Pour ne pas digérer idiot, un pavé dans la mare linguistique : Ive Gourgaud : CABRO et CHABRO, Marsyas 2 commence bien l'année avec un morceau de choix !
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© Yves Gourgaud 2010
CABRO et CHABRO
On pourra être surpris de ne pas retrouver, dans notre répartition dialectale, l’« isoglosse CA- / CHA- » qui, dans la tradition linguistique héritée du XIXe sièclesépare le « nord-occitan » du « sud-occitan » : cette ligne court en effet à travers la Lozère (largement), le Gard et l’Ardèche (très localement). C’est qu’il se trouve que la réalité décrite par cette limite ne recouvre aucune sorte de conscience identitaire : en Cévennes pas plus qu’en Auvergne, on ne s’est jamais senti « nord-occitan » ou « sud-occitan », et les défenseurs de la réalité d’oc en Lozère et en Ardèche, fussent-ils les plus acharnés des occitanistes, se sont cassé les dents sur ce fait. C’est bien pour cela que le pharmacien Alibert, maître à penser de la linguistique occitane, a dû se résoudre à inclure l’ensemble de la Lozère dans son prétendu « dialecte languedocien » qu’il définit comme « dialecte du CA- », alors que les deux tiers des Lozériens disent CHA- !! Et d’autres occitanistes, confrontés à la même évidence en Ardèche, ont eu la même réaction : la Grammaire occitane (le parler bas-vivarois de la région d’Aubenas) de Bernard Moulin, publiée par l’IEO en 2006, a beau répéter la vulgate et tracer sur la carte de l’Ardèche la limite CA- / CHA-, les faits sont têtus et sur les 11 traits qui établissent l’originalité du « bas-vivarois », on en trouve 7 qui définissent tout aussi bien le cévenol d’Alès ! L’auteur d’ailleurs le reconnaît honnêtement, page 9 : son bas-vivarois « partage des caractéristiques importantes avec le languedocien, et plus particulièrement avec le languedocien cévenol ». Avant lui, le très mistralien Jules Ronjat avait eu les mêmes difficultés à classer le Vivarais dans son beau schéma préétabli de « nord- et sud-provençal », et B. Moulin le cite : « l’ habitus général [des parlers bas-vivarois] donne à l’auditeur l’impression d’un languedocien avec CHA-, et l’essentiel de l’analyse confirme cette impression. » Ronjat établit aussi, selon Moulin, « un parallèle avec le gévaudanais, quant à cet aspect général de languedocien nord-occitan ».
On admirera au passage cette merveille de dialectique linguistique : le « nord-occitan » a été défini comme « parlers en CHA- » et le languedocien comme ensemble de « parlers en CA-», mais cela n’empêche pas Moulin et Ronjat d’avancer l’existence, en Vivarais, (et, avec Alibert, en Gévaudan) d’un « languedocien avec CHA -» ou « nord-occitan languedocien » qui ressemble fort à cet objet surréaliste, le « couteau sans manche auquel on a ôté la lame ». On voit à quel point une idéologie peut aveugler même les scientifiques les plus sérieux (Ronjat est de ceux-ci, et l’ouvrage de B. Moulin est une étude bien documentée). Pour notre part, nous estimons que le bas-vivarois n’est ni « languedocien » ni « nord-occitan » : il est tout simplement cévenol. C’est d’ailleurs la conclusion à laquelle arrive B. Moulin au terme de son étude typologique :
« En conclusion, il paraît légitime de considérer l’occitan de la région d’Aubenas comme du languedocien nord-cévenol »
Oublions les termes (contradictoires selon la propre pensée linguistique de l’auteur) de « nord » et « languedocien », et retenons l’essentiel : le bas-vivarois est du cévenol. On portera le même jugement sur les parlers gévaudanais qui nous intéressent : ni « auvergnats » ni « nord-occitans » ni « languedociens », mais simplement cévenols. Comme l’a bien pressenti B. Moulin (et même si son occitanisme l’empêche d’en tirer les conclusions pratiques), la ligne CA- / CHA- n’a aucun intérêt en domaine cévenol (et pas davantage en domaine auvergnat : Alan Broc l’a amplement démontré) : voila pourquoi notre étude laissera les CABRO brouter en paix avec les CHABRO.
