samedi 22 octobre 2011

Tradition populaire Béarnaise : Lous sents yaqués - (Recoelhude per lou P. ABBADIE.)

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Lous sents yaqués

B'en èren bint ou trente,
Ay-las moun Diu!
B'en èren bint ou trente
De praubes pelegrîs.

S’en ban enta Sent Yaques
Per gagna paradis.

Quand houn au bord de l'aygue,
Lou mau-temps que-us a pris.

— Haram dîse ue misse
Au noum de Yèsus-Christ?

Mes nou-n hén dise nade
Permou de paga ardits.

Lou diable qu'ous arribe:
-L’û de bous déu mouri,

Si nou, per penitence,
Nou sourtirat d'aci.

Tirèn la courte-palhe
Sabé quoau déu mouri,

A l'Enfantoû d'Egypte
Lou sort que l'apari;

A l'Enfantoû d'Egypte
Be l'y calè mouri.

— Hèt-me, biéne lou prèstre,
Counfessa ‘m bouleri.

En disén taus paraules,
Lou prèstre arribe aqui.

A l'Enfantoû d’Egypte:
— Bostes pecats? si dit.

— Qu'èy tuat à moun payre
E à ma mayre aussi;

Ma joéne fiançade
Toustém que la-n bati.

— Oy, l'Enfantoû d’Egypte,
Grans pecats qu'as aqui!

— Troussat-me e ligat-me,
Yetat-me au grand baniu!

Très dies esté à Sent Yaques
Permè tous auts roumius.



(Recoelhude per lou P. ABBADIE.)



NOTE. — Ce dramatique récit, à la musique archaïque, est un des seuls de son genre que nous connaissions en Béarn. Certes, le folklore des autres pays en possède dont le thème est approximativement de la même inspiration, notre pièce est néanmoins caractéristique de la manière béarnaise et à ce point de vue, réellement intéressante. Nous serions heureux de savoir s'il existe, quelque part, un chant qui puisse lui être comparé.




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Traduction - Les Pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle
Ils étaient bien vingt ou trente, hélas! Mon Dieu! Ils étaient bien vingt ou trente pauvres pèlerins.
S'acheminent vers Saint Jacques pour mériter le paradis. Quand ils furent arrivés devant le fleuve le
mauvais temps les a surpris.
— Nous ferons dire une messe au nom de Jésus-Christ.
Mais ils n'en firent dire aucune parce qu'il fallait payer. Survient le diable (qui leur dit):
— L'un de vous doit mourir! Sinon, par pénitence, vous ne sortirez pas d'ici. Ils tirèrent la courte-paille pour savoir qui devait mourir.
C'est l'Enfant d'Egypte que le sort désigna;
et l'Enfant d'Egypte dut se préparer à mourir.
— Faites venir un prêtre, je voudrais me confesser.
A peine avait-il dit ces mots que le prêtre apparut. S'adressant à l'Enfant d'Egypte:

— Vos péchés? demanda-t-il.

— J'ai tué mon père et ma mère aussi; ma jeune fiancée, je la battais sans arrêt.

— Holà! l'Enfant d'Egypte, que voilà de grands péchés!

— Enveloppez-moi et liez-moi, jetez-moi dans le grand courant!
Trois jours fut à Saint Jacques avant les autres pèlerins
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(Recueillie par le R. P. ABBADIE.)

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