Les "Suds" eurent leur Reine, une "vraie" méditerranéenne au sang chaud!!!
LA REINE JEANNE
JEANNE 1 re, comtesse de Provence, reine de Naples, de Sicile et de Jérusalem, était l'arrière petite-nièce de Saint Louis et la petite-fille du roi Robert si justement nommé le Sage, dont un mémorialiste de l'époque, Villani, assura qu'il fut plein de sens naturel et de science, illustre maître en théologie et excellent philosophe, nécromancien fameux, riche enfin de tous les talents et de toutes les vertus. Pour notre Jeanne malheureusement, cette hérédité combien enviable! S'inscrivit sous la forme d'un zéro. Elle n'était guère intelligente; elle n'avait ni instruction ni culture; elle ignorait le latin indispensable à la rédaction et au contrôle des actes publics; et ce qui reste à souligner, puisque ce fut le principal, elle était parée des grâces les plus lascives, brûlant de tous les feux de la chair et la cuisse aussi légère quela cervelle. Sans compter les amants qu'elle savait choisir d'une œillade impérieuse parmi les jeunes seigneurs de sa cour, elle consomma tour à tour quatre époux, tenant ainsi avec chacun d'eux le rôle d'une mante religieuse couronnée.
Le premier, son cousin, André de Hongrie, lui fut imposé par une décision politique de son grand-père, qui fit célébrer leur mariage à Naples, quand ils n'avaient lui que sept ans et elle, neuf. Qu'attendait-elle déjà de leurs Jeux d'enfants, petit mari et petite femme ? Tout. Elle n'eut jamais rien ou presque de cet ourson des Carpates, qui s'enragea de n'être que prince consort et qu'elle prit de plus en plus ça horreur. En 1343, quand à la mort de l'aïeul elle monta sur le trône, elle n'était encore que dans sa dix-septième année. En 1345, elle venait d'atteindre sa dix-neuvième, lorsque dans leur résidence estivale d'Aversa, le n° 1 fut étranglé de nuit, à la porte de la chambre conjugale, par l'escouade de ses favoris. Le moins qu'on puisse dire, à sa charge comme à sa décharge, c'est que, si elle n'ordonna pas, elle sut et elle profita.
Sur ses vingt et un ans, elle s'adjugea son n° 2, un autre de ses cousins d'une branche rivale, Louis de Tarente, un superbe oiseau de proie, dont elle avait été la maîtresse du vivant d'André et qui était sûrement du parti des assassins. Après quoi, craignant le pire, comme le roi Louis de Hongrie, impatient de venger la mort de son frère, descendait avec ses troupes sur Naples, elle ne trouva son salut que dans la fuite, s'embarqua clandestinement pour la Provence et, après avoir essuyé une terrible tempête, arriva saine et sauve à Marseille, où son premier soin fut de confirmer tous les privilèges de la ville, précaution qui lui valut un accueil triomphal des habitants. Ensuite, il y eut l'étape d'Aix ; mais là les barons du pays, plus méfiants et un peu moins emballés que les gens de Marseille, commencèrent par une opération de chantage et, tout en lui prodiguant toutes sortes de marques d'attachement et de respect, ils la retinrent prisonnière dans son palais comtal jusqu'à ce qu'elle eût juré de ne jamais rien aliéner de la Provence et de n'y nommer que des fonctionnaires indigènes. Libérée sur cette promesse qu'elle était bien décidée à ne pas tenir, elle parvint au terme de son voyage, Avignon, alors décimé par la peste noire. Là, après avoir obtenu du pape Clément VI une absolution tacite pour le meurtre de son premier mari et la dispense canonique pour son mariage avec le second, comme elle avait grand besoin d'argent pour rentrer à Naples, elle en fut réduite à vendre sa bonne ville d'Avignon pour quatre-vingt mille florins d'or. Par bonheur pour elle, le roi de Hongrie s'était fatigué en route et avait dû renoncer à son expédition punitive. Mais le n° 2, Louis de Tarente, se montrait aussi désagréable et encore plus autoritaire que son prédécesseur. Par une série d'intrigues et de violences, il réussit à priver la Reine de tout pouvoir effectif et à régner à sa place. En 1362, ce fut encore une chance pour Jeanne, quand il mourut pour s'être refroidi dans l'eau de son bain.
