mercredi 28 avril 2010

Alan Broc : LOU VIROVENT - Ed Aigo Vivo




LOU VIROVENT


Les Editions Aigo Vivo sont mistraliennes (elles ne publient aucun texte « occitan ») et populaires : elles ne proposent que des livrets de présentation modeste mais de prix abordable (le prix maximum, qui avait été fixé à 7 Euro franco de port, vient d’être abaissé à 5 Euro : façon d’affirmer que la crise ne doit pas nous empêcher de produire et de diffuser nos cultures d’oc).

Ces éditions populaires veulent perpétuer une double tradition : chez nous, la littérature de colportage, qui jusqu’au XIXe siècle contribua très fortement à la diffusion de la culture au sens large ; et au Brésil, la Literatura de cordel (prononcez « courdèu » comme en provençal ; en cévenol, COURDEL signifie « fil » : au Brésil, les petites publications populaires se vendent exposées sur un fil, en plein air)

Mais la modicité des moyens n’empêche pas l’ambition ni la qualité, et les Aigo Vivo sont fières d’avoir publié de grands auteurs pour la première fois : c’est le cas des oeuvres provençales de Daudet, qui n’avaient jamais été réunies en volume, ou de l’ancêtre de la prose provençale moderne, un remarquable texte de Bouillon-Landais qui dormait depuis plus de 160 ans dans un numéro du Bouil-Abaisso, à Marseille...

Pour la littérature contemporaine, on ne présente plus la Majorale Peireto Bérengier, dont la prose provençale est toujours élégante et précise : elle a publié trois ouvrages à nos éditions (Une biographie de Jean-Henri Fabre ; une étude historique sur les Noëls provençaux ; un recueil de recettes de cuisine de Provence et des Cévennes)
Nous avons aussi publié le premier ouvrage du Pasteur Annie Bergèse, dont les remarquables poèmes provençaux sont accompagnés d’une double traduction : française et cévenole.
Pour la littérature cévenole elle-même, si ignorée de tous, nos efforts ont abouti à la toute récente publication des poèmes de Paul Deleuze, que tout éditeur de poésie serait fier de pouvoir présenter.
Dans le domaine de la prose, nous avons cherché à varier et à innover : après les proses, qu’on pourrait dire classiques, de Peireto Bérengier en provençal mistralien, voici que nous avons eu la chance de pouvoir publier le romancier Alain Broc dont LOU VIROVENT, n’en doutons pas, marquera d’une pierre blanche l’histoire de la littérature auvergnate.
La dernière prose littéraire d’Auvergne publiée en recueil remontait à... 1930 ; et encore s’agissait-il d’un texte en graphie occitane et en « langue » plus languedocienne qu’auvergnate : c’est dire qu’Alain Broc n’a guère eu de modèle sur lequel s’appuyer, et que son oeuvre ne ressemble à rien de ce qui avait pu être écrit jusqu’ici en Auvergne.
Quel est le secret de sa réussite ? Il tient en peu de mots : une langue parfaitement maîtrisée et que l’on sent authentique (et ça nous repose des farlabiques d’une littérature occitane qui se construit à coups de citations et d’emprunts au languedocien, voire au catalan) ; une trame romanesque simple mais efficace ; une écriture (graphie) mistralienne qui, tout en marquant nettement les particularités du parler cantalou de l’auteur, est d’une très grande facilité de lecture. Bref, Alain Broc possède toutes les qualités qui font un bon écrivain : le goût du style sans l’affectation, la netteté de la pensée et de l’expression, l’art de mener le lecteur d’un bout à l’autre de son récit sans l’ennuyer par des considérations oiseuses ou des pseudo-pensées philosophico-politiques à la sauce occitane.




Voici, en primeur pour les lecteurs de MARSYAS2, le début de ce beau texte :

Lou virovent indicabo lou Ploujau.

Guiral eimabo la pluèio. Troubabo que l’Auvernho èro pas jamai tant jinto coumo souto la pluèio, ammé si termes d’un verd encre, sabroundats, claufits d’aigo coumo d’espoungos. Per guel, aquelo aigo simboulisabo la richesso. Avio auzit soun paire qu’avio tirat un meissont numerot e qu’avio fach lou servìci en Tunisìo; avio auzit soun paire que li parlabo dei sicados d’alai. Amai avio agut de coulegos qu’aviou sirvit en Algerio; aquéssi d’aqui parlabou de « Oèds », de ribèiros que poudiou èsse grossos coumo la Marouno ou la quito Dourdounho, e que puèi despareissiou al cap de quaucos ouros sounque, en leissant pas que quaucos mèrcos d’umiditat al mié de la rouchaio. Aquéssi racountes de païs loundans, en lioc de lou faire pantaia coumo à tant d’àutri, l’aviou fach prendre counsciéncio de la richesso del Cantau maugrat sa paurièro aparento. Lou Cantalés èro un païs de vachos, e dounco de char e de lach, amai se la Salèr èro counegudo per èsse mai avariciouso que toutos lis autros enjos en tout acò.

Guiral avio n’auto razou d’eima la pluèio. Eimabo demoura soul. La pluèio fazio fugi lou mounde à la sousto di tieulats e guel demourabo soul en agacha lou cèu que li pissabo dissus coumo per li lava la caro e li defècis. Eimabo lei charraus que faziou de rivatèls alèro. Acò èro coumo se la naturo se lavèsso e lou cos e l’amo de toutos las pourcarios dis omes. Al souïlh i avio tout lou vilatge deforo à trabalha e à charra, ammé toutos lei groussanho e galejados nèicios que lis omes clantissou, glourious de sé en lioc de n’èsse vergounhous.... e que lei fennos se repetabou à souto-voutz en rifanhant coumo de piotos. Acò bessai lou machabo mai inquèro de veire lei fennos engourla lour feminitat en de talos baissesos.

De mounde de la familho e del vilatge lou tratabou de pretencious: « Es pas qu’un pacand coumo nousàutri, vai ! En qué te sirvis de faire l’abaiant ? »


Lou Virovent, rouman auvirnhat : un ouvrage de 48 pages : 5 Euro franco de port, à commander à

Aigo Vivo chez Yves Gourgaud
56 avenue du 8 mai
30520 Saint-Martin-de-Valgalgues

Règlement par chèque A L’ORDRE DE : Yves GOURGAUD

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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Cultivé "sûr", d'un caractère exécrable "sûr aussi" !