mardi 24 novembre 2009

Pierre Millet : POESIES (extraits de La Draio - Ed Marsyas)

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Pierre Millet, initiateur de Marsyas avec S.A. Peyre, il était de ses majaoraux du Félibrige, que l'on peut regretter par l'esprit et par la plume.

Il nous envoie dans un monde différent, un monde de rêves, de soleil, dans le
réel que Mistral eut aimé, loin de "ceux quiu suivent" comme le dit si Bien Giono, dans la post-face de cet article.

Les symboles, la poésie, ne servent pas à faire des gourous, ni des adeptes mais des gens libres, des Fé-Libres des femmes & des hommes conscients!


Je me demande si ses courtes poésies pourraient être des Hai Ku ?

L'idée de publier du Pierre Millet, m'a été donnée par Michelle Craponne, amatrice de Fleur & de lengo Nostro, sa famille fut ami du grand poète, auquel nous redonnerons la parole...


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SOUTO VOUES

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Fau de pantai toujour nouvèu.
De bouco puro

Car n'es pèr iéu, la creaturo,
Qu'oumbro e simbèu.

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A VOIX BASSE

II faut des rêves toujours nouveaux
De bouches pures,
Car la créature n'est pour moi

Qu 'ombre et symbole.



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SAPIÈNCI

Ulisse barrulant sur la mar di Seren
o
Vouguè pas escouta la febrouso rumour
Mai pèr garda lou cor d'ome e l'amo sereno,
Se barrè lis auriho e regardè lou jour.

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SAGESSE

Ulysse, vagabond sur la mer des Sirènes

Ne voulut pas,écouter la fiévreuse rumeur
Mais pour garder le cœur viril, l'âme sereine,
Se boucha les oreilles et regarda le jour .



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DESERT

Ai sounja qu'anave eilabas

Dins L'er blu, trasparènt, que dindo,
Liuen dis ome, dins lis sablas,
Pivela d'Eternita lindo...

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DESERT

J'aî rêvé que j'allais là-bas
Dans l'air bleu transparent, qui tinte,
Loin des hommes, parmi les sables,
Fasciné d'Eternité limpide...




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PÈR JAN GIONO


Ai retrouva, mai urous que Vergèli,

— D'argelo, d'aigo, de lus e de vent, —
Li canèu esclapa dòu tèms
Que l'egipan fugué coucha pèr l'Evangèli.
Ieu cante lou vilage abandonna
Paradis di trimard, di serp, dis aubre
E mi pacan espeiandra,
Soun plus bèu que li dieu dins si linçòu de maubre.

Escoutarit l'aigo que s'estrasso i dur peirard
Ai sounja lou carage e lou pitre di fiho
Que caminon dins Verbo ounte l'eigagno briho
Emé tout l'uscle di mountagno sus sa car.

Siéu un bèu jour de la sant Jan d'estiéu
Que deliéuro li cor, e fai canta lis iero
E pastre d'un ave qu'on, pas vist avons iéu
Ai passa moun anèu au det brun de la terro.


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POUR JEAN GIONO


J'ai retrouvé, plus heureux que Virgile,
— D'argile, d'eau, de lumière et de vent, —
Les roseaux brisés dans les temps
Que l'egipan s'enfuit chassé par l'Evangile.
Je chante le village abandonné
Aimé des vagabonds, des serpents et des arbres
Et mes rustres déguenillés
Sont plus beaux que les dieux dans leurs linceuls de marbre.

Ecoutant l'eau qui se déchire aux durs cailloux
J'ai rêvé le visage et les seins nus des filles
Qui cheminent dans l'herbe où brille la rosée
Avec le hâle des montagnes sur leur chair.

Je suis comme un beau jour de la Saint-Jean d'Eté
Qui délivre les cœurs et fait chanter les aires
Et berger d'un troupeau inconnu avant moi
J'ai passé mon anneau au doigt brun de la terre.



1950

1 commentaire:

chauché a dit…

Pour vous et Pierre Millet dont j'ignorais tout :

" Eclats de la nuit,
Un regard.
J'embrasse sa transparence. "

mais aussi :

" Eclats du Fleuve,
Dans son regard.
Mirage des sirènes ? "

Bien à vous.

Philippe Chauché