On admirera au passage cette merveille de dialectique linguistique : le « nord-occitan » a été défini comme « parlers en CHA- » et le languedocien comme ensemble de « parlers en CA-», mais cela n’empêche pas Moulin et Ronjat d’avancer l’existence, en Vivarais, (et, avec Alibert, en Gévaudan) d’un « languedocien avec CHA -» ou « nord-occitan languedocien » qui ressemble fort à cet objet surréaliste, le « couteau sans manche auquel on a ôté la lame ». On voit à quel point une idéologie peut aveugler même les scientifiques les plus sérieux (Ronjat est de ceux-ci, et l’ouvrage de B. Moulin est une étude bien documentée). Pour notre part, nous estimons que le bas-vivarois n’est ni « languedocien » ni « nord-occitan » : il est tout simplement cévenol. C’est d’ailleurs la conclusion à laquelle arrive B. Moulin au terme de son étude typologique :
« En conclusion, il paraît légitime de considérer l’occitan de la région d’Aubenas comme du languedocien nord-cévenol »
Oublions les termes (contradictoires selon la propre pensée linguistique de l’auteur) de « nord » et « languedocien », et retenons l’essentiel : le bas-vivarois est du cévenol. On portera le même jugement sur les parlers gévaudanais qui nous intéressent : ni « auvergnats » ni « nord-occitans » ni « languedociens », mais simplement cévenols. Comme l’a bien pressenti B. Moulin (et même si son occitanisme l’empêche d’en tirer les conclusions pratiques), la ligne CA- / CHA- n’a aucun intérêt en domaine cévenol (et pas davantage en domaine auvergnat : Alan Broc l’a amplement démontré) : voila pourquoi notre étude laissera les CABRO brouter en paix avec les CHABRO.
Les lignes qui précèdent sont extraites de :
Yves GOURGAUD : GRAMMAIRE CÉVENOLE
4e PARTIE (LES DIALECTES) AIGO VIVO n° 77
Couleciu AISINO n° 8
Alès-en-Ceveno / Sant-Marti-de-Val-Galgo
Decembre de 2010
Yves GOURGAUD : GRAMMAIRE CÉVENOLE
4e PARTIE (LES DIALECTES) AIGO VIVO n° 77
Couleciu AISINO n° 8
Alès-en-Ceveno / Sant-Marti-de-Val-Galgo
Decembre de 2010
A retrouver aux ÉDITIONS POPULAIRES AIGO VIVO chez Yves Gourgaud, 56 avenue du 8 mai 30520 Saint-Martin-de-Valgalgues
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6 commentaires:
Le sentiment identitaire cévenol n'est en aucun cas une donnée linguistique. La limite linguistique ca/cha correspond justement à une composante identitaire assez rependue : les personnes des régions en -ca, souvent tirant vers la plaine, parleront de "gavòts" pour les habitants des montagnes qui eux parlent en -cha.
Le parler du Bas-vivarais a un nombre important de points communs communs avec le parler de la région d'Alès (en particulier au niveau du vocabulaire), mais encore davantage avec les parles du Velay, mais aussi du Rouergue et même de la vallée de la Tinée dans les Alpes Maritimes.
C'est indubitablement un parler languedocien septentrional en -cha, avec nombre d'influences orientales.
Coumo que siague charran be toutes delh meme biais, cadu' a nouostro modo, la nouostro lengo oucitano, que sa plaço es pas dins las batèstos esterlos delh net mès be per charrèiros e cado journ.
Réponse de Y.Gourgaud :
Vieille linguistique et gros sabots
Cher occitaniste « anonyme »,
merci de vous intéresser au débat d’idées et pour cela d’avoir fait l’effort de « mistralianiser » votre graphie occitane… car vous êtes bien un anonyme occitaniste. Je n’aime pas l’anonymat sur le net, synonyme de lâcheté : quand on a des idées à défendre, on le fait à visage découvert… mais passons, ce que j’ai à vous dire vaudra pour tous les occitanistes, anonymes ou non.
Occitaniste donc, par la forme : même déguisée, votre graphie sent encore l’occitan : un mistralien n’écrirait jamais « gavòt » avec un accent, comme vous le faites… Quant à votre « delh », ça pue la prétentieuse graphie occitane, c’est totalement étranger au mistralisme, si vous ne me croyez pas consultez le TDF à l’entrée « dóu », vous y verrez que quand il prononce (dey), un mistralien écrit… DEI. Passons là encore, je prends votre phrase en oc comme un hommage du vice à la vertu.
