Parus dans Marsyas en 1952, ses deux poèmes de SULLY-ANDRÉ PEYRE sont d'une dureté sans égale.
Je vous les livre comme je les ai reçus & perçus, en ces jours d'automnes. En souvenir d'un homme qui sut tenir haut une certaine forme de culture sans compromission & sans soumission. Il fit ce qu'il crut bon !
Je vous les livre comme je les ai reçus & perçus, en ces jours d'automnes. En souvenir d'un homme qui sut tenir haut une certaine forme de culture sans compromission & sans soumission. Il fit ce qu'il crut bon !
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LI REMOULIN DOU FLUME...
Li remoulin dòu flume au rode dis abime
Podon plus esfraia la barco e lou barquié ;
Paise coume Caroun davans li mort trop quiet,
Sourris entre la nèblo e li dougo, encaro ime.
Mai òublido subran la barcado di mort
E se, mèmbro di viéu qu'au resta sus lou ferme,
Encaro pèr camin, encaro liuen dòu terme,
Dins l'amour que li tèn e lou tèms que li mord ;
Alor vòu. arresta sa barco qu'es trop prounto,
En ribo dòu pais ounte trèvon li viéu,
Mai adeja li mort lou volon faire siéu,
E pòu plus reveni vers lou despèr que mounto,
Mai, luerdre, s'atoumplis emé li mort pesant,
Mentre que li vivènt veson plus, sus lou fiume,
Qu'un lènt escoulamen de sourniero e de lume,
Vers la mai liuencho fin de la peno e dis an.
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AQUEL AUCÈU
Aquel aucèu que, i'a. quatre an,
Ero siau sus uno sebisso,
Ti regard lou retroubaran
Dins l'eternita mouvedisso.
A la fin, l'espàci, li jour,
Saran qu'uno vaste memòri,
Mounte voiras courre l'eissour
De toun malur e de ta glòri.
Aquel aucèu que, i'a. quatre an,
Ero siau sus uno sebisso,
Ti regard lou retroubaran
Dins l'eternita mouvedisso.
A la fin, l'espàci, li jour,
Saran qu'uno vaste memòri,
Mounte voiras courre l'eissour
De toun malur e de ta glòri.
SULI-ANDRIÉU PEYRE
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Traductions :
LES TOURBILLONS DU FLEUVE...
Les tourbillons du fleuve au-dessus des abîmes
n'ont plus d'effroi pour la barque et le batelier ;
en paix comme Charon devant les morts trop calmes,
il sourit, entre la brume qui l'imprègne et les berges.
Mais il oublie soudain cette charge de morts,
il se souvient des vivants restés sur le sol ferme,
qui vont par les chemins, encore loin du terme,
dans l'amour qui les tient et, le temps qui les mord.
Il veut alors arrêter sa barque trop rapide,
vers la rive que peuplent les vivants,
mais, à cause des morts qui déjà le possèdent,
il ne peut revenir vers le désespoir qui monte ;
II ne peut que sombrer avec les morts trop lourds,
tandis que les vivants ne voient plus, sur le fleuve,
qu'un lent écoulement d'ombre et de lumière
vers la plus lointaine fin de la peine et des ans.
n'ont plus d'effroi pour la barque et le batelier ;
en paix comme Charon devant les morts trop calmes,
il sourit, entre la brume qui l'imprègne et les berges.
Mais il oublie soudain cette charge de morts,
il se souvient des vivants restés sur le sol ferme,
qui vont par les chemins, encore loin du terme,
dans l'amour qui les tient et, le temps qui les mord.
Il veut alors arrêter sa barque trop rapide,
vers la rive que peuplent les vivants,
mais, à cause des morts qui déjà le possèdent,
il ne peut revenir vers le désespoir qui monte ;
II ne peut que sombrer avec les morts trop lourds,
tandis que les vivants ne voient plus, sur le fleuve,
qu'un lent écoulement d'ombre et de lumière
vers la plus lointaine fin de la peine et des ans.
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CET OISEAU...
Cet oiseau, il y a quatre ans,
était calme sur une haie ;
tes regards le retrouveront
dans la mouvante éternité.
A la fin, l'espace, les jours,
seront une vaste mémoire,
où tu verras courir les eaux
de ton malheur et de ta gloire.
Cet oiseau, il y a quatre ans,
était calme sur une haie ;
tes regards le retrouveront
dans la mouvante éternité.
A la fin, l'espace, les jours,
seront une vaste mémoire,
où tu verras courir les eaux
de ton malheur et de ta gloire.
SULLY-ANDRÉ PEYRE
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2 commentaires:
Qu'elle est belle cette langue où fleuve rime avec lumière !
mais "flitme" pour fleuve me pose problème...
"flitme" est une faute de transcription, il s'agit de "Flume" pour le mot exact en provençal...
Bravo pour votre remarque, il y a des coquilles suite au passage au Scanner! & pas seulement
Le provençal & les langues d'Oc en général ont des métaphores, ont des images que peu des autres langues latines peuvent avoir, en dehors de l'Italien, peut être le vieux Français ?
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