La même année — c'est dire combien le veuvage fut bref! — l'insatiable s'offre son n° 3, un gigolo de haute futaie, Jacques d'Aragon, roi de Majorque, plus jeune qu'elle de onze ans et beau comme un Adonis; ce dont avec son tempérament elle ne pouvait que se réjouir; mais il était en proie à des crises de frénésie épouvantables, à tel point que pour s'en débarrasser elle l'envoya finir ses jours à la conquête des Baléares.
De nouveau veuve en 1375, elle eut son quatrième numéro en la personne d'un vieil et solide condottiere allemand, Othon de Brunsvvick. Sans héritier direct pour assurer sa succession malgré tant de coucheries, elle commit l'imprudence d'adopter le duc d'Anjou, Louis, frère du roi de France Charles V, aux dépens de son neveu, Charles de Duras qui, dans sa fureur, rassembla une armée hongroise avec laquelle il s'empara de Naples en 1381. La malheureuse Jeanne s'y trouva prise, à sa merci, comme dans une ratière. Internée dans un château des Apennins, elle fut livrée à quatre bourreaux magyars qui, pour venger le meurtre d'André de Hongrie, l'étouffèrent, après lui avoir lié bras et jambes, entre deux édredons; digne fin d'une souveraine qui avait toujours préféré les plaisirs du lit aux devoirs du trône.
Son règne, rempli de sang, de luxure et de sottises, fut un désastre pour la Provence perpétuellement livrée aux factions des seigneurs en révolte, à la guerre civile et aux ravages des Grandes Compagnies, ces corps francs de Gascons, d'Anglais et d'espagnols qui, pillant, tuant et violant, répandaient partout la misère, la panique et la mort. Or, malgré une telle accumulation d'aventures scabreuses et de fautes politiques, si invraisemblable que paraisse la métamorphose, cette Jeanne se détache, s'élève et resplendit avec F auréoler dans notre folklore, de toutes les séductions et de toutes les vertus d'une princesse de conte de fées. Belle, héroïque, juste, pieuse, bienfaisante, protectrice du Gai Savoir et Présidente — l'expérience ne lui manquant pas! — des plus brillantes de nos Cours d'amour, elles n'aurait vécu que pour assurer le bonheur des Provençaux et en être adorée. Les souvenirs de son libertinage ont bien laissé, ça et là, des traces comme dans le dicton : « Acô es la puto Jeanne ; lou darié la gagno ». « C'est la, P...Jeanne; le dernier la gagne ».
Mais ce ne sont que minces et imperceptibles bavures à côté du rôle sinistre de vamp qu'elle joue dans la légende napolitaine; et si dans les rues chaudes d'Avignon, d'Arles ou de Marseille, une ou deux maisons trop accueillantes en firent jadis leur marraine, comme il advint aussi à Madeleine et à la très chaste Laure, tout cela ne pèse pas beaucoup en face du nombre incalculable de palais de châteaux, de donjons, de calvaires, d'aqueducs, de puits, de fontaines et taême de caraires, ces chemins réservés à la transhumance qui, de nos joura encore, portent son nom en témoignage de ses libéralités. On se gardera d'oublier, aux Baux, le Pavillon intitulé de la Reine Jeanne, mais élevé par une Jeanne de Quiqueran en 1581, et, où Mistral a voulu prendre le modèle de son tombeau. Et puisque Carpentras s'enorgueillit de ses berlingots, Aix, capitale historique de la Provence, ne pouvait faire mieux que d'offrir aux gourmands du monde entier les calissons de sa reine. Jusque dans la pâtisserie, la voilà à l'honneur! On ne s'étonnera donc point que le maître de Maillane, en lui
consacrant une tragédie d'ailleurs manquée, ait tenu à prendre le relais d'une de nos plus complaisantes traditions et se soit ainsi expliqué dans sa préface :
"La reine Jeanne appartient à un groupe défigures historiques, telles que Caïus Marius, Ossian, le roi Arthur, le comte Raimon de Toulouse, notre bon roi René, la duchesse Anne de Bretagne, Roland, le Cid et autres, auxquels se rattachent dans la mémoire populaire les légendes héroïques, les traditions de la race, les monuments mystérieux... La belle Jeanne est pour nous Provençaux ce que Marie Stuart est pour les Écossais : un mirage d'amours rétrospectives, un regret de jeunesse, de nationalité, de poésies enfuies".
