mercredi 2 octobre 2013

Yves Gourgaud : ELOGE D’OCCITANISTES




ELOGE D’OCCITANISTES



    Qu’on me comprenne bien : je ne fais pas l’éloge DES occitanistes (ce serait un comble dans un blog qui est occitan free), mais de CERTAINS occitanistes : ceux qui, justement, savent parfois faire abstraction de leur idéologie délétère pour offrir au public des textes authentiques, c’est-à-dire dans leur graphie d’origine. Voici trois exemples récents :
 
1) Le CIRDOC (Centre International de Recherche et de Documentation Occitanes) de Béziers est en train de constituer une formidable Bibliothèque virtuelle (OCCITANICA) où l’on peut découvrir un grand nombre de documents soit inédits (de nombreux manuscrits, tant en provençal qu’en gascon, auvergnat, etc.) soit rarissimes, comme la collection complète des revues mistraliennes LOU GAL (de Montpellier) ou RECLAMS DE BIARN E GASCOUGNE. Les documents occitans y sont en très petit nombre, en proportion de leur importance dans les Littératures d’oc : c’est très remarquable, car le CIRDOC et son site OCCITANICA sont, comme leur nom l’indique clairement, des organismes occitanistes qui utilisent exclusivement la graphie d’Alibert. C’est pourquoi j’incite très fortement les lecteurs de MARSYAS2 à aller consulter le site du CIRDOC et à entrer dans la bibliothèque OCCITANICA pour en découvrir les richesses (pour ma part, je consulte au travers de scribd.com, qui met en ligne les documents dès qu’ils sont disponibles : plus de 900 à ce jour !)
 
2) A Montpellier, la très occitaniste Claire Torreilles avait publié en 1982 (avec Raymond Huard) l’œuvre en oc du protestant républicain Pierre-Germain ENCONTRE, de Marsillargues : nulle part, et même pas dans les notes « Bibliographie et sources » on ne connaîtra le nom exact de cette œuvre, puisque TOUT est réécrit dans la graphie occitane alibertine dont Madame Torreilles était, dans l’Education Nationale, la plus acharnée des propagandistes (au point de vouloir me l’imposer, en contradiction avec les instructions officielles !). Profitons-en donc pour affirmer ici qu’Encontre n’a jamais publié une quelconque « Corsa de buòus », comme le prétend l’ouvrage occitaniste  (pages 14, 15 19, 23, 83, 242, 261, 267) mais bien «Una coursa de bioous ».

    Or, trente années plus tard, on retrouve la même C.Torreilles (avec François Pugnière) dans le même exercice d’édition d’un auteur d’expression cévenole : René Séguier. Et là, divine surprise : ni dans le titre (« Ecrire en Cévennes au XVIIIe siècle – les œuvres de l’abbé Séguier ») ni même en 4e de couverture dans la présentation de l’ouvrage, on ne trouvera le mot magique d’OCCITAN pour qualifier notre langue. Le chapitre consacré à l’activité linguistique de Séguier s’intitule, non pas « L’occitan des Cévennes », mais bien plus sobrement et justement « La langue des Cévennes ». Quant aux textes, ils sont tous donnés dans leur graphie d’origine, sans aucune trace de réécriture en patois alibertien. Quel chemin parcouru, et dans la bonne direction !
 
3) A Vendargues, aux portes de Montpellier, le Cercle Occitan de la ville s’apprête à éditer les œuvres du poète local Paul SABATIER, avec l’autorisation de sa petite-fille. Cet ouvrage porte un titre occitanisé, ce qui laisserait présager le pire : mais si les textes ont bien été réécrits en occitan, cette transcription ACCOMPAGNE les textes originaux au lieu de les remplacer, et le lecteur pourra donc non seulement profiter de cette graphie originale, mais aussi comparer cet original avec sa copie occitane, ce qui pourrait se révéler très intéressant. J’attends donc avec impatience la très prochaine parution de cette œuvre que je pressens de grande qualité. Là encore, on doit remercier des occitanistes pour leur respect de l’oeuvre qu’ils éditent.

    Certes, une hirondelle ne fait pas le printemps, et nous ne devons pas baisser la garde car l’occitanisme graphique continue de faire des ravages contre nos langues d’oc. Mais notre propre attitude de dénonciation (parfois en termes vifs, je le reconnais) de l’imposture graphique occitane commence à porter ses fruits, et sans vouloir jouer les mouches du coche, il nous semble que nous ne sommes pas pour rien dans ce nouveau rapport que certains occitanistes installent entre la langue véritable et leur propre pratique.
    

Qu’ansin siègue !



Ive Gourgaud, en Ceveno, otobre de 2013  



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