vendredi 4 novembre 2011

petit dèj d'auteur à Sète : 22 octobre 2011 - Biju Café - autour du félibrige sétois & du parler de Thau

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Marsyas2 parmi les "vivants", aux halles de Sète quoi de mieux, un grand merci à MerCross pour son accueil, son bon repas & surtout ... son organisation !!!

Rendez-vous au printemps, au Biju Café, pour un autre épisode !!!


Pour illustrer ce moment & mieux qu'un compte rendu, les extraits d'un poème d'Auguste Fourès, célèbre Félibre audois de Castelnaudary, à propos du mythe de Marsyas.





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MARSYAS


de AUGUSTE FOURÈS


Prologue & conclusion
en guise d'illustration


Hôte des bois profonds emplis d'ombre et de nids,
Marsyas était fils d'Olympe ou d'Hyagnis,
Flûtistes phrygiens ; il naquit à Gélènes
Et venait, tout enfant, respirer les haleines
Des brises qui jasaient ainsi que des oiseaux
Et faisaient bruisser les blés et les roseaux.
Il dormait sous les rocs protégé par les Nymphes ;
Naïf, il écoutait les sèves et les lymphes
Couler, quand vient avril, dans tous les végétaux,
Poursuivait les bergers à travers les coteaux
Pour lutter avec eux et saisir leur musette
Dont il jouait ensuite à briser sa luette,
Tantôt morose et las et tantôt persifleur,
Chantant, questionnant insecte, pierre et fleur,
Donnant un libre cours à sa fougueuse verve ;
Il perfectionna la flûte de Minerve,
Et fit la flûte double aux accents variés ;
Sous les branchages clairs aux lierres mariés,
Prêtant l'oreille aux voix de la mère Cybèle,
Il jouait, imitait le doux agneau qui bêle,
Le cri du martinet, les joyeux gazouillis
Des pinsons, des linots cachés dans les taillis,
L'hymne du rossignol, l'ariette des merles,
Et le bruit de la source égrenant mille perles,
Et le ricanement du pivert et les chants
Qui s'élèvent toujours des forêts et des champs.
Enivré de refrains onomatopéiques,
Fier de son instrument et de ses bucoliques,
Il s'en vint défier le superbe Apollon.


(...)



De l'art vrai, franc et libre, ô martyr primitif !
Je te revois toujours saignant, écorché vif,
Quand je viens m'inspirer au sein de la nature,
Ta mère, ô Marsyas ! qui sans cesse murmure,
Pour les rêveurs émus et non, pour les méchants,
Les sons tristes et gais dont tu faisais les chants
Que ton souffle emplissait de vivante énergie
Et que garda longtemps l'antique liturgie ;
Lorsque j'ai trouvé l'ombre et la sereine paix
Aux penchants des grands monts, sous le feuillage épais,
Couché sur le gazon émaillé de pervenches,
Me laissant doucement éventer par les branches,
Quand le loriot raille et module à la fois
Une chanson, — j'entends ta flûte au fond des bois
Et son air amoureux qu'écoutent tous les êtres
Et semble par instants scander mes vers champêtres ;
Malgré les Dieux cruels qui me sont odieux,
Nos tristes immortels qui s'érigent en Dieux
Et tous les rimailleurs riant de ton martyre,
— Maître bucoliaste, ô fier et grand Satyre !
J'ai voulu te chanter en poëte du Droit,
Vers le saint avenir cheminant ferme et droit,
Guidé par la Justice et la Vérité nue,
Redisant des obscurs la chanson méconnue,
En frère des penseurs, des poètes errants
Dont la Muse est rebelle aux forfaits des tyrans !




Décembre 1873



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