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L'ASE E LOU LIOUN
AU PICHOT JAN MARTIN
Pèr faire una obra d'art, n'es pas un badinage,
Fau souvent de longs jours de joia ou de segren,
E veire trelusi dau celestial mirage
Lou rai que mena l'orne au gèni que lou pren.
Iéu, quand rimère l'Ase avièi cinquante ans d'âge !
Mes i'avièi tant bailat de civada e de bren,
Que, sans trop penecà, landèt au grand vilage
E pouguèt i' esbroutà lou ramèu felibren.
Tus, qu'as encara au nas lou lach que iépendoula,
Siès força pus adrech : dins un cop de craioun
As dessinât, pichot, un superbe lioun
Que t'aproumet déjà la glôria qu'assadoula.
Amai siègues, moun bèu, tout-escàs qu'un nanei,
Regarda sempre en naut, se vos grandi, Janet.
Lou 11 de Juliet de 1886
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L'ANE ET LE LION
AU JEUNE JEAN MARTIN
Pour faire une oeuvre d'art, ce n'est pas une plai-
santerie, — il faut souvent de longs jours de joie ou de
chagrin,, — et voir luire du céleste mirage — le rayon
qui conduit l'homme au génie qui s'empare de lui.
santerie, — il faut souvent de longs jours de joie ou de
chagrin,, — et voir luire du céleste mirage — le rayon
qui conduit l'homme au génie qui s'empare de lui.
Moi, quand je composai l'Ane, j'étais âgé de cin-
quante ans; — il est vrai que je lui avais donné tant d'a.-
voine, tant de son, — que, sans trop de peine, il parvint
à la grande ville — et put brouter le rameau félibréen.
Toi, qui as encore au nez la goutte de lait pendante,
— tu es bien plus adroit : d'un seul trait de crayon —
tu as dessiné, petit, un superbe lion,
Qui te promet déjà la gloire qui rassasie ; — et,
quoique tu ne sois, mon cher, à peine qu'un nain, —
regarde toujours en haut, si tu veux grandir, petit Jean.
Le 11 juillet 1886
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