Mais comment cette Reine, malgré sa réputation exécrable et pour la plus grande part trop bien fondée, a pu et peut encore jouir en Provence d'une aussi paradoxale popularité, alors qu'elle n'y a séjourné que quelques mois et que, dès son retour à Naples, elle s'empressa, parjure à son serment, de révoquer les franchises qu'elle ne nous avait accordées que sous la contrainte?
Un historien éminent, Emile Léonard, dont les travaux ont enfin établi irréfutablement la triste vérité sur Jeanne 1 re, a suggéré avec beaucoup d'esprit et de finesse qu'il s'agirait d'un cas psychologique pareil à celui de M. Perrichon. Quand elle fuyait le courroux du roi de Hongrie, ce sont des galères provençales qui vinrent la recueillir dans le golfe de Naples; ce sont les Provençaux qui lui offrirent alors un refuge et un asile; les Provençaux encore qui, tout au long de ses épreuves, lui restèrent fidèles et de leur mieux lui portèrent secours. Finalement, toute la gloire qu'ils s'étaient acquise en lui rendant de tels services, et dont ils s'estimaient d'autant plus fiers qu'elle les mériterait davantage, ils devaient généreusement la faire rejaillir sur leur royale obligée. Si son bref passage en Provence y laissa, pour reprendre l'étonnante formule de Mistral, l'éblouissement d'un météore, le roman de sa jeunesse, de son sex-appeal et de ses malheurs y fut sans doute pour beaucoup. Comme elle était partie pour ne plus jamais revenir, peut-être faut-il interpréter aussi cette transfiguration de son histoire comme une autre histoire de Princesse Lointaine : loin des yeux, près du cœur et par la suite notre mémoire collective, procédant à la toilette de ses souvenirs, fit tomber les oripeaux sanglants et les linges souillés de la reine Jeanne, pour ne garder que son sceptre d'ivoire, ses aiguillettes d'or et sa robe de velours blanc immaculée.
Le premier, son cousin, André de Hongrie, lui fut imposé par une décision politique de son grand-père, qui fit célébrer leur mariage à Naples, quand ils n'avaient lui que sept ans et elle, neuf. Qu'attendait-elle déjà de leurs Jeux d'enfants, petit mari et petite femme ? Tout. Elle n'eut jamais rien ou presque de cet ourson des Carpates, qui s'enragea de n'être que prince consort et qu'elle prit de plus en plus ça horreur. En 1343, quand à la mort de l'aïeul elle monta sur le trône, elle n'était encore que dans sa dix-septième année. En 1345, elle venait d'atteindre sa dix-neuvième, lorsque dans leur résidence estivale d'Aversa, le n° 1 fut étranglé de nuit, à la porte de la chambre conjugale, par l'escouade de ses favoris. Le moins qu'on puisse dire, à sa charge comme à sa décharge, c'est que, si elle n'ordonna pas, elle sut et elle profita.
Sur ses vingt et un ans, elle s'adjugea son n° 2, un autre de ses cousins d'une branche rivale, Louis de Tarente, un superbe oiseau de proie, dont elle avait été la maîtresse du vivant d'André et qui était sûrement du parti des assassins. Après quoi, craignant le pire, comme le roi Louis de Hongrie, impatient de venger la mort de son frère, descendait avec ses troupes sur Naples, elle ne trouva son salut que dans la fuite, s'embarqua clandestinement pour la Provence et, après avoir essuyé une terrible tempête, arriva saine et sauve à Marseille, où son premier soin fut de confirmer tous les privilèges de la ville, précaution qui lui valut un accueil triomphal des habitants. Ensuite, il y eut l'étape d'Aix ; mais là les barons du pays, plus méfiants et un peu moins emballés que les gens de Marseille, commencèrent par une opération de chantage et, tout en lui prodiguant toutes sortes de marques d'attachement et de respect, ils la retinrent prisonnière dans son palais comtal jusqu'à ce qu'elle eût juré de ne jamais rien aliéner de la Provence et de n'y nommer que des fonctionnaires indigènes. Libérée sur cette promesse qu'elle était bien décidée à ne pas tenir, elle parvint au terme de son voyage, Avignon, alors décimé par la peste noire. Là, après avoir obtenu du pape Clément VI une absolution tacite pour le meurtre de son premier mari et la dispense canonique pour son mariage avec le second, comme elle avait grand besoin d'argent pour rentrer à Naples, elle en fut réduite à vendre sa bonne ville d'Avignon pour quatre-vingt mille florins d'or. Par bonheur pour elle, le roi de Hongrie s'était fatigué en route et avait dû renoncer à son expédition punitive. Mais le n° 2, Louis de Tarente, se montrait aussi désagréable et encore plus autoritaire que son prédécesseur. Par une série d'intrigues et de violences, il réussit à priver la Reine de tout pouvoir effectif et à régner à sa place. En 1362, ce fut encore une chance pour Jeanne, quand il mourut pour s'être refroidi dans l'eau de son bain.
