mercredi 24 août 2011

Alan Broc : A propos de « Le folklore des pays d’oc » - Jean Poueigh 1976

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Chau dire que lou tìtoul enganabo : « Le folklore des pays d’oc » De Jean Poueigh, petite bibliothèque Payot, 1976.

En fait se tracho pas del folklore musicau mas del folklore al sens etimoulougique de « tradiciou poupulàrio ».

En réalité l’auteur fait de fréquentes comparaisons avec les Basques et les Catalans, et parle de tout le sud français.

Quelque soit le sujet, agriculture, artisanat, proverbes sur les saisons et les jours, les langues d’oc, catalane et basque sont abondamment citées,

L’auteur a seulement ajouté quelques accents graphiques pour aider les lecteurs franchimands notamment pour les diphtongues : àu, éu…

Acò’s un lhibre de pocho de 255 paginos. Se lou troubat chas un bouquinisto, prengat-lou.


Ж


Un libre « à la marge »

J’avais donc 21 ans quand le livre est sorti et il ne pouvait guère m’intéresser à un âge où les grandes idées générales font plus rêver que l’évocation du quotidien.

Par ailleurs je m’intéressais à la langue et un livre en français ne me convenait guère, d’autant plus que ses citations, extrêmement nombreuses, ne m’auraient rien appris de la langue d’oc.


Mais justement, je me dis que quelqu’un du nord qui veut nous connaître mieux, ou un débutant en langue d’oc, y trouveront leur bonheur.

Chaque citation est traduite, et toutes ces paroles ont un grand charme.

Quelques extraits (j’enlève les traductions françaises aux citations d’oc, pour m’économiser)

Le vent (bént, vént, àuro) souffle où il veut et comme il l’entend : « Hénno, luo e bént cambion souén ».

Quelque soit la direction prise par lui, l’expression gasconne lou bént que béntouléjo signifie proprement que le vent vente. Le mistral (mistràu, maestral, magistràu) gouverne en maître le climat rhodanien.

Vent de terre, vént-terràu, il s’oppose au vent du large, vént-lar, vent de l’ouest, de l’Atlantique. C’est un grand vent de nord-ouest, un vent de bise, un vént que pellèbo, dont l’impétuosité draine la froidure sur les champs de neige des montagnes. On dit de lui qu’avec la Durance il gâte la moitié de la Provence : « Lou mistràu emé la Durènço gaston la mità de la Proubènço ». A ces deux désagréments, qui sont naturels et de tous les temps, on ajoutait autrefois le parlement : « Lou Mistràu, lou Parlomèn e la Durènço soun lei tres flèus de la Proubenço »…

D’après le moment où il entre on peut augurer de sa durée probable : « Quand lou mistràu se lèvo lou dilun, duro trés jour o un ; quand se lèvo lou dijòu, duro trés
jour o nòu. »

Dans la campagne provençale beaucoup d’habitations sont orientées selon l’aire du vent; et pour lui couper le souffle, arrêter son élan, on plante auprès des mas une rangée de cyprès en manière de palissade, uno léio de ciprès ou d’auciprès – cet arbre étant très propre à former des rideaux : “Li ciprès fan bèn càlo”. Vent de nord-ouest aussi, le cers, auquel l’empereur Auguste consacra un autel à Narbonne. Mari clar e cers escur, es de plèjo à cop segur. Le marin, vent de mer, vent du sud méditerranéen, fait sentir sa chaleur moite juste dans les Cévennes méridionales. “Lou mari es couqui, quand ris, trahis” Le marin, comme l’autan, mène toujours la pluie.

Dès qu’il commence à charrier, du front de mer à l’intérieur des terres, les nuages légers (nîvo, niboul) qui bientôt s’alourdiront en brumes gonfflées d’eau, le Cévenol remarque : “Es lou marin que dintro”, et répand ses vapeurs, et gémit et se lamente, et finit dans un torrentueux ruissellement de pleurs. Quand le Marin souffle sur la rosée, il s’ensuit fort tonnerre ou grande gelée: “Marin sus la rousàdo, gran tron o grand gelàdo”.

Que le vent marin souffle d’Espagne ou de Grèce, la pluie vient toujours à sa suite :
“Mari espagnol, la plèjo al col, mari grèc, la plèjo al bèc”.

Lépithète de blanc accolée à son nom indique un vent sec et chaud : “Es lou marin blanc que boufo”.



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Les Pléiades ou les Sept-Chevrières ou la Poussinière sont dites las Sét Crabères ou la Clouquéte. Le Baudrier d’Orion est affublé de plusieurs noms : lou Rastèu, lis Ensigne, las Trés Bèrgos, lous Trés Bastous ou lous Trés Hustets ou lous Trés Bourdous. On le nomme aussi Bâton de Jacob et Bastoun de Jan-de-Milan en provençal, par allusion à un fabliau populaire.

......

Vénus, étoile du matin, étoile du berger, est appelée en Gascogne et en Béarn lou Luquet ou lou Lugra de l’àlbo ou dou pastou – c’est l’Aztizarra des Basques – et en Languedoc, Lou Lugar de l’àubo ou dau pastre, parce qu’elle éclaire l’aube ainsi qu’une lampe vermeille suspendue à la voûte du ciel: “Lou Lugar se lèvo !” dit le pâtre en la voyant paraître à l’heure où il sort le troupeau; et quand il rentre ses bêtes, brille la même Vénus, étoile du soir dénommé Estello di Meissouniés, car elle annonce aux moissonneurs la fin de la journée.

Vénus, la Bello estello, porte aussi et toujours en Provence le nom de Magalouno. Les amours de Maguelonne et de Pierre de Provence ont été narrées au long d’un vieux roman attribué à Bernard de Tréviers, chanoine.



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Quand avio quinge ons inquèro, en Velai, festejabou Paschos ammé d’efonts que chantabou : “Dounat, dounat-nous d’iòus, mèstre e muestresso...”

e sarion estats plô decebuts se nous aviou beilat d’iòus coumo dien la chansou e pas de pastilhos e de troçs de choucoulat !

Lou lhibre parlo de coustumos d’aquelo meno, mas al moument de nadau.

“La Nativité étant la fête de l’enfant-Dieu, les petits quêteurs recherchaient les habitations où vagissait un enfant nouvellement venu au monde. Naguère encore, ceux de la région d’Oloron (64) couraient par les rues en lançant l’invocation sacramentelle à la fumée : “A hum ! à hum ! à humàlhos !” souveraine contre les sorcières, jeteuses de sorts sur les nouveaux-nés. Et ils réclamaient des pommes, des noix, des châtaignes surtout, appelées pour la circonstance eras iròlos ou nadàbos de Nadàu.

Aux personnes qui avaient généreusement donné, ils souhaitaient longue vie pour l’enfant : “Bisque !” était la sentence prononcée en sa faveur; “Crèbe !” l’anathème prononcée contre les autres.”





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