe proletaria !

Io che conosco bene l’idee tue
So’certo che quer pollo che te magni,
Se vengo giù, sarà diviso in due :
Mezzo a te, mezzo a me…Semo compagni !

-No, no –rispose er Gatto senza core-
io nun divido gnente co’ nessuno :
fo er socialista quanno sto a digiuno,
ma quanno magno so’ conservatore !



Picasso :
Arlecchino

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LA LIBBERTA’ DE PENSIERO

Un Gatto bianco, ch’era presidente
Der circolo del Libbero Pensiero,
Senti’ che un Gatto nero,
Libbero pensatore come lui,
Je faceva la critica
Riguardo alla politica
Ch’era contraria a li principî sui.
-Giacché nun badi a li fattacci tui,
-je disse er Gatto bianco inviperito-
rassegnerai le propie dimissione
e uscirai da le file der partito :
ché qui la pôi pensà libberamente
come te pare a te, ma a condizzione
che t’associ a l’idee der presidente
e a le proposte de la commissione !
-E’ vero, ho torto, ho aggito malamente…-
rispose er Gatto nero .
E pe’ restà nel Libbero Pensiero
Da quela vorta nun penso’ più gnente.

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L’OMO FINTO

Dice che un giorno un Passero innocente
Giranno intorno a un vecchio Spauracchio
Lo prese per un Omo veramente ;
E disse :- Finarmente
Potro’ conosce a fonno
Er padrone der monno !-
Je becco’ la capoccia, ma s’accorse
Ch’era piena de stracci e de giornali.
-Questi –penso’- saranno l’ideali,
le convinzioni, forse :
o li ricordi de le cose vecchie
che se ficca nell’occhi e ne l’orecchie.
Vedemo un po’ che diavolo cià in core…-
Uh ! quanta paja ! Apposta pija foco
Per cosi’ poco, quanno fa l’amore !
E indove sta la fede ?
E indove sta l’onore ?
E questo è un omo ? Nun ce posso crede…
-Certe vorrte, pero’, lo rappresento,
-disse lo Spauracchio – e nun permetto
che un ucello me manchi de rispetto
côr criticamme quello che cio’ drento.
Devi considerà che se domani
Ognuno se mettesse a fa’ un’inchiesta
Su quello che cià in core e che cià in testa
Resteno più pupazzi che cristiani.

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Carlo Alberto SALUSTRI, dit TRIKUSSA, nacquit à Rome en 1871, l’année où la Ville Eternelle devint la résidence officielle de Victor Emmanuel II, et il y mourut en 1950.
Orphelin de père à l’âge de 3 ans, son enfance fut marquée par l’extrême pauvreté et des études cahotiques. Pourtant dès 1887 il publia des poésies en dialecte « romanesco » dans la revue contestataire « Il Rugantino » de Luigi Zanazzo, fondé en 1848. Profitant de l’ouverture libérale de Pie IX qui accordait une certaine liberté de presse, de très nombreuses feuilles se glissèrent dans le sillage du « Rugantino ». Elles donnaient au peuple un moyen d’expression qui remplaçait les « pasquinades » manuscrites qu’on collait au dos des statues de la ville. Et le dialecte « romanesco » permettait de faire passer bien des idées peu conformistes. Ce qui fit réagir l’Eglise qui eut tôt fait d’interdire ces brûlots politiques. Il faudra attendre que s’ouvre la brèche de Porta Pia pour retrouver l’éphémère liberté d’antan, et fleurirent alors de nombreux titres, en dialecte populaire, et parfois politiquement antagonistes.



Le « Rugantino » renacquit de ses cendres en 1887, et on y retrouva l’inspiration poétique et libertaire des poètes populaires romains, avec laquelle les poésies de Trilussa étaient en parfaite harmonie.. Les pages du « Rugantino » ont accueilli, jusqu’à nos jours, des plumes de notoriété nationale, voire internationale ( Federico Fellini, Claudio Villa, Tommaso Smith et bien d’autres).
Quant à Trilussa, une place de Rome porte son nom, tout près du Trastevere, et un monument le représentant porte aussi un bref poème qui le rappelle aux amoureux de la résistance à la pensée unique. Nommé sénateur à vie 20 jours avant son décès, il disait ironiquement : « Ils m’ont nommé sénateur à mort ».

Esope pourrait être un lointain parent de Trilussa : son inspiration satirique, tempérée par l’indulgence de son regard sur les défauts de ses concitoyens, met le plus souvent en scène des animaux qui parlent un dialecte hilarant. D’ailleurs ses fables sont plus à dire qu’à lire. Et il ne se pose pas en moraliste sourcilleux, il est simple observateur au sourire gentiment ironique des travers de l’humanité. Son style est d’une rare sobriété, efficace et exempt toutefois d’une facilité d’expression, car rigoureux quant à la composition métrique et à la rime. Un siècle après Belli, Trilussa élève le
dialecte « romanesco » au rang de langue littéraire, comme Pascarella, Nino Angelucci, Nino Ilari et bien d’autres contemporains.
Ses « Favole « , « Giov e le Bestie », « Omini e bestie », « La gente », « I sonetti », « La porchetta bianca » , « Cento apologhi »,
ne sont que quelques titres parmi la considérable production de Trilussa. Découvrez-le dans le texte, devant un verre de Frascati et une assiette de bruschetta, dans une gargote du Trastevere, où la « parolaccia » est le mode d’expression le plus usuel et le moins agressif.

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