La même année — c'est dire combien le veuvage fut bref! — l'insatiable s'offre son n° 3, un gigolo de haute futaie, Jacques d'Aragon, roi de Majorque, plus jeune qu'elle de onze ans et beau comme un Adonis; ce dont avec son tempérament elle ne pouvait que se réjouir; mais il était en proie à des crises de frénésie épouvantables, à tel point que pour s'en débarrasser elle l'envoya finir ses jours à la conquête des Baléares.
De nouveau veuve en 1375, elle eut son quatrième numéro en la personne d'un vieil et solide condottiere allemand, Othon de Brunsvvick. Sans héritier direct pour assurer sa succession malgré tant de coucheries, elle commit l'imprudence d'adopter le duc d'Anjou, Louis, frère du roi de France Charles V, aux dépens de son neveu, Charles de Duras qui, dans sa fureur, rassembla une armée hongroise avec laquelle il s'empara de Naples en 1381. La malheureuse Jeanne s'y trouva prise, à sa merci, comme dans une ratière. Internée dans un château des Apennins, elle fut livrée à quatre bourreaux magyars qui, pour venger le meurtre d'André de Hongrie, l'étouffèrent, après lui avoir lié bras et jambes, entre deux édredons; digne fin d'une souveraine qui avait toujours préféré les plaisirs du lit aux devoirs du trône.
Son règne, rempli de sang, de luxure et de sottises, fut un désastre pour la Provence perpétuellement livrée aux factions des seigneurs en révolte, à la guerre civile et aux ravages des Grandes Compagnies, ces corps francs de Gascons, d'Anglais et d'espagnols qui, pillant, tuant et violant, répandaient partout la misère, la panique et la mort. Or, malgré une telle accumulation d'aventures scabreuses et de fautes politiques, si invraisemblable que paraisse la métamorphose, cette Jeanne se détache, s'élève et resplendit avec F auréoler dans notre folklore, de toutes les séductions et de toutes les vertus d'une princesse de conte de fées. Belle, héroïque, juste, pieuse, bienfaisante, protectrice du Gai Savoir et Présidente — l'expérience ne lui manquant pas! — des plus brillantes de nos Cours d'amour, elles n'aurait vécu que pour assurer le bonheur des Provençaux et en être adorée. Les souvenirs de son libertinage ont bien laissé, ça et là, des traces comme dans le dicton : « Acô es la puto Jeanne ; lou darié la gagno ». « C'est la, P...Jeanne; le dernier la gagne ».
Mais ce ne sont que minces et imperceptibles bavures à côté du rôle sinistre de vamp qu'elle joue dans la légende napolitaine; et si dans les rues chaudes d'Avignon, d'Arles ou de Marseille, une ou deux maisons trop accueillantes en firent jadis leur marraine, comme il advint aussi à Madeleine et à la très chaste Laure, tout cela ne pèse pas beaucoup en face du nombre incalculable de palais de châteaux, de donjons, de calvaires, d'aqueducs, de puits, de fontaines et taême de caraires, ces chemins réservés à la transhumance qui, de nos joura encore, portent son nom en témoignage de ses libéralités. On se gardera d'oublier, aux Baux, le Pavillon intitulé de la Reine Jeanne, mais élevé par une Jeanne de Quiqueran en 1581, et, où Mistral a voulu prendre le modèle de son tombeau. Et puisque Carpentras s'enorgueillit de ses berlingots, Aix, capitale historique de la Provence, ne pouvait faire mieux que d'offrir aux gourmands du monde entier les calissons de sa reine. Jusque dans la pâtisserie, la voilà à l'honneur! On ne s'étonnera donc point que le maître de Maillane, en lui
consacrant une tragédie d'ailleurs manquée, ait tenu à prendre le relais d'une de nos plus complaisantes traditions et se soit ainsi expliqué dans sa préface :
"La reine Jeanne appartient à un groupe défigures historiques, telles que Caïus Marius, Ossian, le roi Arthur, le comte Raimon de Toulouse, notre bon roi René, la duchesse Anne de Bretagne, Roland, le Cid et autres, auxquels se rattachent dans la mémoire populaire les légendes héroïques, les traditions de la race, les monuments mystérieux... La belle Jeanne est pour nous Provençaux ce que Marie Stuart est pour les Écossais : un mirage d'amours rétrospectives, un regret de jeunesse, de nationalité, de poésies enfuies".