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Mais occitaniste, vous l’êtes surtout, hélas, par le fond. Que de contradictions chez vous ! J’en relève quelques unes :
Vous écrivez : la nouostro lengo oucitano, que sa plaço es pas dins las batèstos esterlos delh net, et vous écrivez ça en oc sur le net…
Vous écrivez : Le sentiment identitaire cévenol n'est en aucun cas une donnée linguistique, et tout de suite après vous affirmez que la limite linguistique ca/cha correspond justement à une composante identitaire !! Il faudrait savoir ce que vous pensez, avant d’écrire… D’autant plus que ces deux phrases contiennent des affirmations fausses. J’y reviendrai.
Mais auparavant, monsieur l’occitaniste anonyme, je vous avouerai ne pas apprécier outre mesure l’outrecuidance de votre style : en aucun cas d’un côté, indubitablement de l’autre, soit vous récitez bêtement votre catéchisme occitaniste, soit vous vous prenez pour un mandarin faisant le cours à des élèves soumis et admiratifs. Or apprenez, cher occitaniste, que dans les sciences humaines comme la linguistique, il n’y a aucune vérité établie une bonne fois pour toutes (« que sais-je » de Montaigne, vous connaissez ?), et donc jamais de savant qui pourrait imposer sa pensée à tous.
Votre attitude est d’ailleurs tout à fait conforme à ce que vous êtes, vous les occitanistes : des « savants » à la mode du XIXe siècle. La linguistique, alors, était la proie d’universitaires que le doute n’habitait guère, et si vous leur aviez dit que les peuples ont leur mot à dire dans le destin des langues et jusque dans leur nom, vous les auriez surpris et même peinés : quoi, nous les sarbonicoles, nous devrions écouter la racaille, le bas peuple ? Nous devrions nous plier à ses jugements ?? Quelle horreur !!
Vous en êtes restés à ce stade primitif de la linguistique, et c’est en cela que votre première phrase : Le sentiment identitaire cévenol n'est en aucun cas une donnée linguistique, ne peut faire illusion qu’aux yeux des primitifs comme vous, qui croient qu’il suffit de beaucoup de toupet pour créer des vérités éternelles. Donc je vous dis, moi, que le sentiment identitaire (cévenol ou autre) n'est en aucun cas une donnée linguistique dans la science primitive que vous pratiquez, je vous l’accorde volontiers. Mais par contre, pour la sociolinguistique du XXIe que nous pratiquons, nous (avec quelques spécialistes de renom international comme Philippe Blanchet), le sentiment identitaire est fondateur de la conscience linguistique d’un peuple. Et comme nous sommes, nous, des démocrates, nous considérons que le peuple est souverain en ces matières, et que le sentiment identitaire des Cévenols a été, est et sera une donnée linguistique à prendre en compte. Bien sûr, vous n’êtes pas obligé d’être un démocrate pour faire de la linguistique, vous pouvez même, n’est-ce pas, prendre pour modèle un nazi impénitent, mais ça c’est un problème qui est entièrement vôtre : le gouffre est ici béant, et ne comptez pas sur nous pour essayer de le combler avec quelque concession que ce soit.
Je suis encore en total désaccord avec votre seconde affirmation, qui veut que la limite CA/CHA soit « identitaire » : encore une autre contradiction, cher occitaniste ! Car si on vous suit, on se demande bien pourquoi votre maître à penser Alibert affirme que tout le Gévaudan (pauvre Heilibert, il ne sait même pas que le Gévaudan et la Lozère sont deux réalités différentes !!) est de « dialecte languedocien », alors que les deux tiers nord ont CHA et le tiers sud CA ?? Quant à votre découpage CA = plaine, CHA = montagne, allez voir un peu du côté du Vigan, si vous connaissez un peu les Cévennes…
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Vous écrivez ensuite que le parler du Bas-Vivarais a un nombre important de points communs avec le parler de la région d'Alès (en particulier au niveau du vocabulaire), mais encore davantage avec les parlers du Velay, mais aussi du Rouergue et même de la vallée de la Tinée dans les Alpes Maritimes. On voit que vous savez tout un tas de choses et que vous tenez à le faire savoir, alors à mon tour d’aligner les lieux communs :
Le mot cévenol PORTO a beaucoup de « points communs » avec l’occitan PÒRTA, l’italien PUORTA, le castillan PUERTA, le catalan et le portugais PORTA… on continue avec des centaines d’autres mots, ou on arrête les frais ? Vous voulez démontrer (et sans aucun exemple précis) que les « dialectes occitans » ont des points communs, mais vous venez de découvrir la lune : les langues romanes ont, toutes, beaucoup de points communs… et restent des langues bien différentes ! Cessez donc ce jeu puéril qui, là encore, ne fera illusion qu’aux yeux des ignorants.
