HOMMAGE À SULLY-ANDRÉ PEYRE
(suite)
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Yves Gourgaud
Le numéro 379 de Marsyas (septembre 1961) ne présente qu’un seul poème de SA Peyre, mais ce sonnet est d’une grande profondeur, et nous fait penser à quelque tableau surréaliste à la manière de Dali ou de Delveaux, où l’esprit erre dans un paysage fait d’étranges absences, sous un « grand ciel de lambeaux et d’angoisses »…
ERIAN DINS UN PAIS ...
Erian dins un païs de pèiro preciouso,
Un abounde de gemo e pas proun de caiau,
Souto un cèu qu’avié mens de clarour que d'uiau,
De muraio de maubre, nuso, noun trihouso.
Erian dins un païs de dicho especiouso,
Emé trop d'esplendour, sèns simplige leiau ;
Meme li man qu'i pous tiravon li treiau
Avien mens d'aigo i det que de bago tihouso.
Li terrasso avien plus de pauso de pijoun,
Ni li palun trop clar de rano dins li jounc
Mai toujour aquéu cèu d'estrassamen e d'ànci.
Te disiéu : « Mounte fau cerca pèr èstre pais ? »
Debado bouscavian, dins la vuejo distànci,
De bauco emé de code, un escabot que pais.
Erian dins un païs de pèiro preciouso,
Un abounde de gemo e pas proun de caiau,
Souto un cèu qu’avié mens de clarour que d'uiau,
De muraio de maubre, nuso, noun trihouso.
Erian dins un païs de dicho especiouso,
Emé trop d'esplendour, sèns simplige leiau ;
Meme li man qu'i pous tiravon li treiau
Avien mens d'aigo i det que de bago tihouso.
Li terrasso avien plus de pauso de pijoun,
Ni li palun trop clar de rano dins li jounc
Mai toujour aquéu cèu d'estrassamen e d'ànci.
Te disiéu : « Mounte fau cerca pèr èstre pais ? »
Debado bouscavian, dins la vuejo distànci,
De bauco emé de code, un escabot que pais.
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Traduction : C’ETAIT DANS UN PAYS...
C'était dans un pays de pierres précieuses, profusion de gemmes , et trop peu de cailloux sous un ciel bien moins pur que déchiré d'éclairs, des murailles de marbre, nues, sans nulle treille.
C'était dans un pays de dires spécieux, avec trop de splendeur, sans simplicité vraie; les mains même, tirant sur les cordes des puits, avaient aux doigts moins d'eau que de bagues tenaces.
Plus de pigeons posés sur les terrasses hautes, de rainettes aux joncs des marais trop limpides, mais toujours ce grand ciel de lambeaux et d'angoisse.
Et te disais : « Où pourrons nous être paisibles ? » Mais nous cherchions en vain, dans la vide distance, les galets, l'herbe rêche où paissent les brebis.
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C'était dans un pays de pierres précieuses, profusion de gemmes , et trop peu de cailloux sous un ciel bien moins pur que déchiré d'éclairs, des murailles de marbre, nues, sans nulle treille.
C'était dans un pays de dires spécieux, avec trop de splendeur, sans simplicité vraie; les mains même, tirant sur les cordes des puits, avaient aux doigts moins d'eau que de bagues tenaces.
Plus de pigeons posés sur les terrasses hautes, de rainettes aux joncs des marais trop limpides, mais toujours ce grand ciel de lambeaux et d'angoisse.
Et te disais : « Où pourrons nous être paisibles ? » Mais nous cherchions en vain, dans la vide distance, les galets, l'herbe rêche où paissent les brebis.
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