Mais comment cette Reine, malgré sa réputation exécrable et pour la plus grande part trop bien fondée, a pu et peut encore jouir en Provence d'une aussi paradoxale popularité, alors qu'elle n'y a séjourné que quelques mois et que, dès son retour à Naples, elle s'empressa, parjure à son serment, de révoquer les franchises qu'elle ne nous avait accordées que sous la contrainte?
Un historien éminent, Emile Léonard, dont les travaux ont enfin établi irréfutablement la triste vérité sur Jeanne 1 re, a suggéré avec beaucoup d'esprit et de finesse qu'il s'agirait d'un cas psychologique pareil à celui de M. Perrichon. Quand elle fuyait le courroux du roi de Hongrie, ce sont des galères provençales qui vinrent la recueillir dans le golfe de Naples; ce sont les Provençaux qui lui offrirent alors un refuge et un asile; les Provençaux encore qui, tout au long de ses épreuves, lui restèrent fidèles et de leur mieux lui portèrent secours. Finalement, toute la gloire qu'ils s'étaient acquise en lui rendant de tels services, et dont ils s'estimaient d'autant plus fiers qu'elle les mériterait davantage, ils devaient généreusement la faire rejaillir sur leur royale obligée. Si son bref passage en Provence y laissa, pour reprendre l'étonnante formule de Mistral, l'éblouissement d'un météore, le roman de sa jeunesse, de son sex-appeal et de ses malheurs y fut sans doute pour beaucoup. Comme elle était partie pour ne plus jamais revenir, peut-être faut-il interpréter aussi cette transfiguration de son histoire comme une autre histoire de Princesse Lointaine : loin des yeux, près du cœur et par la suite notre mémoire collective, procédant à la toilette de ses souvenirs, fit tomber les oripeaux sanglants et les linges souillés de la reine Jeanne, pour ne garder que son sceptre d'ivoire, ses aiguillettes d'or et sa robe de velours blanc immaculée.
Armand Lunel ;
"j'ai vu vivre la Provence"
Fayard - 1962
Avec la permission de Mme Astruc sa Fille.
"j'ai vu vivre la Provence"
Fayard - 1962
Avec la permission de Mme Astruc sa Fille.
.
3 commentaires:
et elle leur valait des privilèges, prodiguait libéralités, sans en outre peser sur eux par sa présence. De quoi se faire aimer
Ah, un texte en Français sur la reine Jeanne !!!! Là tout de suite je suis un peu compressée par le temps, mais laisse moi 24h et je reviens lire tout cela et faire un autre commentaire plus "parlant" !!!
Bon d'accord, elle n'avait pas trop l'air sincère dans ses engagements pour les oublier aussitôt, mais comment peut on être certain de pouvoir la cataloguer "d'idiote" sous prétexte qu'elle ne savait pas lire le latin ? Érudit ne veut pas dire intelligent, mais cultivé ! Pour défendre à ce point ses propres intérêts, ,pour être une aussi fine stratège face surement à une horde masculine bien pensante, elle ne devait pas être aussi idiote que cela !
Et surtout, je m'insurge contre le fait qu'elle ait pu être cataloguée de "catin", sous prétexte qu'elle a été mariée plusieurs fois et qu'elle a eu de nombreux amants. Elle devait surtout être une grande amoureuse pour séduire autant d'hommes qui n'ont pas hésité à s'engager avec elle et son ouverture d'esprit face aux hommes démontre (jusqu'à preuve du contraire) à quel point elle était en avance sur son temps !
Je ne vais pas faire l'apologie de la reine Jeanne car je ne connais pas son histoire en détails (et puis de toute façon que sait on réellement de l'histoire qui doit se déformer avec le temps ?), je ne suis pas particulièrement fière qu'elle ait séjourné un peu à Avignon, mais même si c'est son statut de reine qui lui valait d'outrepasser certaines règles, je reste admirative de cette femme "moderne", en supposant que ce n'est pas elle qui a fait assassiner ses maris !!!
Enregistrer un commentaire