mercredi 18 mars 2009

Fé - libre : indépendant...

CATECHISME DOU BON FELIBRE
(extrait)
-
Qu'es lou Felibrige?
- Es l’amo di Nacioun latino.
- Que vòu lou Felibrige?
- Vòu l'unioun de tóuti li prouvinço, de tóuti li Nacioun dóu Mounde latin, souto l'Estello di sèt rai.
- Perqué?
- Pèr que lou Bèn triounfle dóu Mau; lou Bèu, dóu Laid; la Pensado de la Pèiro e dóu Metau; dins
qu'un mot: pèr que la Pouësìo fugue soubeirano sus touto causo!

Le Félibrige pâtit de deux choses :
- son inertie avérée qualifiée, dès les années 1930 par le Docteur Pansier de « mare félibre »,
- sa dérive tendancielle vers le nominalisme (1) du fait de la concurrence des chapelles.
Ces deux situations sont biens regrettables, mais que peut-on demander de plus à ceux que le Maître de Maillane, déjà, qualifia de « sa de garri » (sac de rats)... & qui comme tous les humains subissent l'air du temps.
A ce jour les acteurs des langues d'oc pour les plus jeunes ont 40 ans, les masses sont over 60 ; dans quelques chapelles que cela soit. Le mal n'est pas que là, il fallait malgré tout planter le décor. En fait pour parler d'avenir, il faut connaître son passé réel & pas son ou une idéologie.

Mistral ne fut pas un homme d'idéologies mais de traditions, il eut pu être tenté, en son temps, par le marxisme contemporain voire le monarchisme fédéraliste ou même la république, mais il resta à Maillane surtout il travailla sur l'exemplarité de son oeuvre, de sa tache en regard des grandeurs littéraires symboliques de l'antiquité Grèco-romaine. Qui plus que lui de son vivant fut statufié, non comme prophète ou comme dictateur des consciences, mais comme Homme à la « Foi Libre », une forme de libre penseur par l'exemple de la transmission orale & non par l'idéologie.
Mistral jouait & jouissait de cette gloire, par ces temps jacobins. Lui le fils des mas, lui le « poète », même le président de la république venait le voir à Maillane... pas l'inverse. Pourquoi?? Par peur ??? Peut être, mais pas par plaisir...
Depuis, qui en France eut une telle aura, tant dans le mouvement littéraire ou traditionnel voire dans le mouvement régionaliste??
Personne. D'ailleurs; à juste titre il ne s'est pas compromis avec quiconque du point de vu politique ou social sauf à Maillane tantôt royaliste tantôt républicain, mais là nous sommes plus dans la galéjade locale. Loin de lui les tendances à la collaboration, aux pactes de (types germano-soviétique ou avec l'occupant), loin de lui les compromissions catégorielles ou professionnelles. Et pourtant les mineurs se jetaient sous les roues du Train pour l'empêcher de partir de la Grand- Combe, plus de 10000 Personnes à une de ses arrivées à Montpellier, ne parlons pas des arènes d'Arles...
Et pourtant ce petit peuple du midi, fait pour la plupart d'illettrés, avait vu en lui, leur héros, leur héros antique... Il se permit le luxe, à juste titre, de ne pas soutenir les événements de 1907...
Alors, la télé ou la radio n'existaient pas, sinon il y aurait eu une chaîne Mistral & pas ¾ d'heures de « lengo nostro » en fin de semaine comme aujourd'hui... malgré que cela soit déjà quelque chose. Mais ne nous contentons pas du "moins" ou du" petit peu". De tout cela qu'en retenir, l'histoire même si elle bégayait ses mauvais moments, elle ne se répète pas. Attendre une réincarnation de Mistral est une expectative que je laisse aux adeptes des croyances orientales... Mistral ne fut pas imbu au point de croire qu'il fut une fin en soit mais plutôt un exemple à suivre, même pas un messie, cela est plus certain. Donc ne le mythifions pas mais suivons son idéal poétique.

Alors pourquoi Félibre Indépendant ?

D'un coup de « bringue » en mai 1854 l'on se positionne, parmi la multitude comme représentant, docte, d'une pensée???
Pour bien fixer ma réflexion, je n'ai rien contre le Félibrige, j'en suis, j'en suis fier & j'y resterai. Pourquoi une organisation quand c'est de l'oeuvre & de la responsabilité de chacun de faire avancer les choses ? Pourquoi vouloir donner ce sens académique qui n'en est pas un, voire cette fédération d'écoles et d'êtres qui sont un « sac », une « mare » ou un « monolithe » inerte & mou ?

Mon propos même s'il se fonde sur le passé & le présent, n'a que de vocation pour le futur.
Futur des consciences, liberté des esprit, foi en la liberté, & surtout indépendance des esprits... Ne pas essayer de mimer un centre de la pensée ou de la mode intellectuelle qui n'en est pas un. Les humains du sud de la Gaule, ont dans leur originalité & leur inconscient collectif, l'esprit de liberté en dehors du grégaire, qui est plus du fait de la germanité. Cet amour de la liberté a donné au monde, les Zola, Fabre d'Olivet, Jean Jaurès, & Combes,... qui ont fait la grandeur de notre pays mais aussi la ruine de leur « païs » natal en faisant d'un mode particulier d'être une règle commune, qui en se transformant pour la généralité, perd sa sève originelle.

Les pays de langues d'Oc n'ont pas eu besoins de Centres, de Noms, de Référants idéologiques. Seule la transmission orale du temps, la métaphore des mots & l'éclairage du soleil suffisent pour faire grand un peuple.
Les écoles, la doctrine, la chape du savoir anéantissent & nivellent par le bas, surtout soumettent la pensée, aux pensées uniques & liberticides : Le livre ou/& la lettre contre l'esprit...
Le sud c'est la science, c'est l'art royal du mystère et de l'esprit, le contraire de la technique froide qui conduit à la soumission... Notre sud, notre lieu de vie, c'est le chemin de la naissance à la mort, c'est aussi le contenant qui est universel & non le contenu qui n'est que personnel & matériel...

Libérons nous du mal, de l'ignorance, que chaque Félibre, femme ou homme libres aient valeur d'exemple par leurs faits, actes et accomplissements.
Que la liberté & l'indépendance qu'ils insufflent dans leur travail, soit leur foi dans le futur et celui de leurs semblables.

Surtout que le Félibrige soit un lieu d'échange & non plus de confrontation pour avoir une cigale ou une pervenche, signes distinctifs de peu de chose à ce jour. Que les autres courants de la pensée des pays d'Oc ne soient plus pour leur paroisse mais pour le bien public & surtout l'intérêt général en se référant au passé sans pour autant le déifier, tout en oubliant la querelle obsessionnelle pour avoir quelques subsides ou pire quelques miettes d'un état méprisant.

Tous ces mots je les écris en souvenirs de notre cher Emile Bonnel qui par son travail exemplaire d'homme libre, doit avoir valeur d'exemple pour le futur... pour nous tous & surtout les futures générations.


Avignon 05/02/09 -  18/03/09

(1) qualifié récemment par A Costantini dans Li Nouvello de Prouvènço.

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