Alain Guttadauro, journaliste, prosateur, poète à ses heures. Il s'essaie aujourd'hui sur un thème qui est cher à son coeur & à son esprit. Grand lecteur de poésies persanes, il touche en plein la métaphysique de l'existence par ce texte profond sur l'être.
Naissance
Crépuscule testamentaire. Juste un petit sourire pour vous désoler de ma dé-existence. J’entre dans l’absence de ce que je fus. Une absence que vous habiterez comme bon vous semble. Prenez mon corps. Punaisez-le sur le mur de vos souvenirs ou encadrez-le dans un grenier abandonné. Appropriez-vous ma mémoire aussi. Dépoussiérez-la de temps en temps ou laissez-la moisir dans l’oubliette de vos cœurs. Faites ! Disposez du tout. Je ne veux plus rien savoir. Tout est vôtre. Tout ce que je fus est vôtre.
Nuit mourante. Ma vue accorde un ultime regard aux étoiles, tissées de fils d’or avec mes illusions. Au fin fond de cette nuit, j’aperçois l’autel de mon existence. A ses pieds, j’y dépose mes masques. Puis je m’allonge sur un lit d’apparats. Aussi nu que la vérité principielle. L’inaudible me recouvre de son manteau d’Hermite. Et je m’endors sur l’oreiller de la multiplicité de ce que j’ai été.
Aube naissante. J’ouvre les yeux. Mon cri de nouveau-né scelle définitivement hier. Emoi. Je suis vrai. Je m’éveille à moi. Et en moi, le tout s’éveille. La réponse n’est plus « qui suis-je ? ». La question est : « je suis ! ».
mars 2009
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire