dimanche 7 juin 2009

LOUIS-DIOGÈNE GUIRALDENC il y a 140 ans, poète montpelliérain

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A. Roque Ferrier grand connaisseur & mainteneur des choses du terroir clapasien introduit ce poète, mort très jeune. Il nous l'offre comme une gloire de la poésie languedocienne du XIXème à travers lui nous allons débuter un cycle spécial sur 19 ème montpelliérain tout au long de ce mois. Mais laissons la parole à A Roque-Ferrier pour les présentations, puis suivra une des 12 oeuvres de Guiraldenc, en "lenga nostra" : je cite "

LOUIS-DIOGÈNE GUIRALDENC : SA VIE ET SES POÉSIES LANGUEDOCIENNES ET FRANÇAISES

Celui dont on lira plus loin les poésies languedociennes est mort à Montpellier, le 23 octobre 1869, sans que personne, sauf peut-être deux ou trois amis, se soit douté de la perte que la philologie et la littérature des idiomes méridionaux faisaient en lui. Rien de plus triste, de plus navrant moine, que l'existence du pauvre poète: « Diogène Guiraldenc, veut bien me dire M. Barthélémy Martin, dans une note biographique dont je reproduis les lignes émues, naquit à Montpellier le 1er novembre 1840, dans une maison de la rue Argenterie, du mariage de Jean-François Guiraldenc, ancien sous-officier du-génie; plus tard petit marchand épicier, et de Marie-Marguerite-Josephine Couilougnion. La mort de son père le laissa presque sans ressources à l'age de onze ans. La mère du poète était une chétive créature, incapable de continuer les affaires de son mari et même de gagner sa vie de toute autre manière, elle se résignant à la misère.
La jeunesse de notre poète avait cependant résisté aux commencements de la maladie dont était atteint. Il se rétablit même assez bien, et se contenta de ses leçons jusqu'en 1863. A cette époque, voulant sortir d'une situation en somme fort précaire, il eut l'idée d'entrer dans l'administration des douanes, concourut heureusement et, après deux ans de surnuméradat (Ier février 1863-1°'' février 1865), fut nommé commis aux Peschiers (direction de Toulon). Le jour de cette nomination impatiemment attendue fut un jour de bonheur pour le fils et la mère, mais il devait rester sans lendemain . . Par une étrange fatalité, on persuada à Mme veuve Guiraldenc que le climat dés Peschiers serait contraire à la santé de son enfant et qu'il y succomberait infailliblement. Rien ne put vaincre ses aveugles terreurs. Guiraldenc, comprenant que la vie de sa mère dépendait de la résolution qu'il prendrait, donna sa démission.
C'étaient deux années perdues et une nouvelle carrière à trouver. Guiraldenc, âgé de vingt-cinq ans, ne savait quelle voie prendre. Pendant deux autres années, il végète, poussé vers des côtés divers par les personnes qui s'intéressent à lui. C'est ainsi qu'il traverse les bureaux du trésorier-payeur de l'Hérault, puis ceux delà maison de banque Tissié-Sirrus , où il devait rencontrer en M. Couiet le dernier contemporain de l'école de Tandon et des frères Rigaud. Il devint ensuite préparateur de M. Béchamp, alors professeur de chimie à la Faculté des sciences, et enfin secrétaire de M. Belin, professeur de rhétorique au lycée de Montpellier. Grâce à l'affectueuse bonté de M. Belin, Guiraldenc, qui se trouvait d'ailleurs dans le milieu qui lui convenait, reprit un peu confiance; mais ses espérances devaient être bientôt brisées. M. Belin mourait au mois de juin 1868, et le malheureux jeune homme resta de nouveau sans position et sans appui.
Un des meilleurs amis de ce maître regretté, M. Cambouliù, alors dans tout l'éclat de son enseignement à la Faculté des lettres de Montpellier, eut pitié de l'infortuné Guiraldenc et voulut se l'attacher en qualité de secrétaire. Le brillant professeur venait de fonder la Société pour l'étude des langues romanes, et il en espérait les meilleurs fruits. Guiraldenc se promettait également d'y trouver des éléments d'étude et de succès, lorsque la mort en décida d'une autre façon, aussi bien pour le maître que pour l'élève. Cambouliù tomba malade, et son état eut bientôt un tel caractère de gravité que Guiraldenc ne s'illusionna pas longtemps sur le nouveau coup qui allait le frapper. La mesure de ses déboires était désormais comblée : le mal qui le minait fit de rapides progrès, et il s'éteignit le 23 octobre 1869, à l'âge de vingt-neuf ans ). M. Cambouliù ne lui survécut que trois jours. La pauvre mère de Guiraldenc traîna, pendant près de deux ans, la plus douloureuse des existences, et ce fut dans un état de profonde misère qu'elle succomba à son tour, le 14 juillet 1871. »
L'existence de Guiraldenc fut donc faite tout entière de dévouement. filial, de sacrifice obscur et d'honnêteté. Ses poésies ne démentent rien des indications que M. Martin a bien voulu nous donner. Le cahier cartonné qui nous les a conservées est un in-8° de quatre-vingt-quatorze feuillets, à l'écriture fine, allongée, presque féminine, assez souvent semée de distractions de copie et d'involontaires fautes orthographiques. Point de titre. L'auteur, qui en cherchait un sans doute, a laissé pour lui sa première page à demi-blanche. Les poésies françaises sont au nombre de quarante-trois, et celles en montpelliérain de douze. Deux poésies latines et une pièce allemande attestent, en outre, l'étendue des connaissances linguistiques de Guiraldenc. L'inhumation eut lieu te 24 octobre 1869, au cimetière St-Lazare, n°1325,section R. S., n° 83.
" (Fin de citation).


A LA MOUNT-PELIEIRENCA


Soun friaudetas, soun propretas,
Las filhetas de Mount-peliè.


Filha de Mount-peliè,
A tus moun aumenage,
Mais me farà soufrage
S'à tus n'es pas pariè,
Se ma voues pot pas dire
couma t'aime, couma t'amire,
Couma de tus soui enclausit,
Entre que t'ai vist o ausit.

Las plumas das pavous,
Plenas de pampalhetas;
Tout l'or qu'à sas aletas
Portoun Ious parpalhous ;
La rosa tant aimada
Per sa fiolha embaumada,
Embé sa frescou dau matì,
De te veire podoun pati.

De que soun las bèutats
De las autras countradas ?
Jasiola, Arlesa, fadas,
Van be à tous coustats ;
Mais sies pus poulideta,.
Mais sies pus friandeta

Embé ton cors au molle fach,
Toun bèu cors pus blanc que lou lach.

Antau espeliguet
Dau dieu d'Amour la maire,
Quand la mar, per la traire
Au sòu, l'escoupiguet.
Amai, dins sa prestença,
leu n'ai pas la cresença
Que la dieussa agandissiè
A toun ped, ni mai quau que siè.

Atabé s'au Peirou,
Ou dessus l'Esplanada,
Te passeges parada,
Ta vista t'ai furou.
Lou.castel, las aleias,
Dau cop d'iol las mervelhas,
Aubres, pradets, me tocoun pau ;
Es tus toujour, tus que ie cau.

E quand, au bord dau Les
Mirgalhat de flouretas,
T'en vas, emb d'amiguetas,
Baroullà quauquas fes,
Dau rieu tu sies la fada
Lesta, escarrabilhada,
Que ven, per passa un moument,
Jougà dins l'aiga e dins lou vent.

Creada per l'amour,
Per l'amour acoutida,
Tant urousa es ta vida,
Que l'envege à moun tour.
Oi, ta bella persouna
Emporta la couronna
D'inmourtela amai de lauriè,
Car fas l'ounou de Mount-pelié.


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