Pour vous, donc, le cévenol est indubitablement un parler languedocien septentrional en -cha, avec nombre d'influences orientales. Vous rendez-vous compte que vous parlez un charabia incompréhensible à la plupart des gens normaux ? Je reviens sur votre « indubitablement », car seuls les esprits obtus pourraient accepter ça sans aucune preuve, et je vous rappelle que le doute, que vous chassez loin de votre pratique, est tout simplement le moteur de toute recherche scientifique. Votre « indubitablement » c’est celui de « la terre est plate, indubitablement », c’est la parole des inquisiteurs, des terroristes et des imbéciles (au choix, mais les options peuvent se combiner).
« languedocien septentrional » ? « influences orientales » ?? Non seulement c’est totalement obscur mais en plus ça n’a strictement aucun intérêt : là encore, vous en êtes restés à la vieille linguistique du XIXe pour qui une langue se réduit à une typologie, à une liste de caractéristiques que des savants ont établie bien au chaud dans leurs bureaux, et surtout très loin du bas peuple et de son affreux patois. Vieilles rengaines, vielle pensée, vieilles lunes que vous ressassez sans même prendre la peine d’expliquer, de convaincre, d’illustrer d’exemples concrets (« li fa vivènt », disait le positiviste Dévoluy , qui fut Capoulié du Félibrige et qui ne vous aimait guère). Vieille science du découpage de terrain en dehors du terrain et des hommes qui le peuplent et le font vivre : vous êtes donc persuadés, chers occitanistes, que le Vivarais sud est de « dialecte auvergnat », selon votre propre terminologie et vos propres classifications ? Vous êtes allés sur le terrain pour expliquer aux gens d’Aubenas ou des Vans qu’ils sont « auvergnats » ????
Quand on est à ce point coupé des réalités culturelles des langues qu’on prétend défendre, quand on montre un tel mépris pour les peuples qui les font vivre, alors bien sûr on est obligé de jouer les savants de cabinet (oui, il y a un jeu de mots que j’assume) et de fabriquer une novlangue (l’occitan) avec une graphie médiévale et une non-littérature, bref on est obligé, étant une secte, de se conduire comme une secte et de fantasmer le passé, le présent et l’avenir, avec au mieux l’arrogance de ceux qui se croient supérieurs, au pire la paranoïa de ceux qui, n’étant pas suivis par leur peuple (et pour cause), en veulent à la terre entière et aux méchants comme moi qui, par Marsyas interposé, viennent leur jeter à la face leurs quatre vérités.
Votre intervention était anonyme : la mienne est signée, et je vous conseille de donner votre nom si vous voulez continuer cet échange, car à Marsyas nous avons quelques valeurs que nous tenons du mistralisme combattant et que nous assumons sans aucune crainte.
Fait en Cévennes le 16 mai 2013.
Seuls le commentaires signés avec un nom lisible & une adresse mail valide (gardées secrètes à la généralité), seront publiés... quelques en soient leurs contenus, sauf pub grotesque & mercantile (en dehors de la sphère culturelle), annonces à caractères sexuel, raciste, voire politique ou attaque personnelle gratuite, en dehors d'une simple critique !!!
Voilà ... & nous publierons tout, il n'est pas de notre habitude de faire de la censure, la preuve un premier mail à ouvert un débat !!!!
Donc Mr Alan de la Voulte sur Rhone.. nous vous attendons avec plaisir, que vous vous dévoiliez.. & nous ne répondrons pas à d'autres messages ou insultes de votre part !!! Marsyas2 n'est pas un forum charivari !!
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