vendredi 30 mars 2012

David Le Gravissime : Le pianoforte

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Marie-Antoinette
au pianoforte




Le pianoforte
Éloge sonore et bilingue à la lenteur




par
David Le Gravissime





Toi tu jouais du pianoforte
Tu en jouais piano piano
Moi j’allais au cinématographe
Au lieu d’aller au taf
Et tu trouvais ça forte
Che non suonavi niente sul vivacissimamente
Ma ti piaceva molto l’andantino
E ti piaceva tanto l’adagio famoso
L’adagio che cantammo tante notte :

Chi va pianoforte va sano
Chi va sano va lontano
Invece chi va forte va alla morte
Toi tu jouais piano sur ton pianoforte
Moi j’allais au cinématographe

Sis rue du maréchal Philippe Leclerc de Hautecloque
Ce cinématographe un peu baroque
On y jouait des films noirs et blancs et muets
L’écran brillait des yeux de Lon Chaney
Moi par erreur j’étais rétif à la lenteur
À l’adagio famoso piano piano
J’étais jeune et beau comme Rudolf Valentino
Je voulais vivre vite et je tombais dans le panneau
Les mythes occidentaux s’exécutent allegro con moto
Mais le tempo du James Dean mène à l’accident tôt




Chi va pianoforte va sano
Chi va sano va lontano
Invece chi va forte va alla morte
Toi tu jouais piano sur ton pianoforte
Moi j’allais au cinématographe

Pour vivre en allegro je t’ai quittée sans dire un mot
Je t’ai laissée pianoter pianissimo
Un démarrage en trombe à la James Valentino
Le moteur a couvert ton adagio
Je ne l’ai regretté qu’après longtemps, carissima
Ton clavier refermé à tout jamais
Une mélodie douce, blessante, pas à pas
Une gravure à l’eau-fortissima

Chi va pianoforte va sano
Chi va sano va lontano
Invece chi va forte va alla morte
Toi tu jouais piano sur ton pianoforte
Moi j’allais au cinématographe

Toi tu jouais du pianoforte
Tu en jouais piano piano
Moi je buvais du bianco frizzante
Au cinématographe et tu trouvais ça forte
Che non suonavi niente sul vivacissimamente
Ma ti piaceva molto l’andantino
E ti piaceva tanto l’adagio famoso
L’adagio che cantammo tante notte





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2 commentaires:

Anonyme a dit…

Vraiment génial, ce texte. Rien lu de pareil depuis Pétrarque.

Anonyme a dit…

Vraiment géniale, cette chanson. Bien sûr, c'est moi qui l'ai écrite, mais ça ne m'empêche nullamente l'objectivité, che ?