jeudi 24 juin 2010

Gilbert Thévenard : LES VIEUX DANS LE MEILLEUR DES MONDES

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Un texte qui se passe de commentaire !



LES VIEUX DANS LE MEILLEUR DES MONDES

Pendant mon sommeil, les images s’assemblèrent petit à petit et formèrent bientôt un songe qui m’envahit…

A partir de 75 ans, les hommes et les femmes étaient regroupés dans des camps de rassemblement appelés « Camps de ’Age d’Or ». Ils y bénéficiaient d’une vie commune, enrichie par des animations adaptées, le plus souvent imaginées par les intéressés eux-mêmes ou nourries par les souvenirs ou les expérience vécues et dont l’esprit pouvait souvent servir aux jeunes générations. Les frais de fonctionnement étaient réduits au minimum, grâce à un système de self-service géré par les intéressés : restauration avec régime de santé, lavage et entretien, les plus valides venant en aide aux plus anciens, spectacles communs par écran géant (branché en permanence sur TF1 afin d’éviter les disputes).

Il était possible d’être admis en « pré-retraite » à partir de 70 ans (plus tôt pour les chômeurs de longue durée) à condition qu’ils s’engagent à travailler dans les services communs du camp, au titre d’une « contribution de solidarité. » Les meilleurs d’entre eux pouvaient même accéder à des postes de confiance ou de responsabilité comme secrétaires, comptables ou surveillants, ouvriers d’entretien, voire « Papy-caporaux » pour les plus sérieux. Les services étaient gratuits, y compris la crémation. Cette solution était tout à fait conforme à nos possibilités budgétaires, les frais étant quasiment nuls compte tenu du self-système et de la mise à disposition par les bénéficiaires de leur retraite ou de leur éventuel pécule.

Par ailleurs, les recettes étaient abondées par un Fonds spécial alimenté par deux « télétons » annuels (un l’hiver, un l’été, le froid, la canicule). Les jours fériés étaient supprimés (d’ailleurs non adaptés aux diverses croyances ou non-croyances). Par contre étaient maintenus les anniversaires des armistices qui rappellent la valeur du sacrifice et l’on avait rétabli comme jour férié le 2 novembre, Jour des Morts, réunissant sans distinction tous nos concitoyens dans un esprit de solidarité et d’égalité. De sérieuses économies étaient réalisées, grâce à la suppression de l’aide à domicile et à la disparition de la surconsommation médicamenteuse.

Ainsi, nos Anciens n’étaient pas abandonnés, victimes de l’égoïsme de leurs familles, leurs permis de conduire menacés étaient devenus inutiles et ils pouvaient se consacrer sans soucis à une vie sociale bien méritée. Tout était au mieux dans le « meilleur des Mondes » et chacun avait le sentiment du devoir accompli…


Gilbert Thévenard,
2003-2010



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2 commentaires:

Brigetoun a dit…

bon, le tout est de ne pas atteindre 75 ans - plus beaucoup de temps

MATHILDE PRIMAVERA a dit…

Cela se passe de commentaire évidemment, mais j'ai quand même envie de dire "EXCELLENT" !
Malheureusement, je crains que cela ne soit pas exagéré, mais une sorte de "prophétie" ! Oups, j'ai commenté malgré moi, mais je suis du sud, j'ai la tchache !!!